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Futerro investit 500 millions d’euros dans une usine de bioplastique
Seine-Maritime # Plasturgie # Investissement industriel

Futerro investit 500 millions d’euros dans une usine de bioplastique

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Futerro, spécialiste belge de la fabrication de plastiques biosourcés, s’associe avec le groupe coopératif sucrier français Tereos pour mener à bien son projet d’usine de production de bioplastique à Port-Jérôme-sur-mer. Avec à la clé un investissement de plus de 500 millions d’euros et la création de plusieurs centaines d’emplois en région.

La future unité de production de Futerro disposera d’une capacité de production annuelle de 75 000 tonnes de PLA — Photo : DR

Les dirigeants de Futerro et de Tereos l’assurent, l’accord d’approvisionnement conclu entre les deux acteurs industriels et la mise en place de la première usine européenne de recyclage moléculaire est "une première en Europe." Et pour acter leur démarche, la direction de la société belge Futerro, spécialiste de la production de plastiques biosourcés, est venue en Normandie, mi-avril 2024, confirmer la construction d’une usine destinée à la production de bioplastiques dans la zone industrielle et portuaire de Port-Jérôme.

Une plateforme circulaire et durable

La future bioraffinerie de Futerro sera la seconde du groupe après la construction de sa première usine de PLA (acide polylactique) en Chine en 2021. Un projet de plateforme bio-industrielle, circulaire et durable, dédiée à la chimie verte et "entièrement intégrée", se félicite Frédéric Van Gansberghe, directeur général de Futerro, et que la société belge compte donc mener en partenariat avec le groupe coopératif sucrier français Tereos (qui commercialise aussi des amidons et de l’alcool dans 155 pays), deuxième groupe sucrier mondial (11 200 agriculteurs membres ; 6,6 Md€ de CA ; 43 sites industriels).

Circuit court

L’objectif de l’accord conclu entre les deux nouveaux partenaires est de concentrer en circuit court, sur un même territoire géographique, l’extraction du dextrose (issu de blé durable français) puis sa transformation en plastique biosourcé, industriellement compostable et recyclable. Une ambition rendue possible grâce au site de Tereos implanté à Lillebonne (176 salariés) et qui produit 800 000 tonnes de blé transformées par an, tout en se positionnant comme le troisième acteur du marché amidonnier européen.

Produire un plastique biosourcé, recyclable et compostable

Selon l’accord signé entre Futerro et Tereos, le groupe sucrier s’engage à fournir chaque année à Futerro 150 000 tonnes de dextrose issu d’amidon de blé, produites directement sur le site de Lillebonne pour fournir la future bioraffinerie de Port-Jérôme. "Ce partenariat stratégique, couvrant un besoin annuel important en dextrose pour Futerro, permettra ainsi de soutenir la filière agricole française, en offrant aux producteurs de blé un débouché supplémentaire, en croissance, et valorisant leur production. Avec ce partenariat, notre site de Lillebonne devient une vraie plateforme bio-industrielle", se félicite Olivier Leducq, directeur général de Tereos. Une matière première qui permettra à Futerro de produire diverses biomolécules plateformes (molécules issues de matière première renouvelable qui servent de base à la synthèse d’autres molécules et polymères, NDLR) pour la production d’acide lactique et lactide, ainsi que d’un plastique biosourcé, recyclable et compostable, le PLA.

Un nouveau polymère

Nouveau biopolymère, le PLA est biosourcé et ne fait pas appel à des ressources fossiles. Il est moléculairement recyclable à l’infini "sans altération de sa qualité", précise la direction de Futerro. De plus, ses propriétés mécaniques peuvent remplacer de nombreux pétroplastiques, avec des applications dans le domaine automobile, dans le secteur agricole, le textile, ou encore les bouteilles en plastique, les couverts et autres brosses à dents… "Et nous travaillons sur de nouvelles applications pour faire grandir le marché", assure le directeur général de Futerro. "Nous décrivons notre polymère comme le premier plastique bio-renouvelable. Issu du carbone végétal, il peut être recyclé facilement et écologiquement pour obtenir un polymère vierge de la même qualité que son premier cycle de vie : c’est une caractéristique unique", explique Frédéric Van Gansberghe.

Un investissement de 500 millions d’euros

La bioraffinerie de Futerro représente un investissement de plus de 500 millions d’euros, et comprendra une unité de transformation d’acide lactique de matières premières d’origine agricole, une unité de conversion PLA et une unité dédiée au recyclage moléculaire du PLA. Avec, au total, une capacité de production annuelle de 75 000 tonnes de PLA et 125 000 tonnes d’acide lactique. Sachant que l’usine chinoise de Futerro dispose d’une capacité totale de 100 000 tonnes par an de PLA et de 200 000 tonnes d’acide lactique.

30 millions d’euros pour adapter le site de Lillebonne

Le projet, qui prendra place sur un terrain de près de 27 hectares, situé sur la commune de Saint-Jean-de-Folleville, sur la zone industrielle de Port-Jérôme, prévoit la création de 250 emplois directs et de 900 emplois indirects "autour de la chaîne de valeur que portent désormais les deux sociétés", précise le directeur général de Futerro. De son côté, le groupe Tereos annonce un investissement de 30 millions d’euros destiné à adapter le site de Lillebonne aux besoins de ce nouveau partenariat. "Ce partenariat avec Futerro annonce la création d’une nouvelle filière industrielle autour de la chimie verte et renforce notre présence sur ce marché d’avenir", souligne Olivier Leducq.

Un emplacement stratégique

L’industriel reconnaît que la disponibilité d’un grand site industriel "avec la possibilité d’augmenter la capacité de production", a fait partie de ses principaux critères de choix. Il met aussi en avant la présence de matières premières agricoles, l’accès à une énergie décarbonée (électricité), l’accès à la voie navigable et "les multiples possibilités logistiques offertes par le terminal Radicatel et le port du Havre", ainsi que les compétences techniques dans les secteurs de la chimie et des polymères présentes sur le territoire. "Nous avons envisagé de nombreux sites pour cette première unité européenne. Nous avons beaucoup apprécié la manière dont les autorités locales et les élus nous ont aidés à étudier l’emplacement de notre projet dans la zone portuaire de Port-Jérôme", explique Frédéric Van Gansberghe, directeur général de Futerro. Un projet pour lequel le plasturgiste belge espère la pose de la première pierre en 2025 pour un démarrage de l’usine prévu en 2027.

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