Haut-Rhin
La création d'une filière du lin en Alsace soutenue par l'État
Haut-Rhin # Industrie # Production

La création d'une filière du lin en Alsace soutenue par l'État

S'abonner

Le projet de l’industriel textile alsacien Pierre Schmitt et du fabricant haut-rhinois de machines textiles N. Schlumberger va être soutenu par l’État. Le relance d'une filière du lin française depuis l'Alsace est lauréate du fonds d’aide à la relocalisation industrielle.

Une filature de lin d'occasion a été installée dans l'usine Emanuel Lang, dans le Haut-Rhin. Elle doit bientôt être rejointe par deux versions plus modernes — Photo : Charlotte Stiévenard

La réimplantation d’une filière du lin en Alsace va pouvoir passer à la vitesse supérieure. Le projet FL-ECO pour Fibres Libériennes-ECO (lin, chanvre, orties, sisal, …) de l’industriel alsacien Pierre Schmitt et du fabricant de machines textiles haut-rhinois N. Schlumberger est lauréat d’un appel à projets doté de 600 millions d’euros dans le cadre du fonds d’aide à la relocalisation industrielle du plan France Relance.

"La France est le leader mondial de la production de lin et nous avons supprimé le premier stade de valorisation sur ce territoire", se désole Pierre Schmitt, qui souhaite résoudre cette équation en réinstallant une filature de lin en Alsace. L’industriel est à la tête de deux des trois usines dans le Haut-Rhin qui participent au projet FL-ECO : Emanuel Lang (CA 2020 : 3 M€, 30 collaborateurs) à Hirsingue, et Velcorex (CA 2020 : 17 M€, 95 collaborateurs) à Saint-Amarin. Ces spécialistes du textile investissent en tout 10 millions d’euros, dont environ un quart sera donc financé par ce fonds public.

Moderniser les continus à filer au mouillé

"Nous allons installer une nouvelle génération de continus à filer au sec et une nouvelle génération de continus à filer au mouillé chez Emanuel Lang", explique Pierre Schmitt. Début 2020, il avait déjà racheté un continu à filer au sec à une usine hongroise, produit il y a une trentaine d’années par le spécialiste des machines textile N. Schlumberger (CA 2019 : 41 M€, 200 collaborateurs) à Guebwiller (Haut-Rhin). "Ce matériel d’occasion nous a permis de prouver la faisabilité de notre projet", se réjouit Pierre Schmitt.

De nouvelles machines plus modernes et plus performantes seront produites par N. Schlumberger, qui investit 3,3 millions d’euros (30 à 37 % subventionnés dans le cadre de l’appel à projet), principalement en R & D. Avec les continus à filer au mouillé qui utilisent de l’eau et permettent d’obtenir des fils plus fins, le spécialiste des continus à filer au sec se lance dans un nouveau domaine. "Ces continus au mouillé étaient la spécialité de la société irlandaise Mackie, qui a existé jusque dans les années 1970, avec une technologie ancienne et très mécanique, avant d’être produites en Chine", indique Étienne Leroi, le directeur général. Selon lui, les nouveaux modèles de la société guebwilleroise devraient être prêts d’ici trois à quatre ans.

Le marché des matériaux biosourcés

Alors que la filature rapatriée de Hongrie permet de produire 150 tonnes de fil de lin par an, les deux nouveaux continus permettront d’atteindre une production de 500 et 1 000 tonnes par an. L'entreprise Velcorex, qui réalise le traitement, le nettoyage et les finitions des tissus, sera elle aussi dotée de nouveaux équipements adaptés à cette fibre longue. L’objectif est de produire des tissus pour le marché de l’habillement, pour la maroquinerie, mais aussi des matériaux biosourcés. "Nous avons beaucoup de demandes. Nous assistons à une mutation qui va permettre de remplacer la fibre de verre et les dérivés du pétrole", précise Pierre Schmitt.

Une levée de fonds participative d’environ trois millions d’euros lancée par Pierre Schmitt pour cofinancer ce projet doit être clôturée début avril. Il s’agit d’emprunts obligataires rémunérés et remboursés au fur et à mesure.

Haut-Rhin # Industrie # Textile # Production # Investissement