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Le géant de la menuiserie Tryba investit pour automatiser ses procédés
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Le géant de la menuiserie Tryba investit pour automatiser ses procédés

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Le groupe industriel de menuiserie, Atrya, a implanté son siège dans le nord de l’Alsace en 1980. Son usine attenante produit sa marque phare Tryba. Elle a bénéficié de la majeure partie d'une enveloppe d'un plan d’investissement de 30 millions d'euros pour se moderniser. Ces changements s’accompagnent de nouvelles gammes et d’une volonté d’aller vers plus de sobriété énergétique.

En quatre ans, l’usine alsacienne de Tryba a gagné 10 000 m² — Photo : Tryba

Le groupe Atrya (900 salariés dont près de 600 en Alsace ; CA prévisionnel 2022 : 300 M€), connu pour sa marque phare Tryba ne lésine pas sur les investissements. Le concepteur, fabricant et installateur de portes et fenêtres, boucle un programme de 30 millions d’euros sur trois ans injectés dans ses différentes usines, dont son site de production alsacien (420 salariés), attaché au siège du groupe dans le nord de l’Alsace depuis 1980, à Gundershoffen (Bas-Rhin).
"Le site de production de 60 000 m² a gagné 10 000 m² en quatre ans", décompte Christophe Ulm, directeur de l’usine qui dispose de plusieurs ateliers dédiés à la fabrication du vitrage, soit la verrerie, au PVC, à l’aluminium et un atelier spécial pour les châssis notamment. Avec cet investissement, le groupe veut se doter d’un outil industriel de pointe puisque "la fenêtre est un métier compliqué, avec 170 éléments de nomenclature très technique", décrit Marc Daeffler, directeur général de Tryba. En modernisant l’usine, le groupe a trois objectifs : la sécurité, la qualité et la productivité. "L’optimisation des lignes de fabrication s’est accompagnée d’une réflexion sur la valorisation du personnel. Nous avons redéployé une partie des équipes sur d’autres activités périphériques, comme le filmage ou le trempage, par exemple", explique Christophe Ulm. Les gains de productivité se traduiront eux, par une augmentation des volumes produits, passant de 1 500 vitrages assemblés par jour à 2 000 à terme.

Dans l’usine alsacienne, l’atelier le plus mécanisé est celui de la verrerie, qui regroupe neuf millions d’euros d'investissement pour l’équipement industriel et son automatisation et quatre millions d’euros pour le bâtiment. Le dernier équipement à avoir été installé est le trieur de verre cet été. Sa mise en service est prévue d’ici quelques semaines. "Avec cet investissement capitalistique important, nous pourrions passer d’un travail en 2/8 à un 3/8", projette Christophe Ulm. Sur l’enveloppe globale d’investissement, plusieurs dizaines de millions d’euros ont été injectés dans l’outil productif et le reste, dans le développement et le lancement de nouvelles gammes.

Nouvelles gammes

Le groupe démarre la commercialisation de nouvelles gammes de fenêtres en PVC et en aluminium. "Le marché est atomisé, avec beaucoup de fabricants et d’acteurs locaux, il faut donc prendre un quart d’heure d’avance pour se différencier des concurrents", estime Marc Daeffler. Et pour cela, Tryba compte sur une de ses forces : "le réseau de points de vente, qui maille le territoire". Tryba disposera en effet, d’ici la fin de l’année, de près de 325 points de vente en France. Ils s’adressent directement aux clients particuliers (BtoC), avec cinq boutiques en propre et le reste en concessions. En 2023, la marque pense en compter 340. Les deux nouvelles gammes destinées à la rénovation et donc proposées sur mesure, sont conçues pour remplacer, à terme, les gammes existantes et simplifier l’offre. L’habitat devant devenir "plus responsable et moins gourmand en énergie", selon Marc Daeffler, ces deux nouvelles gammes, proposées aussi bien en châssis aluminium que PVC et livrées en triple vitrage de façon standard, sont plus fines et plus performantes thermiquement.

