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Paradoxal Surfboards surfe sur le réemploi des algues invasives
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Paradoxal Surfboards surfe sur le réemploi des algues invasives

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Créée à Douarnenez en 2020, l’entreprise Paradoxal Surfboards vient de mettre au point une planche de surf imprimée en 3D à partir de sargasses, ces algues qui envahissent le littoral antillais. Elle prépare actuellement une levée de fonds pour lancer son industrialisation et sa commercialisation, et planche notamment sur un procédé utilisant les algues vertes qui s’échouent sur les côtes bretonnes.

Jérémy Lucas a créé Paradoxal Surfboards en 2020 à Douarnenez — Photo : Paradoxal Surfboards

À 35 ans, Jérémy Lucas a déjà eu plusieurs vies avant de se lancer dans la conception de planches de surf. Après des études en management de projet, il a notamment créé un bureau d’études de dessin industriel en métallerie et tôlerie. Un domaine qui lui fait toucher de près l’impression 3D, et qui lui donne l’idée de se focaliser sur la conception et l’impression d’objets à forte valeur ajoutée.

“Suite à une intoxication due aux algues vertes après une session de surf, j’ai commencé à réfléchir à un moyen de les valoriser pour en faire un matériau thermoformable et utilisable pour faire de l’impression 3D… Et d’en faire une planche de surf, pour boucler la boucle !”, sourit le Douarneniste, qui a créé son premier prototype en 2020 grâce à une enveloppe de 2 000 euros gagnée lors d’un concours organisé par le Rotary Club du Pays de Cornouaille.

Biomimétisme et efficience structurelle

“J’ai aussi pu compter sur l’aide de LFE Technologies à Elliant pour le design, et de l’entreprise de shaping Squale Surf Boards à Concarneau, qui m’accompagne pour la partie résine que nous voulons la plus biosourcée possible”, précise Jérémy Lucas.

Le résultat ? Une planche de surf translucide de six pieds, dont la structure alvéolaire imprimée en algues permet de remplacer le traditionnel cœur en polystyrène qui en assure la flottaison. “La conception repose aussi sur le biomimétisme et l’efficience structurelle, ce qui nous permet de déposer davantage de matière sur les zones les plus sollicitées et d’en retirer ailleurs”. Une innovation brevetée qui lui a notamment permis de se faire connaître à l’international en remportant le prestigieux Ocean Pitch Challenge 2023. De quoi, aussi, intégrer les incubateurs du technopôle Quimper-Cornouaille et de Finistère Mer Vent à Port-la-Forêt, ainsi que le Blue Living Fab de Boulogne-sur-Mer.

Nouveaux biomatériaux et levée de fonds en vue

“Nous sommes en train de développer de nouveaux matériaux en partenariat avec le plateau ComposiTIC de Ploemeur et la société Algopack, basée à Saint-Malo. Nous espérons notamment pouvoir bientôt utiliser des algues vertes”, confie Jérémy Lucas, qui mène aussi un projet commun avec les Finistériens de Fil et Fab pour valoriser les filets de pêche.

En attendant, Jérémy Lucas prépare activement l’industrialisation et la commercialisation de son premier modèle de planche de surf. “J’ai déjà reçu près de 150 demandes de précommandes, et je prévois de lancer la production début juin pour assurer les premières livraisons durant l’été”, explique celui qui compte notamment investir 10 000 € dans les semaines à venir pour acquérir sa propre imprimante 3D grand format.

Pour accélérer son développement, Jérémy Lucas compte également ouvrir le capital de son entreprise. “L’objectif est de lever entre 150 000 et 300 000 € à partir d’avril prochain, et de créer un bureau d’études d’ici 2025 pour concevoir d’autres équipements sportifs nautiques comme des paddles, des planches à voile ou encore des kayaks”, conclut-il.

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