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Olivier Maubert (Robertet) : "Chez Robertet, tout notre business est basé sur la matière première"
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Olivier Maubert directeur de la division arômes "Chez Robertet, tout notre business est basé sur la matière première"

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Septième société mondiale dans le secteur des parfums et arômes, Robertet est leader dans les produits naturels. Lors de l’assemblée générale de la CCI Nice Côte d’Azur, Olivier Maubert, directeur de la division arômes, santé et beauté du groupe a fait le point sur la stratégie de sourcing du groupe concernant les matières premières.

Olivier Maubert, directeur de la division arômes au sein du groupe Robertet — Photo : Olivia Oreggia

Ex-dirigeant de L’Oréal, Jérôme Bruhat vient d’être nommé directeur général de Robertet (2 120 salariés, 30 sites industriels dans le monde, dont 900 à Grasse, CA 2021 de 606 M€), pourquoi ce choix ?

PDG jusqu’à fin juin, mon frère Philippe a en effet passé la main à un directeur général qui n’est pas un Maubert. Nommer pour la première fois une personne extérieure à la famille, c’est une révolution pour la société familiale et indépendante que nous sommes. Avec mes frères, nous sommes la quatrième génération, des membres de la cinquième génération sont déjà présents. Nous gérons aussi le groupe via une holding familiale. Néanmoins, il s’agit d’éviter peut-être une certaine "consanguinité". Nous avons été tellement trempés dans les produits que nous en sommes des experts mais nous avons besoin d’un regard extérieur. On attend d’un nouveau directeur général, des structures pour mieux asseoir tout ce que nous avons mis en place, toute cette connaissance, cette expertise. Venant de L’Oréal, Jérôme Bruhat est allé à bonne école.

Robertet est spécialisé dans les matières premières naturelles. Dans le contexte mondial actuel, comment sécurisez-vous vos approvisionnements ?

On ne fabrique aucun produit de synthèse chimique, nous ne sommes pas des chimistes. Nous sommes la septième société mondiale dans le secteur des parfums et arômes (derrière l’autre Grassois, Mane, NDLR), très loin des cinq premiers. En revanche, dans le spectre du naturel, nous sommes souvent dans le top trois. Le marché naturel est en pleine expansion jusqu’en Asie et en Amérique latine. Le seul moyen d’y répondre est d’augmenter notre capacité de sourcing. Tout notre business commence par la matière première. Nous sommes, je crois, la seule société du secteur entièrement verticale, c’est-à-dire que nous partons de la graine pour aller jusqu’au produit fini. Nous avons toujours essayé de diversifier au maximum les sites de production végétale. Dès les années cinquante, Robertet investissait dans les champs de roses en Turquie, puis en Bulgarie, à Grasse bien sûr ou encore au Maroc. Nous avons ouvert il y a deux ans dans le sud de l’Espagne un grand site d’extraction de fruits pour les produits alimentaires, en y attachant 200 hectares de culture bio en propre pour cultiver certains produits stratégiques qui pourraient arriver à manquer, comme la coriandre qui vient notamment de Russie et d’Ukraine.

Pour garantir nos approvisionnements, nous nous assurons aussi que nos fournisseurs, qu’ils soient agriculteurs à Madagascar, en Indonésie ou dans les Alpes-de-Haute-Provence, puissent continuer à produire pour nous, par des garanties de contrats à long terme.

Vous avez fait l’acquisition en avril dernier de la société britannique Omega Ingredients, spécialisée dans la création d’arômes et ingrédients naturels. Quelle est votre politique en matière de croissance externe ?

Racheter un chiffre d’affaires ne nous intéresse pas. Il y a trois points qui comptent pour nous : l’expansion internationale, l’innovation et éventuellement, les nouveaux marchés de produits comme cela a été le cas avec Omega Ingredients. Mais nous sommes des Méditerranéens, des Latins, et cela fait une grosse différence en la matière. Quand on s’est rapproché du grassois Charabot par exemple, cela a mis dix ans. Nous avons une approche très humaine. Quand des Anglo saxons viennent, ça ne se passe pas comme ça.

Vous vous êtes positionné sur la production de cannabidiol. Quelles opportunités voyez-vous dans le CBD ?

Robertet a été le premier à se lancer il y a cinq ans aux États-Unis. Quant à la France, elle est le troisième producteur de chanvre au monde, nous avons vu une possibilité de ressource intéressante. Nous nous sommes donc impliqués assez rapidement en essayant de créer une filière française. Pour faire du CBD, il y a plusieurs étapes : il y a d’abord l’accès aux fleurs qui elles seules contiennent du cannabinoïde (groupe de substances chimiques sécrétées par la plante de chanvre, NDLR) qu’il faut ensuite savoir traiter pour ôter le THC, le tétrahydrocannabinol, la substance psychotrope. Nous vendons déjà du CBD dans des solutions topiques, des crèmes, désormais autorisées. Il y a une filière française à développer, il y a des emplois. Nous y croyons beaucoup.

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