Implantation au Portugal

Déjà présent en Europe avec des sites de production en Allemagne, en Suisse et en Roumanie, le groupe élargit son périmètre et acquiert sa 11e usine. Sa stratégie : entrer sur le marché ibérique et "aller sur le segment des fenêtres aluminium puisque 70 % des fenêtres en Espagne et au Portugal le sont dans ce matériau", souligne Marc Daeffler. Pour ce faire, après 18 mois de négociations, l’entreprise alsacienne a pris, dans le courant de l’année 2022, 49 % des parts de l’entreprise familiale Caixiave (400 salariés) détenue par deux frères et un neveu. "Au Portugal, c’est le numéro un des fenêtres PVC. Pourtant, le marché est dominé par la fenêtre en aluminium. Nous lançons donc un plan d’investissement de 50 millions d’euros dans l’usine (montant réparti à parts égales entre bâti et équipement, NDLR) pour y fabriquer des fenêtres en aluminium", détaille Johannes Tryba, président d’Atrya. Le dirigeant a aussi fait l’acquisition de huit hectares de foncier autour du site en prévision d’agrandissements futurs et projette de doubler les effectifs.
En raison de l’explosion de la production de fenêtres sur mesure pour le marché de la rénovation dans la péninsule ibérique, le chiffre d’affaires de l’entreprise portugaise a doublé en deux ans. "Avec 40 millions d’euros de chiffre d’affaires, le site représente 15 % du chiffre d’affaires de Tryba", évalue Marc Daeffler. Caixiave a vu dans cette prise de participation de la part de l’entreprise alsacienne "la puissance d’achat de Tryba et l’accompagnement digital (lire encadré) que déploiera le groupe là-bas", estime quant à lui Johannes Tryba.

Coût des matières premières

L’entreprise de menuiserie, consommatrice de matières premières, doit composer avec les aléas en termes de disponibilité et de prix. "L’évolution du prix des conteneurs est symptomatique de la situation mondiale. Cela commence à se normaliser, tout comme les délais", constate Johannes Tryba. Le chef d’entreprise reste cependant prudent puisque cela peut préfigurer "une crise qui se prépare avec une peur du grand crash". Le cours de l’aluminium, matériau très utilisé dans le processus de fabrication de la menuiserie industrielle alsacienne, commence lui aussi à se normaliser. Pour autant, Marc Daeffler note avec lucidité "qu’il s’agit d’une matière transformée et extrudée en consommant du gaz. Sa transformation est réalisée principalement en Espagne". Ce pays étant aussi fortement touché par la crise énergétique, l’industriel alsacien s’attend à composer avec un matériau dont le coût continuera de fluctuer en raison de la variation des prix de l’énergie.

Sobriété énergétique

À l’échelle du groupe, l’activité industrielle est énergivore. Dans le contexte actuel, l’entreprise semble pourtant maîtriser les variables d’ajustement. "Par chance, nous n’utilisons pas trop de gaz dans notre processus de production. En parallèle nous lançons des études pour éventuellement installer des pompes à chaleur", souligne Johannes Tryba. Même si sur sa facture d’électricité, l’entreprise débourse un million d’euros supplémentaire, elle n’a pas enregistré d’impact sur le prix de la menuiserie en se donnant la latitude de réduire sa consommation d’énergie. "Dans chaque usine, il est possible de réduire nos consommations et le prix des matières premières est dans une tendance à la baisse, donc pour le moment, nous pouvons équilibrer", calcule Johannes Tryba. Le président du groupe familial souhaite aussi "être moins dépendant des spéculations appliquées sur les prix de l’énergie". Pour cela, il envisage l’installation de panneaux photovoltaïques sur l’usine alsacienne pour de l’autoconsommation. Sans en dévoiler le montant, l’entreprise estime "que l’investissement sera rentable en trois ans". Le prochain décret d’application pour favoriser l’autoconsommation des entreprises devrait faciliter la démarche de Tryba.

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