« Je pense que l'Europe est la solution, et non le problème ». Voilà trois ans que le dirigeant prospecte à travers la Pologne en dépêchant des consultants. Une idée de son avocat, spécialiste de l'Europe de l'Est. Pour lui, le risque d'entreprendre dans ces terres froides était moins important et surtout plus excitant que de rester dans l'Hexagone. La prospection a démarré en 2012. Et pas par hasard : 2012 fut l'année du lancement de la brasserie de Tarare, mais surtout celle où la taxe sur la bière a subi une hausse de 160 %. Alors la Pologne, oui, mais où ? Kodz, Varsovie, Cracovie... Christophe Fargier avait plusieurs options. Le dirigeant a jeté son dévolu sur Katowice, proche d'une zone frontalière au sud-est du pays, 3,5 millions d'habitants, l'un des plus dynamiques centres urbains du pays et où la tradition de la bière y est forte. « Notre stratégie est d'installer un établissement phare en centre-ville puis de rayonner autour en ouvrant de plus petits établissements ».
Tapis rouge
« Cette ville nous a ouvert les bras ! » s'enthousiasme le brasseur qui ne tarit pas d'éloge sur la qualité de l'accueil réservé aux entrepreneurs. « En France en tant que patron de PME, poursuit-il, vous êtes considéré comme un emmerdeur. En Pologne, on nous a déroulé le tapis rouge. La mairie a même désigné un chef de projet qui se met à notre service pour nous faciliter toutes les démarches et faire tomber les difficultés les unes après les autres. Ici, investir une ancienne gare aurait été impossible, les architectes des Bâtiments de France auraient mis des freins à chaque étape. En Pologne, c'est l'inverse, l'architecte est ravi de voir d'anciens bâtiments être rénovés et participe même financièrement à cette réhabilitation ». D'ailleurs, l'ancienne gare qui n'accueillera pas que le Ninkasi sera entièrement réhabilitée car la Société des chemins de fer Polonais a organisé une consultation auprès d'équipes d'investisseurs privés qui ouvrira sur un partenariat public privé. Ainsi le Ninkasi a conclu un accord avec Likus, un groupe spécialisé dans les magasins de luxe. « Likus paye la réhabilitation de l'ensemble de la gare, façades, menuiseries, toiture pour 3 à 4 millions d'euros et nous nous chargeons de l'aménagement intérieur à hauteur de 2,5 millions d'euros environ pour 2400m², équivalent au Ninkasi Gerland. « On partage les risques : notre loyer sera calculé au prorata de notre chiffre d'affaires ». Si à Lyon il a dû payer 200 000 euros pour financer des places de parking supplémentaires à Gerland, la ville de Katowice prend en charge la construction d'un parking sous-souterrain signant un chèque de 3 à 4 millions d'euros.
Livraison en sous-sol
« Cela permettra aussi les livraisons de la brasserie depuis le sous-sol, pour ne pas gâcher le parvis qui sera totalement restauré » précise Christophe Fargier. Qui du coup a le loisir de penser à de futurs développements : l'homme réfléchit déjà à l'ouverture sur place d'une galerie d'art et même une petite salle de projection qui diffuserait des oeuvres cinématographiques qui ne trouvent pas de distributeur
