Côtes-d'Armor
L’agroalimentaire costarmoricain renforce ses stratégies pour recycler l’eau
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L’agroalimentaire costarmoricain renforce ses stratégies pour recycler l’eau

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L’annonce de l’autorisation du recyclage de l’eau, dans le cadre du Plan Eau d’Emmanuel Macron, était très attendue par les entreprises agroalimentaires. Elle ouvre de nouvelles perspectives qui vont renforcer les dispositifs déjà mis en place, par exemple, à la Cooperl, chez Laïta et Entremont.

Maëlle Fisselier, chargée d’études eau et environnement de la Cooperl, a présenté les actions de la coopérative en matière d’économie d’eau début avril, à l’invitation de l’ABEA — Photo : Néréa Brouard

Réunis via l’Association des entreprises agroalimentaires bretonnes (ABEA) au sein du collectif "Eau propre", trois groupes implantés dans les Côtes-d’Armor, Laïta, Cooperl et Entremont, ont développé ces dernières années des dispositifs afin de réduire leur consommation en eau. L’annonce du Plan Eau d’Emmanuel Macron et la levée des freins réglementaires autour du décret "Reuse", qui régit la réutilisation des eaux usées traitées, ouvrent de nouvelles perspectives : le recyclage de l’eau dans les entreprises.

Au sein du groupe Cooperl (basé à Lamballe, CA 2022 : 2,45 milliards d’euros, 31 sites en France dont 4 dans les Côtes-d’Armor), "les actions pour économiser l’eau sont au cœur de nos engagements depuis de nombreuses années ", affirme Maëlle Fisselier, chargée d’études eau et environnement du groupe. "Notre site principal à Lamballe est un exemple concret de cette démarche car les eaux industrielles sont traitées sur place par une station de régénération. Plus de 850 000 m³ d’effluents y transitent chaque année. Il permet d’obtenir une eau de qualité équivalente à celle de l’eau potable en réseau."

Deux projets chez la Cooperl

L’industrie de la viande à Lamballe consomme à elle seule 530 000 m3 par an. "Nous avons progressé avec une réduction de 19 % de cette consommation depuis 2019", poursuit Maëlle Fisselier. "Grâce aux nouvelles perspectives du décret "Reuse", deux projets importants pourront voir le jour. Le premier permettra d’alimenter l’atelier boyauderie qui consomme à lui seul 25 % de l’eau nécessaire au process de l’atelier viandes. On prévoit une économie de 80 000 m³ par an. Le second projet, avec également un potentiel de réduction de 80 000 m³ annuel, a pour vocation de substituer l’eau du réseau entrant sur les chaudières par l’eau que nous recyclons."

Chez Laïta (CA : 1,6 Md€, 7 sites industriels dont 3 en Côtes-d’Armor), "une expérimentation a été conduite sur le site d’Yffiniac avec la start-up Thrasos", met en avant Vincent Videau, responsable de la gestion des risques industriels pour la coopérative laitière. "Elle nous a permis de réaliser 5 % d’économie de consommation en eau grâce à la mise en place d’une plateforme d’optimisation par intelligence artificielle des stations de nettoyage en place entre 2021 et 2022. 450 000 m³ supplémentaires sont envisageables avec le nouveau décret du Plan Eau. Soit une économie de 15 à 20 % de la consommation globale grâce au recyclage des eaux en interne."

2,6 millions d’euros investis en 2023 par Entremont

La chasse aux économies d’eau est également une priorité pour Entremont (CA 2022 : 900 M€, 9 sites dont 3 dans les Côtes-d’Armor). "Il faut savoir que nos process nécessitent de nettoyer régulièrement nos citernes, tanks, écrémeuses pour maintenir un niveau d’hygiène et de qualité irréprochable", souligne Nathalie Le Clézio, responsable environnement et sécurité des biens pour l’entreprise laitière. "Soit 30 à 2 000 m³ selon les sites, l’équivalent d’une ville de 200 à 13 000 habitants. Depuis 2019, nous avons défini une feuille de route pour réduire nos impacts environnementaux. Concernant l’eau, nous visons une diminution de 20 % d’ici 2030." Parmi les actions mises en place : des compteurs d’eau et relevés journaliers, la sensibilisation du personnel, l’optimisation des nettoyages sous contrôle sanitaire, la recirculation en circuit fermé de certaines boucles d’eaux techniques. "Pour ce dernier point, cela peut représenter des volumes, par site, allant jusqu’à 70 000 m³ par an. L’investissement pour la réduction de la consommation en eau était de 860 000 euros pour une économie de plus de 250 000 m³ en 2022. Pour 2023, il s’élève à 2,6 millions d’euros pour une économie de plus de 260 000 m³."

Côtes-d'Armor # Agroalimentaire # Production # Investissement # RSE