"Tout humain a droit à un air propre, c'est un droit fondamental autant que l'accès à l'eau potable", martèle Bruno Petry, le directeur général de Camfil France, filiale du groupe suédois leader mondial dans la filtration de l'air (un milliard d'euros de chiffre d'affaires en 2022), qui possède trois sites dans l'Hexagone, dont le plus important se trouve dans l'Oise, à Saint-Martin-Longueau.
Un investissement de 3 millions d'euros
Ce site de l'Oise représente 20 % du chiffre d'affaires français (100 millions d'euros au total) et exporte dans la zone Europe, Moyen-Orient, Afrique. "Nous y avons entre 250 et 275 salariés et une croissance à deux chiffres depuis cinq ans. Nous investissons tous les ans, et récemment, nous avons installé une nouvelle ligne de production pour 3 millions d'euros", décrit Bruno Petry. Cette ligne va permettre de presque doubler la production de filtres Opakfil, passant de 250 000 à 400 000 par an.
Présenté comme le produit phare de l'entreprise, ce filtre est utilisé pour les bâtiments tertiaires, l'immobilier dans ce secteur étant en pleine croissance en Europe. La norme RT 2020 oblige les constructeurs à installer des filtrations de l'air importantes. "Le filtre Opakfil est le plus efficace et le moins énergivore du marché, avance le dirigeant. Sa surface filtrante représente un studio de 17 m2 et il permet de réduire de 10 à 20 % la consommation d'électricité."
Les effets de la crise sanitaire
La crise du Covid a eu un effet accélérateur pour Camfil France : "elle a pointé l'importance de la qualité de l'air, devenue l'une des préoccupations des dirigeants". Autre effet : la relance des productions de médicaments en France et de l'industrie pharmaceutique, qui a assuré à l'entreprise une croissance de 20 % depuis deux ans. Les solutions de filtration de l'air en salle propre et de dépoussiérage des procédés sont essentielles, "et nos filtres permettent de réduire les coûts d'exploitation en limitant la consommation d'énergie et les temps d'arrêt des équipements", appuie Bruno Petry. La santé et le tertiaire représentent donc une part importante de l'activité de Camfil, avec l'industrie. "La tendance à la réindustrialisation et à l'investissement dans ce secteur nous est également favorable, et à cela s'ajoutent les gigafactories de batteries électriques, sur lesquelles nous sommes positionnés."
Le défi du nucléaire
Enfin, le segment du nucléaire est un marché "qui deviendra très important dans les années à venir : le nucléaire militaire, dont je ne peux pas parler car confidentiel, mais aussi le nucléaire civil", annonce le dirigeant. Camfil est présent dans 90 % des centrales nucléaires de l'Union Européenne. L'entreprise peut intervenir sur toute la chaîne de production, dans les trains de filtration, les diesels d'ultimes secours, dans l'enfouissement, mais aussi dans le démantèlement. Pour l'usine de l'Oise, dont l'une des spécialités est le nucléaire, le dirigeant souhaite "doubler la capacité de ce secteur chaque année, d'ici deux à trois ans. Mais pour cela, nous avons un vrai défi : recruter des soudeurs, des chaudronniers, et c'est très problématique en ce moment", déplore-t-il.
