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Eric Schnur, PDG de Lubrizol : « Nous voulons tout mettre en œuvre pour aider les Rouennais »
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Eric Schnur, PDG de Lubrizol : « Nous voulons tout mettre en œuvre pour aider les Rouennais »

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Venu à Rouen pour évaluer l’ampleur de la catastrophe et les mesures à prendre, après l’incendie du site rouennais le 26 septembre dernier, Eric Schnur, PDG de Lubrizol, assure la communauté rouennaise du soutien total de son entreprise et souhaite faire toute la lumière sur les circonstances du sinistre.

— Photo : S.C

« J’étais en visite annuelle sur le site de Rouen il y a un mois, c’était vibrant, plein de vie. Et à présent, je vois l’impact de l’incendie sur le visage de mes collaborateurs. Je me sens tellement désolé de ce qui s’est passé et des effets sur les gens ici. » PDG de Lubrizol, Eric Schnur est venu à Rouen évaluer l’ampleur de la catastrophe et les mesures à prendre, à la suite de l’incendie du site rouennais le 26 septembre dernier.

Le PDG du groupe, spécialisé dans la fabrication de produits additifs pour lubrifiants, a insisté sur sa volonté d’aider au mieux la communauté rouennaise : « Depuis 60 ans que nous sommes présents à Rouen, nous avons toujours été de bons voisins. Je sais à quel point l’impact de l’incendie a été fort sur les Rouennais et nous voulons tout mettre en œuvre pour les aider. Nous avons l’intention de continuer à être de bons voisins. »

Des aides pour les agriculteurs et les habitants

Lubrizol annonce mettre en place un dispositif opérationnel baptisé « Lubrizol solidarité » destiné à participer à la réparation des conséquences de l’incendie. Sont ainsi concernés les agriculteurs, dont les récoltes ont pu être touchées par des suies, ainsi que les habitants. « Nous nous sommes évidemment occupés de la sécurité sur le site et sommes très concernés par le nettoyage des dégâts occasionnés, car nous comprenons l’inquiétude des habitants. Nous voulons une transparence totale pour sécuriser cette zone », précise le dirigeant de Lubrizol.

Des mesures supplémentaires sont à l’étude par l’industriel, pour lesquelles « la population locale sera partie prenante dans les discussions, afin d’avoir une meilleure vision des besoins », assure le dirigeant de Lubrizol. Des premiers prélèvements ont été effectués sur 55 exploitations agricoles, à ce jour, en coordination entre les services régionaux du ministère de l’Agriculture et du ministère des Finances (DGCCRF).

Le sort du site Lubrizol de Rouen en suspens

« Dans cette communauté rouennaise touchée par l’incendie, il y a également les salariés de l’entreprise, auxquels je pense. C’est un peu leur maison qui a été détruite. Nous continuons à verser les salaires, certains travaillent à sécuriser le site de Rouen (une soixantaine, NDLR), d’autres sur notre site havrais, sur plusieurs sites temporaires dans l’agglomération de Rouen ou en télétravail (une vingtaine de salariés sont sans activité, NDLR) », explique le dirigeant de Lubrizol.

« Il faut que nous soyons 100 % certains de pouvoir opérer ici, à Rouen, de manière totalement sûre. »

Pour la suite, à la question de savoir si le site Lubrizol de Rouen pourra se maintenir dans l’agglomération après un tel accident, Eric Schnur pose plusieurs conditions, dont la sécurité du site : « Il faut qu’on soit 100 % certain de pouvoir opérer ici de manière totalement sûre. » Selon la direction du site rouennais, mis à part l’entrepôt de stockage parti en fumée, le reste du site est peu affecté par l’incendie, mais toutes les opérations sont suspendues.

Autre condition nécessaire pour le dirigeant, un important travail en coordination avec les autorités locales et nationales, afin de donner « des assurances ». Enfin, Eric Schnur insiste sur l’indispensable lien de confiance à renouer avec la population locale : « Ils doivent avoir confiance en notre capacité à opérer en sécurité. »

Eric Schnur, CEO monde de Lubrizol, et Frédéric Henry, président France de Lubrizol, sur le site industriel de Rouen le 5 octobre 2019 — Photo : S.C

Comprendre les raisons de l’incendie

Alors que l’enquête est en cours pour déterminer les causes de l’incendie du 26 septembre, et même s’il ne présage pas de son issue, le PDG de Lubrizol continue à soutenir la thèse d’un incident extérieur : « Pour être sûr de pouvoir opérer en toute sécurité, il est indispensable de comprendre la source et la raison de l’incendie. Bien sûr, nous attendons les résultats de l’enquête en cours, mais nos premiers rapports indiquent que l’incendie a été apporté de l’extérieur de notre site. On a besoin de connaître les résultats de l’enquête au plus vite, afin de nous permettre de mieux prévenir les incidents à l’avenir ». Une enquête qu’Eric Schnur estime « critique » pour l’avenir de la soixantaine de sites de Lubrizol installés dans le monde.

Traiter les pollutions

Près de 160 fûts de produits chimiques restent endommagés par l’incendie sur le site de Rouen, et continuent à dégager de fortes odeurs. Ceux-ci doivent être traités par Lubrizol. L’entreprise a fait appel à un spécialiste de l’élimination des déchets industriels. Un dispositif d’élimination a été validé par le préfet, sur la base de l’installation d’une tente fermée de 55 mètres de long sur la zone contenant les fûts endommagés. La tente sera reliée au dispositif pérenne du site pour l’élimination des émissions de mercaptan (utilisé comme traceur pour le gaz de ville, à l’origine d’un incident sur le site rouennais en 2013) et d’hydrogène sulfuré. « La tente est mise en fonction ce week-end et le traitement de ces fûts va démarrer la semaine prochaine », assure Eric Schnur. De plus, 15 hydrocureurs résorbent la nappe de boue issue de l’extinction de l’incendie. La nappe devrait être supprimée d’ici la fin de semaine, selon la préfecture.

« Il n’y a normalement pas de danger pour la santé. »

Suite à l’explosion de la toiture en fibrociment de la zone de stockage, une campagne de prélèvements est réalisée dans un rayon de 800 mètres autour du site. Les fragments de la toiture retrouvés aux environs du site, et parfois à distance, sont éliminés par des entreprises spécialisées, dont le coût et la mise en œuvre des opérations d’élimination sont « entièrement pris en charge par Lubrizol », précise la préfecture.

Rassurer la population

Selon le dirigeant de Lubrizol, les produits partis en fumée lors de l’incendie sont bien connus de l’entreprise et ne présentent pas de danger pour la santé. « Il y a eu beaucoup de fumées qui n’étaient pas bonnes à respirer après l’arrêt du feu. Mais nous avons une bonne connaissance de nos produits, issue de tests environnementaux et d’analyses toxicologiques, et le résultat de cette connaissance est qu’il n’y a normalement pas de danger pour la santé. »

Cependant, un programme de suivi environnemental et de la santé des populations va être mis en place. « Nous comprenons l’inquiétude des populations, mais nous avons une bonne connaissance de ces produits en cas de combustion et nous ne voyons pas de raisons d’avoir des inquiétudes sur la santé, insiste Éric Schnur. Mais bien sûr, nous allons poursuivre les tests pour rassurer la population. »

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