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Bougainville diversifie ses marchés à l'international 
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Bougainville diversifie ses marchés à l'international 

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La discrète Edition Bougainville, près de Cannes, s'est fait un nom dans l'univers ultra luxueux de la création et la fabrication de tapis et moquettes haut de gamme pour l'hôtellerie, le résidentiel ou le yachting. Mais avec l'appui de Sud Accélérateur qu'elle vient d'intégrer, elle entend accélérer sur d'autres marchés et dans d'autres pays.

Olivier Charles dirige Edition Bougainville, entreprise qu'il a créée en 2012 — Photo : Cyrille Martini

À l’instar de la mode, c’est de la haute couture que pratique Édition Bougainville. La PME (22 salariés, CA 2023 : 7 M€, avec une croissance annuelle de 20 %) implantée près de Cannes, créé et fabrique des tapis et des moquettes, essentiellement sur-mesure. Ainsi a-t-elle réalisé l’intégralité des moquettes du Carlton, palace de la Croisette refait à neuf après plus de deux ans de travaux, ou signé celles du Royal Monceau ou du George V à Paris. "L’hôtellerie représente 15 à 30 % de notre activité, précise Olivier Charles, dirigeant et fondateur de l’entreprise. Nous travaillons surtout pour les 4 et 5 étoiles mais aussi de plus en plus pour des trois étoiles." Bougainville évolue également dans l’univers du yachting et pénètre peu à peu l’aviation haut de gamme, mais la majorité de son activité (60 %) continue de se faire dans le résidentiel, via des architectes ou des décorateurs.

Un tapis de 1 500 m2 pour l'émir du Qatar

Elle vient par exemple de remporter l’appel d’offres du Provençal, mythique hôtel de Juan-les-Pins, qui doit rouvrir dès 2025 après 40 ans de fermeture et une transformation en résidence de luxe.

Mais pour de telles pièces, la clientèle se trouve essentiellement à l'international. L’année qui a suivi sa création en 2012, l’entreprise a ouvert un bureau à Dubaï d’où les commerciaux peuvent rayonner sur l’ensemble des pays du Golfe. Les tapis de Bougainville y habillent les sols de nombreuses résidences, jusqu’au palais de 65 000 m2 que l’émir du Qatar s’est fait construire pour la Coupe du monde de football 2022. "Nous étions les fournisseurs exclusifs et avons fabriqué 12 000 m2 de tapis et moquettes. Nous avons notamment réalisé un tapis hors norme, en termes de couleurs et de dimensions : 1 500 m2 soit 30 mètres de large par 50 mètres de long. Il pesait 9 tonnes une fois fabriqué, ce qui était intransportable. Il a fallu le couper en cinq morceaux pour le faire entrer dans un container maritime et avons dû ensuite envoyer nos équipes sur place pour le recoudre pendant deux mois. Il y avait aussi deux autres tapis de 1 000 m2 chacun, d’autres de 500 m2 ou 300 m2. Il aura fallu 18 mois de production. C’est un peu le projet d’une vie."

Le rêve américain

Depuis deux ans et la guerre en Ukraine, la PME doit composer sans une autre clientèle jusqu’alors importante : la clientèle russe. "Nous n'avons plus celle qui était présente sur la Côte d'Azur et nous ne commercialisons plus du tout de produits en Russie. Il nous a donc fallu nous réinventer au niveau commercial en nous redéployant sur d’autres marchés européens comme l’Allemagne, l’Espagne, l’Italie ou la Suisse, que nous traitions moins et où nous avons désormais implanté des agences."

A ce jour, Edition Bougainville adresse essentiellement les marchés résidentiel et hôtelier — Photo : Cyrille Martini

Bougainville devrait par ailleurs faire ses premiers pas en Chine où il a signé un contrat de distribution qui démarrera au second semestre de cette année.

Reste un pays de taille à conquérir : les États-Unis, "le plus grand marché dans notre activité", mais le rêve américain est "très difficile pour une PME européenne. Nous avons fait plusieurs tentatives mais il a ses propres règles, sa propre façon de fonctionner. Mais je ne perds pas espoir, cela reste un objectif." Olivier Charles compte en cela sur Sud Accélérateur pour lui ouvrir de nouvelles pistes. Le dirigeant vient d’entamer l’accompagnement de 24 mois prévu dans le programme régional d’accélération de la croissance des PME, avec Bpifrance.

Pas de made in France

De nouvelles pistes à l’international mais aussi en France où l'entreprise compte encore se renforcer. Après avoir ouvert un showroom dans le quartier de Saint-Germain-des-Prés, à Paris, début 2023, la PME prévoit l’ouverture de 600 m2 à Mougins en 2025, "pour nous ouvrir aux particuliers alors que nous sommes à ce jour exclusivement tournés vers le B to B".

Une clientèle qui viendra chercher chez Bougainville l'exceptionnelle créativité que lui permettent les sept designers qui œuvrent au sein de son bureau d’études, mais aussi "l’excellence, la haute couture à la française, qui implique un niveau d’exigence et qualité très haut de nos produits".

Plus de 70% des tapis et moquettes d'Edition Bougainville sont réalisés sur-mesure, mais de nouvelles collections sont créées chaque année — Photo : Cyrille Martini

Pour autant, aucun de ses tapis n’est made in France. Dessin à l’échelle, coloration des fibres de soie et de laine avec des pigments naturels (offrant 1 400 couleurs), nouage à la main sur le métier, ciselage à la main pour donner les effets de reliefs et séparer les couleurs, lavage à grande eau, séchage naturel au soleil… le processus de fabrication d’un tapis relève du travail d’orfèvre. Et c’est en Asie qu’il est réalisé. "Malheureusement, déplore Olivier Charles. Nous avons été obligés de localiser nos ateliers au Népal, pays qui se trouve sur la Route de la Soie. Plus personne n’est capable de fabriquer des tapis comme nous le faisons, comme à l’époque des manufactures royales, avec des lissiers. Ce savoir-faire ancestral s’est perdu en France et plus globalement en Europe."

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