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De l’Assiette au champ investit 1,5 million d’euros pour traiter les déchets alimentaires
Nantes # Industrie # Transition énergétique

De l’Assiette au champ investit 1,5 million d’euros pour traiter les déchets alimentaires

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Créée en 2021, près de Nantes, l’entreprise De l’Assiette au champ vient d’inaugurer sa première unité de prétraitement des déchets alimentaires, avant leur méthanisation. Avec un investissement d’1,5 million d’euros, elle entend valoriser, à terme, jusqu’à 8 000 tonnes de déchets par an issus de la restauration et de l’industrie agro-alimentaire.

Paul Laurent et Maxime Dubois, deux des associés de De l’Assiette au champ, à Rezé, près de Nantes, une entreprise qui traite les déchets alimentaires — Photo : (c) Thibault Dumas

La méthanisation des déchets est dans l’air du temps. De l’Assiette au champ est une jeune entreprise nantaise qui fabrique une matière première à partir des déchets alimentaire. Cette matière est vendue à des méthaniseurs qui, eux, l’utilisent pour produire du biogaz. "Nous travaillons sans stockage, avec 48 heures maximum pour traiter les biodéchets. Ensuite, les méthaniseurs reçoivent et utilisent le résidu pour leur digestat en moins de 72 heures, explique Paul Laurent, un des cinq associés De l’Assiette au champ, fondée en 2021. Nous exploitons tout le potentiel de génération de biogaz. Nous produisions quatre fois plus d’énergie que nous en consommons." La première unité de prétraitement de déchets alimentaires vient tout juste d’être inaugurée à Rezé, derrière le Marché d’intérêt national (MIN) de Nantes Métropole.

Cette unité est une installation de 550 m2 sur terrain de 1 600 m² qui prévoit d’en traiter 4 000 tonnes par an, pour un investissement initial de 1,5 million d’euros (600 000 pour le bâtiment, 900 000 pour l’outil industriel). Puis, à terme, 8 000 tonnes après une extension. Ces biodéchets sont issus de restaurants, de la restauration collective et de l’industrie agroalimentaire sur la métropole nantaise – où l’on en produit en tout près de 50 000 tonnes par an. Des partenariats ont été noués avec le francilien Les Alchimistes, collecteur de biodéchets implanté à Nantes, ou encore le mastodonte Veolia, pour alimenter cette unité de prétraitement.

Concrètement, chaque caisse contenant des dizaines de kg de déchets alimentaires est vidée dans un vaste entonnoir, puis une machine opère la phase de "déconditionnement" ou de "bio-séparation". Des roues captent les résidus de plastique, notamment les sacs. Au bout de l’opération, un liquide marron clair est transféré par un tuyau souterrain dans de hautes citernes pour les phases "d’hygiénisation", où l’on chauffe notamment ce résidu à 70 degrés, puis de fermentation.

Unités en Mayenne et en Ille-et-Vilaine

Les bio-déchets sont versés dans la machine de « bio-séparation », séparant la matière organique du plastique — Photo : (c) Thibault Dumas

"Nous venons combler un chaînon manquant en ville", souligne Maxime Dubois, un autre des associés. "Aujourd’hui, les méthaniseurs intègrent beaucoup de déchets agricoles, mais très peu de déchets alimentaires, contraints réglementairement. Il faut trouver des solutions pour éviter l’incinération et l’enfouissement, poursuit le dirigeant. Les grandes unités de méthanisation nécessitent du transport routier sur des dizaines voire des centaines de kilomètres. Sans oublier les erreurs de tri qui laissent passer du plastique".

Le contexte législatif est aussi porteur pour De l’Assiette au champ, qui n’a pas encore embauché de salarié. Au 1er janvier 2024, toutes les collectivités devront proposer une solution de tri des biodéchets à leurs habitants. Un sondage très récent, mené par GRDF Pays de la Loire, indique que 76 % des Ligériens ont connaissance de cette évolution légale et 91 % sont prêts à trier leurs déchets alimentaires pour le transformer en gaz vert (49 % le font déjà à date).

"D’ici au 1er janvier, toutes les collectivités ne seront clairement pas prêtes. Mais nous sentons que ça bouge. Nantes Métropole vient par exemple de publier un appel d’offres pour le traitement des déchets verts et des déchets alimentaires", illustre Paul Laurent. De l’Assiette au champ, envisage d’ouvrir deux autres unités de prétraitement, cousines de celle de Rezé, en 2025, en Mayenne et en Ille-et-Vilaine.

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