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Le transformateur d’algues Agrimer croît fortement grâce à ses investissements industriels
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Le transformateur d’algues Agrimer croît fortement grâce à ses investissements industriels

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Malgré un retard sur la réalisation de ses investissements, l’entreprise de récolte et de transformation d'algues Agrimer connaît une forte croissance grâce au doublement de la surface de son usine à Plouguerneau. En 2023, la PME va notamment mettre sur le marché deux nouveaux principes actifs développés avec la station biologique de Roscoff.

André Prigent, président d’Agrimer et de Bretagne Cosmétiques Marins — Photo : Isabelle Jaffré

Pour André Prigent, président d’Agrimer (62 salariés, 10,5 M€ de chiffre d’affaires), "les investissements ont été faits au bon moment." En 2019, la PME industrielle de récolte et de transformation des algues de Plouguerneau (Finistère) a en effet lancé un projet de développement afin de doubler la surface de son usine. "À l’époque, nous avions chiffré l’investissement à 5,2 millions d’euros. Au final, nous avons investi 6,2 millions d’euros, avec des renouvellements d’équipements", indique le dirigeant. Après quelques retards dus, notamment, à la crise Covid, Agrimer dispose désormais de 7 500 m². "La dernière machine, qui a coûté environ 200 000 euros, arrivera en juin. Les délais sont actuellement très longs", reconnaît-il. Dans les deux ans à venir, Agrimer prévoit au moins 800 000 euros d’investissement pour de nouvelles machines.

Grâce à son nouvel outil industriel, Agrimer a connu une croissance importante : son chiffre d’affaires est en hausse de 25 % par rapport à 2021, et atteint 10,5 millions d’euros. "Nous avions eu un repli technique en 2021 à 8,4 millions d’euros, confie André Prigent. 2020 n’avait pas été une mauvaise année car nous avions continué à faire tourner le site en fabriquant du gel hydroalcoolique."

Deux nouveaux principes actifs

Avec la fin de la crise du Covid, Agrimer est revenu à sa production habituelle d’extraits et d’ingrédients issus des algues pour différentes industries : cosmétique, nutrition, pharmacie. "Nous connaissons un coup d’accélérateur sur nos produits pour l’agriculture avec la gamme Agrocéan grâce à une certification européenne pour nos biostimulants pour les cultures. Nous avons été les premiers à l’obtenir", se félicite André Prigent. Ce label CE ouvre des marchés à l’export pour l’entreprise : Italie, Espagne mais aussi Inde, Maroc, Égypte, etc. Agrocéan réalise 35 % de son activité à l’export, le même pourcentage qu’Agrimer.

Les biostimulants permettent d’augmenter les défenses naturelles des végétaux tout en diminuant l’utilisation des produits phytosanitaires. "Cela répond à une demande environnementale et sociétale. Nous travaillons beaucoup avec la viticulture, mais aussi de plus en plus avec des grandes cultures (céréales, blé…)", liste le président.

L’usine d’Agrimer avec ses labos a doublé sa surface pour atteindre 7500 m² — Photo : Agrimer

Autre développement important : celui des principes actifs. Agrimer a déposé son premier brevet dès 2013 avec le programme Aquactif. Juste avant la crise du Covid, la société a lancé un autre programme de R & D, nommé Océactif, pour deux nouveaux principes actifs, toujours à partir d’algues. "Il s’agit également d’un partenariat avec le CNRS et la station biologique de Roscoff. La commercialisation est prévue courant 2023. Nous les avons présentés en janvier au salon Cosmetagora à Paris et nous serons à Barcelone en avril pour le salon international In Cosmetics", précise le dirigeant.

Le premier principe actif a été commercialisé pour le géant allemand Merck en exclusivité. André Prigent réfléchit encore à la stratégie à adopter pour les deux nouveaux principes actifs. "Nous pouvons aussi faire le choix de constituer un petit réseau de distribution pour répondre à la demande du marché", imagine-t-il.

Croissance grâce aux investissements

Côté cosmétique, Agrimer travaille toujours principalement pour sa société sœur Bretagne Cosmétiques Marins (BCM). "Les investissements réalisés ont été supportés par Agrimer mais ils ont été décidés aussi pour développer BCM, étaye André Prigent. En 2020, avec la fermeture des hôtels, BCM a fait -8 % mais + 15 % en 2021 et la société s’apprête à faire une belle croissance sur son exercice 2022 également." Pour le chef d’entreprise, cette croissance est en grande partie liée à l’extension réalisée à l’usine de Plouguerneau. "Nous n’aurions pas pu faire autant sans les moyens industriels. À partir de septembre 2021, nous avons commencé à faire +15 à + 20 % avec Agrimer. Cela correspond à la livraison du nouvel outil. Nous avons aussi pu passer de 50 salariés à 62. Avec les salariés de BCM, nous sommes 90 sur le site de Plouguerneau."

Le façonnage est la troisième activité du groupe après la récolte et la transformation mais la plus importante (60 % de l’activité d’Agrimer). Avec ses différentes marques, BCM est présente dans 55 pays avec 45 agents. "Notre chiffre d’affaires, dont nous ne révélons pas le montant car le marché est très concurrentiel, se fait à 60 % à l’international", explique André Prigent. BCM est par exemple implanté en Asie depuis 1995.

La société a fait le choix du marché des professionnels avec sa marque Thalion pour les spas, hôtels et thalasso. En France, Thalion est présente dans 220 points de ventes, principalement des centres de thalasso. "La concurrence sur le marché de la distribution en B to C est assez rude. Il est très compliqué de durer. Nous préférons nous concentrer sur les professionnels en nouant des partenariats", plaide le dirigeant.

BCM développe aussi d’autres marques, plus petites. Isomarine vendue en France en marketing direct et un peu à l’étranger (Taïwan, Hong Kong). Thalasso Bretagne est, elle, une petite marque locale née en 1994. "Elle est vendue dans les magasins locaux comme Roi de Bretagne, rappelle André Prigent. Nous souhaitons la développer en France dans des boutiques qui mettent en avant les savoir-faire locaux."

Problématique de matières premières

Spécialiste des algues, Agrimer a l’avantage de récolter elle-même ses algues entre Paimpol et la mer d’Iroise. "Mais la demande d’algues a fortement augmenté. On voit le développement des bioplastiques, des algues alimentaires, etc. Malheureusement, il n’y aura pas assez d’algues pour tout le monde !", insiste son président, qui fait donc le choix de rester sur les métiers historiques de la société. "Les biotechs demandent des investissements lourds. Nos produits, qui sont à forte valeur ajoutée, permettent de les rentabiliser. Ce n’est pas encore le cas pour les bioplastiques. Tant mieux pour nous…"

D’autres pistes que la récolte sont examinées comme la culture en mer, à terre, voir en laboratoire. "Entre les autorisations à avoir pour les cultures en mer et à terre et les défis technologiques, l’équation reste compliquée", conclut André Prigent.

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