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Dionymer transforme les biodéchets en polymères
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Dionymer transforme les biodéchets en polymères

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Transformer les biodéchets en polymères à haute valeur ajoutée et constituer une alternative aux polymères pétrosourcés, c'est l'ambitieux pari de trois ingénieurs chimistes bordelais, cofondateurs de la start-up Dionymer. Elle a déjà validé une première preuve de concept et s'apprête à accélérer.

Antoine Brege, Guillaume Charbonnier et Thomas Hennebel, cofondateurs de la start-up Dionymer — Photo : Dionymer

La société Dionymer, hébergée au sein de l’école d’ingénieurs Bordeaux INP depuis fin 2021, est née dans la tête d’un chimiste de 28 ans. De sa passion pour le biomimétisme, Thomas Hennebel a tiré une entreprise capable de transformer des déchets organiques en polymères. "Je me suis demandé comment la nature était capable de produire des matières plastiques sans pétrole", explique-t-il. Un retour aux sources, tant les polymères artificiels constituent aujourd’hui la grande majorité de la ressource.

Alternative biodégradable

"J'ai identifié des bactéries qui sont en mesure de consommer le carbone autour d’elles et de le stocker sous forme de plastique. Il suffit d’extraire ce plastique du corps des bactéries pour obtenir une poudre biodégradable", continue-t-il. Il évoque "deux étapes de fermentation avec des bactéries qui dégradent les déchets organiques dans un bioréacteur (rempli d’eau à température et pression ambiante) en plus petites molécules. Nous les récupérons pour les donner à d’autres bactéries capables de produire des polymères".

Ils sont ensuite extraits et séchés pour produire la fameuse poudre au nom barbare : polyhydroxyalcanoates ou PHA. "Notre particularité, c’est que nous utilisons des déchets organiques pour alimenter ces bactéries", décrit Thomas Hennebel. Déchets alimentaires, co-produits agricoles destinés à alimenter des méthaniseurs… Le processus vise ainsi une économie circulaire complète, une manière de valoriser davantage le gisement important de carbone de ces déchets et de se poser en alternative à leur incinération ou à leur enfouissement.

Vers une levée de fonds

Dionymer a déjà réalisé une preuve de concept en utilisant des déchets alimentaires issus de la restauration et du marc de raisin provenant de la distillerie girondine Douence. La société vise une importante montée en échelle. "Nous souhaitons passer au traitement de 20 litres de biodéchets début 2023 et un mètre cube fin 2024, ce qui nous permettra de produire plusieurs dizaines de kilos de polymères par mois. Pour atteindre des coûts similaires au pétrochimique, il faudra encore augmenter cette capacité de traitement dans les années à venir".

Avec un premier brevet en cours de dépôt, Dionymer produira ses polymères pour des industriels, potentiellement issus de leurs propres déchets : elle compte aussi leur vendre des études de faisabilité pour massifier son procédé.

Les pistes d’application sont multiples : textile, cosmétique, packaging ou même biomédical, "notamment dans l’ingénierie tissulaire". Si son application concrète paraît encore lointaine, ce "polymère versatile" semble nourrir l’ambition de la société, qui espère devenir "une vraie plateforme de chimie des déchets". Pour capter sa ressource, la start-up compte s’adosser à des centralisateurs de déchets comme Douence mais aussi des coopératives agricoles, des méthaniseurs ou des gros sites agroalimentaires.

La jeune entreprise, déjà soutenue par la Région Nouvelle-Aquitaine, espère lever 2 à 3 millions d’euros en 2023 pour financer sa montée en échelle.

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