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La jeune pousse BioRenGaz veut booster la productivité des méthaniseurs
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La jeune pousse BioRenGaz veut booster la productivité des méthaniseurs

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BioRenGaz conçoit et réalise des unités de méthanisation dans le Bas-Rhin. Sa nouvelle technologie augmente leur production de gaz de 10 %, tout en réduisant leur taille par trois, annonce la jeune pousse. Une demande de brevet a été déposée.

— Photo : © DR

Ingénieur en chimie et biotechnologies, Jonathan Fritsch a d’abord exercé comme responsable R & D pour des PME spécialisées dans la conception-réalisation d’unités de méthanisation (processus naturel de dégradation de la matière organique). En janvier 2019, cet Alsacien de 34 ans décide de créer sa propre entreprise de développement de petites installations de méthanisation, BioRenGaz, en s’associant à Walter Debenath, dirigeant de Viwade, une société d’ingénierie haut-rhinoise officiant dans les secteurs de l’énergie et l’environnement.

Optimiser l’usage des bactéries

Le credo de la jeune pousse strasbourgeoise, c’est d’améliorer la performance des méthaniseurs. À quantité de matière première égale, « notre système fournit 10 % de biogaz en plus, avec une unité de méthanisation trois fois plus compacte », décrit Jonathan Fritsch. Côté matière première, BioRenGaz récupère « des déchets liquides », soit issus de l’agroalimentaire, soit de boues de station d’épuration, ou encore du lisier. L’innovation réside dans le choix d’intégrer au méthaniseur des « supports de culture ou habitats écologiques » en bois recyclé, dans lesquels les bactéries vont venir se fixer. « Via cette solution, on cultive trois à quatre fois plus de bactéries. Elles vont ensuite rester accrochées aux supports lorsqu’on évacue le digestat… Et donc être conservées pour les prochains cycles de production », explique le dirigeant.

Une différence avec les technologies classiques. « Cela évite d’avoir à cultiver de nouvelles bactéries, qui vont consommer de la matière afin de se multiplier. Car leur croissance cause une perte d’énergie de 10 % », vulgarise l’ingénieur. Il prévoit par ailleurs « une baisse de 75 % des coûts d’exploitation du fermenteur », grâce à une consommation d’électricité plus faible et à la réduction des opérations de maintenance, via un système de cuves modulaires et interchangeables. « Nettoyer l’installation pourra se faire en une journée, contre un mois sur certaines unités. On réduit ainsi les pertes d’exploitation liées à l’arrêt de la structure », détaille-t-il.

Une quinzaine d’emplois prévus

Le fondateur de BioRenGaz y voit une réponse aux problématiques actuelles. Le gouvernement ayant acté la baisse des tarifs de rachat du biométhane, « il faut envisager des installations plus rentables », plaide-t-il. Autre terreau favorable, une directive européenne prévoit, d’ici trois ans, la généralisation du tri à la source des biodéchets (déchets alimentaires et déchets naturels biodégradables) en vue de leur valorisation.

BioRenGaz, qui n’emploie à ce jour qu’un salarié, espère tirer son épingle du jeu et réaliser 4 millions d’euros de chiffre d’affaires d’ici 2024 avec une équipe de 15 personnes.

Reste à franchir des étapes, comme obtenir un brevet. Après une preuve de concept réussie en laboratoire, un bioréacteur pilote de 15 mètres cubes vient d’être installé à la frontière luxembourgeoise. La start-up souhaite ensuite ouvrir un démonstrateur de 60 mètres cubes en 2021, en collaboration avec un centre de recherche. Avant de passer au stade industriel pour livrer des clients allant du monde agricole et des collectivités aux grands groupes.

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