Valoriser le biogaz sous toutes ses formes, qu’il soit issu des centres d’enfouissement technique, des stations d’épuration ou encore des méthaniseurs, telle est l’activité de Verdemobil Biogaz. La PME (38 salariés, 12 M€ de CA en 2022), créée en 2008 à Montaigu par Philippe Khairallah, cherche aujourd’hui à lever des fonds en Bourse (pour un montant et selon un calendrier qui restent à préciser). L’objectif de ce financement est d’accélérer le déploiement, en France et à l’international, des technologies qu’elle a développées pour capturer et valoriser la part du biogaz rejetée dans l’atmosphère et faire évoluer son business model. "Nous sommes très présents sur notre activité historique d’épuration et de production de biométhane. Aujourd’hui, nous avons l’ambition d’aller plus loin en valorisant le CO2 qui était jusque-là relargué dans l’atmosphère grâce aux technologies innovantes dont nous disposons", indique Philippe Khairallah, fondateur et PDG de Verdemobil.
Technologies de rupture
Le biogaz est une énergie renouvelable obtenue à partir de la méthanisation de matières organiques. Toutefois, une part importante (30 à 50 %) de "gaz pauvres", constituée essentiellement de BioCO2 et de biométhane, est rejetée dans l’atmosphère. Pour éviter que ce méthane contribue au réchauffement climatique et le valoriser, Verdemobil Biogaz a mis au point toute une gamme de technologies permettant de capturer, puis d’épurer 100 % de ce biogaz en biométhane ou en BioCO2. Le biométhane pouvant être lui-même retraité pour obtenir du BioGNL (Biogaz naturel liquéfié) ou encore du BioH2 (biohydrogène).
Outre l’épuration du biogaz en biométhane par PSA (pour Pressure Swing Adsorption), la PME vendéenne maîtrise, en effet, les procédés pour purifier et liquéfier par distillation cryogénique le BioCO2, produire du BioGNL grâce à un procédé de liquéfaction par cryogénie du BioCH4 et, enfin, produire du BioHydrogène par vaporeformage de BioCH4. Ces quatre modules, qui se logent dans des conteneurs, peuvent fonctionner séparément ou de façon combinée et sont compatibles avec toutes les technologies du marché, ce qui permet de les "pluger" sur des équipements existants. "Les solutions que nous proposons aux sites producteurs de biogaz sont vertueuses pour l’environnement, puisqu’elles leur permettent d’être zéro rejet. Outre leur contribution à la transition énergétique, elles participent également à la souveraineté énergétique de la France, puisque le biogaz est produit localement et constitue une alternative aux énergies fossiles importées", argumente Philippe Khairallah.
34 sites installés
L’entreprise peut faire valoir une expérience remontant à 2010, date à laquelle elle a déployé une première unité d’épuration de biogaz dans le Tarn. Elle compte aujourd’hui 34 installations d’épuration de biogaz en biométhane, une installation de liquéfaction de BioGNL, cinq installations de purification et liquéfaction de BioCO2 et une installation de production de BioH2. Ces sites sont implantés en France, mais aussi au Canada, en Italie, en Suisse, en Allemagne, au Royaume-Uni... Et 13 installations sont commandées et en cours de fabrication.
Le développement de la production de BioCO2 et de BioGNL pour lesquels il existe une forte demande constitue les deux axes forts du développement de Verdemobil. Le BioCO2 est, en effet, utilisé par les maraîchers pour les cultures sous serres, l’industrie agroalimentaire pour la production de boissons gazeuses ou la réfrigération, les producteurs d’extincteurs, l’industrie pharmaceutique… Le BioGNL trouve, pour sa part, des débouchés dans les secteurs gros consommateurs d’énergie, comme la mobilité lourde ou l’industrie.
Évolution du modèle d'affaires
"Avec notre activité historique d’épuration et de production de biométhane, notre modèle d’affaires reposait sur deux sources de revenus : la vente de nos modules et leur maintenance, via des contrats sur 15 ans. Avec la production de BioCO2 et de BIoGNL, notre business model va évoluer", explique le dirigeant. En effet, Verdemobil, qui intègre l’ensemble de la chaîne de valeur depuis la conception jusqu’à la maintenance des modules, en passant par la fabrication et la commercialisation en propre, s’oriente vers un modèle mixte. À la vente/location des modules et leur maintenance s’ajoutent désormais la vente de fluides (BioCO2 et BioGNL) et des prestations de liquéfaction sous la forme de contrats pluriannuels. La part des ventes de fluides devrait ainsi passer de 2 % du chiffre d’affaires en 2022 à plus de 70 % en 2028, avec à la clé une rentabilité améliorée.
Besoin de fonds propres
Le choix fait par Verdemobil de porter le financement et de rester propriétaire de modules, représentant un investissement de 1,5 million d’euros chacun, pour se rémunérer sur la vente des fluides, accroît toutefois son besoin en fonds propres. Ce qui justifie son introduction en Bourse. Le seul marché français compte, en effet, 500 méthaniseurs, susceptibles d’être équipés. Et la PME vendéenne voit plus loin. "Nous avons déjà designé un module spécifiquement dédié au marché américain dont les installations impliquent de traiter des volumes de CO2 de 15 000 à 20 000 tonnes par an, contre 2 000 à 15 000 en France. C’est le maximum sous une forme conteneurisée et plug and play", annonce le dirigeant. Au vu de l’immensité du marché du CO2 à capturer, ce dernier table sur un chiffre d’affaires de 130 millions d’euros et 90 salariés à l’horizon 2028.
