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Expert de la mécanique de précision, EMM ne veut plus être seulement sous-traitant de l’industrie
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Expert de la mécanique de précision, EMM ne veut plus être seulement sous-traitant de l’industrie

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Spécialisé à l’origine dans la mécanique de précision, le petit groupe industriel EMM, basé entre Cannes et Grasse, poursuit sa diversification avec l’objectif de ne plus dépendre de la santé financière de ses clients mais de pouvoir à terme proposer ses propres produits et sortir de la seule sous-traitance.

Benito Pisani dirige EMM depuis 2008 — Photo : Olivia Oreggia

Benito Pisani avait repris EMM, spécialiste de la mécanique de précision, en 2008, en pleine crise. Depuis, il sait l’importance vitale de diversifier ses activités. Ce qu’il ne cesse de faire. "J’ai un nouveau projet de croissance externe, confie le dirigeant du petit groupe industriel (21 collaborateurs, 1,8 M€ de CA 2023). J’ai identifié une structure il y a un an, qui serait complémentaire des autres. Nous avons entamé des discussions avec le cédant. Mais pour l’instant, je me retiens, car nous n’avons pas encore conforté le rachat de Cytech. Nous sommes sur une belle courbe de croissance, mais il faut encore attendre une petite année. L’équipe doit s’adapter à de nouvelles procédures et organisations, il faut du temps."

"Un industriel enragé"

Benito Pisani a repris Cytech, bureau d’ingénierie spécialisé dans la caractérisation des matériaux, en 2022 à la barre du tribunal. Un dépôt de bilan entraîné notamment par un carnet de commandes entièrement dédié ou presque à un client unique : Thales dont dépendait 80 % de son activité. Depuis que l’entreprise a intégré le giron d’EMM, ce chiffre est descendu à 40 % et les clients se nomment désormais Thales Alenia Space bien sûr, mais aussi Ariane Group, Latécoère, Airbus, le CEA Cadarache ou encore le CNES pour qui il teste, dans des conditions réelles reconstituées, des petites métalliques qui seront utilisées pour déployer les panneaux solaires du véhicule qui sera envoyé sur Mars.

C’est cette dépendance que refuse à tout prix le dirigeant dont EMM "a failli couler en 2009". "Car nous étions monoclient, avec Thales Alenia Space et Thales Underwater Systems, et mono compétences, en ne faisant que de la mécanique", poursuit Benito Pisani. Ainsi a-t-il ajouté à son offre la tôlerie et la chaudronnerie avec sa filiale EMS, puis l’impression 3D, et avec Cytech, l’engineering matériaux. Il n’adresse donc plus seulement le spatial et la défense, mais aussi les arômes et parfums (pour Robertet ou Argeville), le BTP (pour Tama, Razel Bec, Triverio…), le nautisme, l’aéronautique, le nucléaire, l’automobile ou le ferroviaire. "Je ne suis pas un créatif, je suis un industriel enragé, explique Benito Pisani. Je suis à la recherche de productivité en permanence. Je mange productivité, je dors productivité, je vis productivité. Rigueur et productivité sont mes deux mots préférés !"

800 000 euros d’investissement

Au point de pousser la diversification plus loin encore en développant ses propres produits, en mettant à contribution les trois sociétés du groupe : un développement chez Cytech, une fabrication chez EMM avec le soutien d’EMS. "Il y a déjà beaucoup de synergie entre elles mais mon objectif est de ne plus dépendre de la santé financière de nos clients. Ce sont des activités en dents de scie que nous ne maîtrisons pas. Je ne veux plus être que sous-traitant et utiliser nos compétences pour nous-mêmes, même si cela ne devait représenter que 10 à 20 % de notre activité, cela permettra de la lisser sur l’année. Cela permettra de rentabiliser les structures, globalement d’augmenter la marge par rapport à de la sous-traitance et aussi d’apporter de la notoriété pour attirer du business complémentaire."

Pour se donner les moyens d’accomplir ces projets, Benito Pisani a lancé un plan d’investissement de 800 000 euros qui s’étale depuis deux ans, incluant le rachat de Cytech, l’acquisition de machines (300 000 euros, financés pour moitié dans le cadre de Parcours Sud Industrie 4.0) ou encore le déménagement d’EMS pour regrouper les activités en un seul lieu. Le groupe vise les 2 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2024.

Alpes-Maritimes # Industrie # Spatial # Aéronautique # Nautisme # Défense # Investissement industriel