L’innovation est un ingrédient incontournable dans la recette de longévité de St Hubert. Né il y a 120 ans à Nancy, le leader des margarines végétales en France n’entend pas remettre en question ce principe fondateur. Bien au contraire. Son usine de Ludres (Meurthe-et-Moselle) a démarré la production de deux nouvelles gammes commercialisées à partir du 1er avril 2024. Il s’agit de "St Hubert Secret de chef" et de "St Hubert L’original". L’entreprise de 220 salariés dont 110 travaillent sur le site lorrain, va également lancer dans le courant de l’année une déclinaison bio.
Des nouveautés pour susciter l’intérêt des consommateurs
Avec cette salve de nouveaux produits, la PME agroalimentaire, filiale du chinois Fosun, propriétaire notamment du Club Med, compte bien réitérer les success-story sur lesquelles elle a bâti sa prospérité (CA de 116 M€ en 2023). Les consommateurs gardent en mémoire ses innovations St Hubert 41, Le Fleurier et St Hubert oméga 3.
Onze personnes planchent à plein-temps sur la R & D, un effectif auquel s’ajoute un service marketing "à l’affût des tendances du marché", détaille Jean-Christophe Sibileau, président de l’entreprise. Les deux nouveautés, "St Hubert Secret de chef" et "St Hubert L’original" ont vocation "à séduire les jeunes générations en misant sur le goût", explique le dirigeant. A contrario, ses précédentes innovations étaient davantage orientées santé : bienfaits cardiovasculaires des acides gras oméga 3, vitamines E antioxydantes, cuisine allégée en matière grasse, etc. Or, "pour remplacer le beurre, il faut une gamme qui suscite l’intérêt des consommateurs", détaille Jean-Christophe Sibileau. Le leader dans le secteur des corps gras solides végétaux (44 % de part de marché en France) espère plus que jamais concurrencer les matières grasses animales, un marché de près d’1,5 milliard d’euros, trois fois plus important que celui de la margarine.
Alternative aux matières grasses animales
Les enjeux de transition alimentaire soufflent un vent favorable. Le président de St Hubert calcule que l’empreinte carbone des margarines végétales est "deux à quatre fois inférieure à celle du beurre". Un positionnement marché qui implique cependant une certaine exemplarité… Outre les 50 millions d’euros investis pour réduire de 77 % ses émissions de CO2 d’ici à 2030, la PME cherche à améliorer la durabilité de ses produits. Cela passe par une meilleure traçabilité de ses matières premières : les huiles de colza, de tournesol et de coprah, mais aussi des matières grasses solides de karité, de palme. "Nos matières premières proviennent essentiellement d’Europe. Et nous avons opté pour une filière tracée du colza français, malgré un surcoût de 20 à 30 % par rapport à un approvisionnement sur les marchés mondiaux", note le président de St Hubert.
L’entreprise doit également composer avec la directive européenne contre la déforestation importée, qui sera appliquée en France à partir de fin 2024. Cette directive pourrait entraîner un surcoût de 30 % sur les achats de St Hubert hors Union européenne. Mais la PME qui va relocaliser son siège social de Rungis (Val-de-Marne) à Nancy, semble prête à relever le défi.