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Le port de Bordeaux et les industriels dessinent leur future stratégie de décarbonation
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Le port de Bordeaux et les industriels dessinent leur future stratégie de décarbonation

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Le port de Bordeaux vient d’être sélectionné par le gouvernement et l’Ademe dans le cadre d’un appel à projets "Zones Industrielles Bas Carbone". Constitués en association, les industriels et collectivités concernés vont cofinancer une série d’études pour préfigurer la stratégie industrielle de demain sur un vaste périmètre de 900 hectares.

Le foncier reste le nerf de la guerre pour le port — Photo : © Delphine Trentacosta - GPMB

Les zones industrielles de Bassens et d’Ambès ont été désignées lauréates de l’appel à projets ZIBAC (Zones Industrielles Bas Carbone), piloté par l’Ademe et correspondant à l’objectif gouvernemental de diminuer de 50 % des émissions industrielles françaises sur dix ans.

Le Grand Port Maritime de Bordeaux (GPMB), qui a répondu à l’appel à projets, a constitué autour de lui un collectif de 25 industriels et acteurs institutionnels, dont 7 principaux (le port de Bordeaux, Michelin, Sarp Industries Aquitaine et Pyrénées, Teréga, EDF, Smurfit Kappa, Heidelberg Materials).

Stratégie fédératrice

Ils ont fondé en 2023 l’association Bees ZIP (Bordeaux énergies Eau Environnement et Synergies en Zones Industrielles et Portuaires), y ont associé la métropole bordelaise, l’Ademe Nouvelle-Aquitaine et les communes de Bassens et d’Ambès, qui concentrent une grande partie de l’activité industrielle locale, pour "préparer la stratégie de décarbonation" de la zone.

La structure, vouée à s’étendre à de nouveaux acteurs, sera chargée de piloter une série d’études pour identifier des leviers d’action.

"La démarche initiale a un peu plus de trois ans, c’est une réponse du port de Bordeaux au green deal européen. Nous avons identifié l’économie circulaire et l’hydrogène comme les piliers du développement économie de demain", raconte Michel Le Van Kiem, directeur du développement et de l’innovation au sein du Grand Port de Bordeaux.

"Nous avons réuni un consortium de 25 acteurs. Bassens et Ambès concentrent les principaux, même si les émissions de CO2 les plus importantes ne sont pas forcément sur la zone portuaire, la démarche s’étendant jusqu’à Biganos" (où Smurfit Kappa possède un important site industriel) "ou Bussac-Forêt" (où se trouve le cimentier Heidelberg), poursuit le porte-parole.

Préfiguration industrielle

Dotée d’un budget de 3,1 millions d’euros, dont 50 % financés par l’Ademe dans le cadre de ZIBAC, l’association Bees ZIP couvre une zone de 900 hectares "principalement dédiée à la chimie et à la pétrochimie mais pas seulement", indique la métropole bordelaise.

21 études ou "actions" ont été listées, à mener sur deux ans, parmi lesquelles le développement du mix énergétique, la préservation de l’eau, la synergie et la mutualisation des ressources, la capture, le stockage et la réutilisation du CO2 émis (2,6 millions de tonnes), le développement de l’emploi et de la formation, l’amélioration des infrastructures et de la logistique ou encore l’accueil de "nouvelles industries vertueuses en optimisant le foncier industriel". "Le port pourra aider à prévisualiser les scénarios de développement industriel possible grâce à ses jumeaux numériques du fleuve, et ainsi valider des trajectoires", poursuit le responsable.

Le foncier reste le nerf de la guerre pour le port. Deux projets développés sur le GPMB, Electro Mobility Materials Europe (EMME), une unité de conversion de nickel et de cobalt pour la mobilité électrique à Grattequina (Gironde), et l’usine électrochimique de GH2 à Ambès pour produire de l’hydrogène vert, chiffrée à 250 millions d’euros, font partie des 424 projets qui échapperont aux restrictions de la loi climat énergie et au dispositif ZAN (Zéro Artificialisation Nette). Les surfaces concernées sont de 29 hectares pour le premier et de 72 pour le second. "Nous nous ancrons dans des projets d’envergure nationale, voire européenne, c’est la vocation même du port d’État que nous sommes. Le tout face à une concurrence internationale féroce", assure Michel Le Van Kiem. Autant dire que les prochains mois s’annoncent studieux pour Bees ZIP.

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