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Chantiers de l'Atlantique : soulagement à Saint-Nazaire après l'abandon de la vente à Fincantieri
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Chantiers de l'Atlantique : soulagement à Saint-Nazaire après l'abandon de la vente à Fincantieri

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Les Chantiers de l’Atlantique resteront français. Le ministre de l’Économie Bruno le Maire vient d’annoncer l’abandon du projet de rachat du chantier naval nazairien par son concurrent italien Fincantieri. Soulagement unanime à Saint-Nazaire, tant de la part des élus que des syndicats qui redoutaient un transfert de savoir-faire vers la Chine. L’État français demeure l’actionnaire principal pour le moment.

Le chantier naval italien Fincantieri ne va pas devenir propriétaire des Chantiers de l’Atlantique — Photo : Bernard BIGER

"C’est un message positif, d’espoir et d’avenir. C’est une victoire pour les Chantiers de l’Atlantique. C’est la victoire d’un territoire, de ses élus et de ses acteurs économiques qui se sont mobilisés ensemble pour préserver l’un de nos plus beaux fleurons industriels. C’est une victoire pour tout le territoire ". La déclaration est signée Christelle Morançais, présidente du conseil régional des Pays de la Loire. Elle résume bien le sentiment général à Saint-Nazaire suite à l’annonce ce mercredi 27 janvier de l’annulation de la vente au groupe italien Fincantieri (4,5 Md€ de CA, 19 000 salariés, 20 chantiers navals dans le monde) des Chantiers de l’Atlantique (3 000 salariés, 1, 8 Md€ de CA).

Élus de tous bords - la présidente de Région (LR), les sénateurs Bruno Retailleau (LR) et Yannick Vaugrenard (PS), le maire de Saint-Nazaire David Samzun (PS) - syndicats et même la direction des Chantiers de l’Atlantique qui n’a jamais caché ses inquiétudes : le soulagement est unanime tant l’ombre chinoise de Fincantieri inquiétait le territoire. Tous craignaient le transfert du savoir-faire nazairien vers la Chine, alors que Fincantieri a signé une joint-venture avec le géant public chinois de la construction navale CSSC.

Une affaire diplomatique

Le suspense aura duré près de trois ans, le temps d’attendre la validation de la Commission Européenne, qui elle-même attendait la fin de la crise sanitaire pour se prononcer ainsi que des précisions de la part de Fincantieri qui ne sont jamais venues. Jusqu’à ce que les gouvernements français et italien, via leur ministre de l’Économie, diffusent un communiqué commun, invoquant la crise sanitaire comme raison d’abandon du projet.

"La France et l’Italie prennent acte du fait que le contexte économique actuel ne permet pas de poursuivre le rapprochement envisagé entre les Chantiers de l’Atlantique et Fincantieri", affirment Bruno Le Maire et son homologue italien Stefano Patuanelli.

Mais la crise sanitaire est loin d’être la seule raison de l’abandon du projet. L’affaire était aussi économique que diplomatique. La signature du contrat avec Fincantieri, à l’époque seul candidat à la reprise, avait été l’une des premières décisions prises par Emmanuel Macron en tant que président de la République à l’été 2017. Le port de Saint-Nazaire avait même été son premier déplacement en tant que président le 31 mai 2017. Sa position avait suscité de vives tensions entre Paris et Rome : le Président avait voulu renégocier l’accord passé à la fin du mandat de François Hollande pour y inclure un subtil montage financier permettant à l’État de garder le contrôle sur les agissements de Fincantieri.

L’État français reste actionnaire majoritaire

Et maintenant ? Quel avenir pour les Chantiers de l’Atlantique ? En fait rien ne change : " L’État français reste l’actionnaire principal des Chantiers de l’Atlantique et soutiendra l’entreprise aussi longtemps que la crise durera", indique Bruno le Maire. L’État est actuellement détenteur de 84,3 % du capital, Naval Group de 11,7 %, les salariés de 2,4 % et des sociétés locales de 1,6 %.

La gouvernance devrait donc rester la même pour l’instant. Le ministre n’a pas évoqué le plan B suggéré par les sénateurs dans un rapport de la commission des affaires économiques. Ils affirment avoir rencontré des industriels dont certains qui seraient prêts à monter au capital du chantier naval nazairien. Mais aucun nom n’a à ce stade été dévoilé.

La Région et les sous-traitants prêts à monter au capital

Le conseil régional des Pays de la Loire aurait déjà assuré au Sénat être prêt à monter au capital du géant de Saint-Nazaire. Des entreprises locales ont aussi déjà exprimé leur envie d’augmenter leur participation. Certains sous-traitants du chantier naval s’étaient ainsi dits prêts à augmenter leur part.

Bercy n’a pas commenté. Il faut dire que rien ne presse. Malgré la crise sanitaire et la crise qu’affrontent les croisiéristes, les Chantiers de l’Atlantique n’ont miraculeusement pas vécu d’annulation de commandes, ni de la part des croisiéristes, ni sur le marché des champs éoliens offshore. Le chantier naval prévoit d’atteindre un chiffre d’affaires de 2 milliards d’euros en 2021. La dernière commande de l’État cet été du futur porte-avions permet en plus d’assurer la visibilité jusqu’en 2030.

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