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Strasbourg parie sur le gaz vert
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Strasbourg parie sur le gaz vert

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Le groupe Lingenheld va doter son pôle environnement, basé à Oberschaeffolsheim, d’un méthaniseur. Un chantier suivi de près par l’Eurométropole. L’installation sera un des maillons d’une chaîne visant l’autonomie énergétique de la métropole alsacienne, d’ici à 2050.

Laurent Thirion, directeur du pôle environnement de Lingenheld, à Oberschaeffolsheim, où est construit le méthaniseur, et Georges Lingenheld, président du conseil de surveillance de l'ETI familiale — Photo : Adelise Foucault

L’Eurométropole vise l’autonomie énergétique d’ici à 2050. À cette échéance, la communauté de communes espère atteindre un approvisionnement énergétique fondé à 100 % sur les énergies renouvelables, à commencer par la géothermie. La création par Lingenheld Environnement (25 M€ de CA ; 300 salariés) d’un méthaniseur sur son site - et siège - d’Oberschaeffolsheim contribue également à cet ambitieux objectif, en permettant une meilleure valorisation des déchets verts produits sur le territoire.

Un premier projet de méthaniseur avait été lancé par des agriculteurs du Kochesberg en 2015 mais n’avait pas pu aboutir du fait de l’opposition des habitants. La méthanisation est un procédé permettant de transformer des déchets verts en gaz. L’installation, dont les travaux ont été lancés en novembre dernier, permettra de chauffer l’équivalent de 1 250 logements dans sa première phase, à partir de décembre 2019, puis 2 500 à terme.

Une dynamique favorable

Car le doublement de ses capacités – le traitement de 22 500 tonnes de déchets biomasse dans un premier temps, puis de 45 000 tonnes à terme - est déjà acté, d’ici à 19 mois. « Nous avons fait le pari de surdimensionner nos équipements, compte tenu d’un climat réglementaire favorable », explique Laurent Thirion, directeur du Pôle environnement de Lingenheld. En effet, l’objectif national est d’atteindre 50 % de gaz vert dans les réseaux de gaz d’ici à 2050. D’autre part, la loi de transition énergétique vise 65 % de valorisation des déchets ménagers pour 2025. « C’est une des filières de valorisation possible », pointe Laurent Thirion.

La création de cette installation, qui a fait l’objet d’un partenariat avec les agriculteurs du territoire, vise ainsi différentes sources d’approvisionnement : déchets agricoles, viticoles, brassicoles, déchets verts des collectivités ou encore déchets industriels (biologiques, organiques). La fraction solide restante à l’issue du processus servira de compost pour les agriculteurs.

Ce projet a nécessité la création de 2,8 km de conduites pour se raccorder au réseau GDS existant. L’investissement total s’élève à 12 M€, inclus dans une enveloppe globale de 30 M€ consacrée à la modernisation de ce site de 26 ha où sont traitées 400 000 tonnes de déchets par an, dont près de 85 % sont valorisés. Le méthaniseur devrait employer 3 à 4 ETP.

Lingenheld (57) s’est lancé dans la réalisation de méthaniseurs suite à un voyage de ses dirigeants en Suède en 2014. Ils y ont rencontré un ingénieur suisse ayant mis au point un nouveau process de méthanisation par voie sèche, à la fois moins odorant mais aussi deux fois plus rapide, et donc moins énergivore, que les méthaniseurs par voie humide.

Un procédé de méthanisation innovant

« Convaincus par le potentiel de cette innovation, nous avons décidé de créer une structure dédiée à la construction de méthaniseurs, Methavos, en partenariat avec le Sydeme, Syndicat des déchets ménagers de Moselle-Est », pointe Franck Lingenheld, président du groupe familial Lingenheld (500 personnes ; CA 2017 : 150 M€). Depuis, quatre méthaniseurs ont été livrés en France, sans compter celui en cours de construction à Oberschaeffolsheim. « Notre ambition est de devenir le leader français de la méthanisation par voie sèche, avant d’attaquer l’export », annonce Franck Lingenheld.

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