C’est un démarrage fulgurant auquel Geoffroy Mordelet ne s’attendait pas. Le président de Jo’ker Services, prestataire de services qui met à disposition des entreprises du secteur des opérateurs de découpe, désossage, parage et conditionnement de viande, devait signer un quatrième client en janvier. Lorsqu’il a commencé son activité, en avril 2021, la jeune PME comptait quatre personnes. Mi-janvier, ils étaient 65. Et le chiffre d’affaires arrêté au 31 mars 2022, qui s’élève à 810 000 euros, devrait être triplé en 2023 : 2,5 millions d’euros sont attendus.
Pourquoi une telle croissance, alors que des entreprises historiques occupaient le marché ? "Il y a de la demande, le personnel est vieillissant chez nos clients et la pénibilité rend difficile les recrutements", explique le chef d’entreprise âgé de 33 ans, qui se prévaut cependant de 17 années dans le métier. "J’avais un nom dans le métier et le fait d’être un nouvel arrivant sur le marché a intéressé les clients. Mais je ne m’attendais pas à une telle croissance."
Un quatrième client
Le Costarmoricain a su cependant s’y adapter en structurant son entreprise. Dans les locaux de la pépinière Cap Entreprises qu’il occupe à Trégueux, il a recruté des chefs d’équipes, un responsable technique, un chargé de mission, une assistante de direction et un responsable du recrutement. Ce dernier poste, qui se double d’un autre équivalent en Roumanie, se révèle particulièrement stratégique. "50 % de nos salariés sont Roumains. Ils ne sont pas des travailleurs détachés mais sont en CDI, la législation est française. Ils sont déjà formés ou nous les formons", explique Geoffroy Mordelet qui, lui, a quitté les chaînes pour s’occuper de sa PME.
Autre explication de la capacité de recruter pour Jo’ker Services, le paiement à la tâche, selon le tonnage ou la pièce. "Cela représente un salaire plus attractif", souligne le chef d’entreprise. "Mais nous restons dans la réalité de ce qui peut être fait."
La jeune PME propose des contrats à l’année. Ses trois premiers clients sont des gros acteurs régionaux de l’agroalimentaire. Le quatrième client est un laboratoire. Outre le fait d’avoir des renforts disponibles quand nécessaire, cela permet aussi aux clients de ne pas avoir à former ces employés "à durée déterminée", ni de s’occuper de la partie administrative de cette main-d’œuvre. "Nous n’avons pas d’objectif précis de développement, tant que nous continuons à trouver du personnel."