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GRTgaz va bâtir en Moselle un des premiers réseaux d’hydrogène transfrontalier
Moselle # Production et distribution d'énergie # Transition énergétique

GRTgaz va bâtir en Moselle un des premiers réseaux d’hydrogène transfrontalier

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Le gestionnaire du réseau français de gaz GRTgaz donne en ce début d’année un coup d’accélérateur au projet de réseau de transport d’hydrogène qui reliera la plateforme de Carling-Saint-Avold (Moselle) à la sidérurgie allemande.

Les 91 kilomètres de réseau seront composés aux deux tiers de canalisations existantes reconverties — Photo : Creos Deutschland

L’hydrogène renouvelable qui sera produit à l’horizon 2028 sur la plateforme de Carling-Saint-Avold, en Moselle, voyagera dans un réseau de canalisations transfrontalier pour aller décarboner la sidérurgie sarroise. Le gestionnaire français GRTgaz organise actuellement des réunions publiques afin de présenter la future infrastructure de transport dont les 91 kilomètres seront composés pour un tiers de nouvelles canalisations, pour deux tiers de canalisations existantes qui seront converties au transport d’hydrogène. Baptisé Mosahyc (Moselle Sarre hydrogen conversion), ce projet porté par GRTgaz et son homologue allemand Creos Deutschland était en gestation depuis 2019. Et pour cause, l’investissement avoisine les 100 millions d’euros.

Une aide exceptionnelle

"Mosahyc attendait son premier client majeur pour se mettre en place. C’est chose faite avec la sidérurgie sarroise", se réjouit Vincent Rousseau, délégué territorial Nord-Est chez GRTgaz. Le 11 décembre dernier, le ministre allemand de l’Économie, Robert Habeck a en effet annoncé débloquer une aide exceptionnelle de 2,6 milliards d’euros destinée à soutenir le plan de décarbonation des aciéries du groupe SHS (Stahl Holding Saar) en Sarre. Le groupe est connu de ce côté-ci de la frontière pour avoir racheté l’aciérie Ascoval (Nord) et le laminoir à rails de Hayange (Moselle) rebaptisé Saarstahl Rail. Il prévoit d’investir 3,5 milliards d’euros sur ses sites de Dillingen et Völklingen pour réduire de 55 % leurs émissions de CO2 d’ici 2030. Pour ce faire, il va notamment substituer l’hydrogène aux énergies fossiles dans ses hauts-fourneaux.

Le projet "le plus avancé" en France

"Mosahyc intéresse aussi les secteurs de la chimie, de la fabrication d’engrais et bien d’autres, en Allemagne mais aussi sur le versant français", complète Vincent Rousseau, dès lors que ses consommateurs remplissent les critères "d’industries énergivores, mais pas de très haute température". Le délégué territorial Nord-Est chez GRTgaz considère le futur réseau comme le projet d’infrastructures de transport d’hydrogène "le plus avancé" en France.

Un autre projet en Alsace

Le déploiement d’un réseau national, représentant un total de 500 kilomètres, a été évoqué par l’ex-ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, en décembre dernier, lors de la présentation des contours de la nouvelle stratégie hydrogène. Il comprend un second projet dans le Grand Est, le projet Rhyn (Rhine hydrogen network), un réseau de 100 kilomètres en Alsace, avec une connexion vers l’Allemagne et potentiellement la Suisse.

Corridor européen

Ces projets de corridors hydrogène transfrontaliers bénéficient également de l’appui de l’Union européenne. La Commission a en effet rendu public, le 28 novembre, une nouvelle liste de projets énergétiques d’intérêt commun, dont Mosahyc et Rhyn.

Tout n’est pas encore arrêté. Les subventions de l’Etat fédéral allemand au sidérurgiste SHS restent soumises au feu vert de Bruxelles. Mais les énergéticiens s’organisent d’ores et déjà à Carling-Saint-Avold pour injecter les premiers mètres cubes d’hydrogène à l’horizon 2028 dans le réseau. Cet automne, Verso Energy, la société cofondée par l’ex-patron de Direct Énergie, et GazelEnergie, l’exploitant de la centrale au charbon de Saint-Avold, ont annoncé y injecter respectivement 450 et 480 millions d’euros dans des électrolyseurs.

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