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Bruxelles prolonge son enquête sur la reprise des Chantiers de l’Atlantique
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Bruxelles prolonge son enquête sur la reprise des Chantiers de l’Atlantique

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La Commission européenne a décide de prolonger d'un mois son enquête sur la reprise des Chantiers de l'Atlantique, à Saint-Nazaire, par Fincantieri. L'arrivée du géant naval italien et de son ombre chinoise inquiète toujours autant Bruxelles.

Les Chantiers de l’Atlantique, troisième sur le marché mondial de la croisière, ont pour le moment 12 navires à construire, représentant une valeur de 12 milliards de dollars — Photo : Amandine Dubiez - Le Journal des Entreprises

Le suspens perdurera jusqu’au 17 avril. La Commission européenne devait initialement donner son feu vert sur le rachat des Chantiers de l’Atlantique par le constructeur naval italien Fincantieri fin octobre 2019, avant d’annoncer de reculer l’échéance au 17 mars. Cela sera finalement pour la mi-avril. Le feu vert serait-il en train de passer au rouge ?

La Commission européenne veut manifestement prendre le temps de la réflexion. Bruxelles s’inquiéterait du fait qu'il n'y aurait plus, à la suite de cette reprise, que deux acteurs européens dans le secteur de la construction navale, l’allemand Meyer Werft et Fincantieri. Dans un communiqué, la commission considère « que l’opération (le rachat des Chantiers de l’Atlantique par Fincantieri, NDLR) pourrait nuire de manière significative à la concurrence en matière de construction navale, en particulier sur le marché mondial des bateaux de croisière ». Une enquête avait été ouverte en janvier 2019 à la demande de la France et de l’Allemagne.

Une nationalisation provisoire... qui dure depuis deux ans

En attendant, les chantiers navals de Saint-Nazaire sont provisoirement nationalisés. Le projet de reprise, renégocié par Emmanuel Macron au moment de son élection en 2017,i avait suscité des tensions entre Paris et Rome. Il prévoit un subtil montage financier pour que Fincantieri ne récupère pas entièrement le gouvernail de ce symbole du savoir-faire industriel français.

Il est prévu que Fincantieri, détenu majoritairement par l’État italien, prenne 50+1 % du capital : l’État français « prête » à son voisin transalpin 1 % des parts, qu’il s’autorise à reprendre en fonction des circonstances. Et conserve 34,4 % du capital des chantiers navals et son droit de veto. L’accord, établi sur douze ans, prévoit des rendez-vous réguliers entre Français et Italiens au cours de cette période.

L’ombre chinoise de Fincantieri

Bruno Le Maire en visite aux chantiers navals STX à Saint-Nazaire — Photo : Amandine Dubiez-JDE

« La confiance avec Fincantieri reste à bâtir », commentait le ministre de l'Économie Bruno Le Maire en 2017, quelques jours après avoir signé l’accord de reprise, lors d’une visite sur les Chantiers de l’Atlantique. La source d’inquiétude reste toujours la même : que Fincantieri profite de ce rachat pour délocaliser le savoir-faire en Chine où il mène plusieurs collaborations avec des chantiers navals. La crainte n’est pas retombée depuis l’accord conclu en 2017. Bien au contraire. En 2018, Fincantieri étendait sa joint-venture avec le chinois China State Building Corporation (CSSC) pour élargir la collaboration à l’ensemble des segments de la construction navale civile.

Entendu par la commission des affaires économiques du Sénat le 5 décembre 2019, Laurent Castaing, patron des Chantiers de l'Atlantique, a évoqué « la grosse erreur » que fait selon lui Fincantieri « en collaborant avec les constructeurs navals chinois. L’Europe a intérêt à se serrer les coudes face au danger majeur de la concurrence chinoise », a-t-il avancé, estimant qu’un protectionnisme européen serait nécessaire. C’est, sans doute, l’objet des discussions qui animent actuellement la Commission européenne.

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