Spécialiste de la propreté, Corser veut doubler de taille d’ici cinq ans
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Spécialiste de la propreté, Corser veut doubler de taille d’ici cinq ans

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Spécialiste de la propreté et du nettoyage basé à Quimper, Brest et Lorient, la PME Corser veut se développer tout en restant sur son territoire. Cette entreprise à fort potentiel a été sélectionnée par Bpifrance pour intégrer son accélérateur. Elle a ainsi pour objectif de doubler de taille en cinq ans.

— Photo : © Isabelle Jaffré

« Nous sommes très heureux d’intégrer ce programme ! » Les deux dirigeants de la PME quimpéroise Corser, Maxime Laizé et Nicolas Le Bars, ont le sourire. L’entreprise qu’ils ont reprise en 2018, vient d’être sélectionnée par Bpifrance pour rejoindre la sixième promotion de son accélérateur, aux côtés d’autres entreprises comme les bretonnes OmniMetal, Siepel ou encore le groupe La Source. Un outil qui devrait permettre à la PME de 7,4 millions d’euros de chiffre d’affaires et 380 salariés (420 ETP) de se développer encore plus vite. « Le programme est un accélérateur : c’est vraiment le bon mot », note Nicolas Le Bars.

Corser vient d’achever la première étape du programme : le diagnostic. « Les experts de Bpifrance sont vraiment très pointus », découvrent les deux dirigeants. L’un de ces experts a examiné les chiffres de Corser mais aussi interrogé des salariés, des clients. « Il va identifier les forces et faiblesses de l’entreprise et quelques axes de travail. Nous en choisirions deux ou trois sur lesquels nous allons nous concentrer », explique Nicolas Le Bars. En parallèle, pendant deux ans, les deux dirigeants vont suivre des séminaires à Paris avec leurs collègues de promotion. Corser aura aussi accès aux réseaux de Bpifrance, à des données, des spécialistes, etc. « On sent également une écoute plus attentive sur nos besoins de financements ! », constatent les deux patrons. De quoi réussir leur pari : doubler la taille de Corser dans les cinq prochaines années tout en restant sur son territoire : le Finistère et le Morbihan.

Concessionnaire sur le nettoyage des sinistres

Si l’entretien courant des locaux des entreprises représente 80 % de l’activité de la société, Corser s’est diversifié sur deux autres marchés ces dernières années. Démarrés en 2016, les travaux spéciaux se sont développés jusqu’à atteindre 18 % de l’activité. « Il s’agit de nettoyage de bardages, de fin de chantier pour les entreprises comme pour les particuliers, précise Nicolas Le Bars. En ce moment, nous travaillons sur le chantier de la plateforme logistique de la Sica de Saint-Pol : 66 000 m² à nettoyer ! »

Photo : © Corser

Fin 2019, les deux gérants sont entrés sur le marché des nettoyages suite à des sinistres : recherche de fuites, dégâts des eaux, décontamination après incendie, etc. La part de la nouvelle activité dans le chiffre d’affaires de la PME reste aujourd’hui minime à 2 %, mais les dirigeants visent un million d’euros de chiffre d’affaires d’ici 5 ans. Corser ne s’est cependant pas lancé seul sur ce secteur qui demande beaucoup de compétences. « Nous avons intégré un réseau après avoir rencontré le dirigeant de l’entreprise normande CTSA, qui fait ce métier depuis plus de 30 ans », raconte Maxime Laizé. Corser a été le premier concessionnaire en France de CTSA, la société quimpéroise a l'exclusivité de la marque dans le Finistère et le Morbihan.

Corser a choisi de se resserrer sur ces deux départements pour mieux se développer. « Nous voulons être incontournables sur notre territoire : Brest-Quimper-Lorient. Le nettoyage est un marché de proximité », analysent les deux associés. « Il n’y a pas de statistiques sur notre secteur. Il est compliqué de connaître nos parts de marché. Certains de nos concurrents disent que nous sommes les leaders, plaisantent-ils. C’est qu’on ne doit pas en être loin, au moins sur les contrats d’entretien. »

Recruter pour grandir

De façon organique, Corser connaît une croissance annuelle entre 10 et 15 %. Malgré la crise du coronavirus, 2020 restera une bonne année. Pendant le confinement, 60 % des clients de Corser se sont arrêtés. Si l’entreprise a suspendu ses contrats pour ne pas plomber la trésorerie de ses clients fermés, ses équipes ont tout de même poursuivi leur travail pour les autres. « Nos salariés ont été le bras armé de la désinfection, y compris dans des cabinets médicaux », saluent Nicolas Le Bars et Maxime Laizé. Ce dernier avait réussi à anticiper la crise. « Maxime a eu de l’instinct, raconte son associé. Deux semaines avant l’arrivée du Covid-19, il avait écrit un protocole à suivre avec les EPI (équipement de protection individuelle) à mettre, les gestes barrières à réaliser, etc. Cela a rassuré nos salariés mais aussi nos clients. Sa clairvoyance nous a évité de subir l’épidémie. » La fidélité de l’entreprise a ses fournisseurs lui a aussi permis d’être réapprovisionnée rapidement en équipement, gel et masques. « Nous avons même dépanné certains de nos clients. Nous n’avions jamais fait cela auparavant, indique Nicolas Le Bars. Sur cette période, notre satisfaction, c’est que nous n’avons eu aucun cas de Covid-19 tout en rendant service à nos clients. »

Corser a même réussi à en conquérir de nouveaux grâce au bouche-à-oreille. « Ils sont venus nous chercher. En effet, nous n’avons pas d’action commerciale active, précise Nicolas Le Bars. Si nous démarchions, nous prendrions le risque de ne pas pouvoir honorer les contrats ! ». Car le principal frein au développement de l’entreprise reste aujourd’hui le recrutement. « Cet été a été catastrophique, même si cela reprend un peu depuis la rentrée. » La prise de conscience de l’importance des petites mains, de la caissière à l’éboueur en passant par le cœur de métier de Corser, les agents de propreté, n’a pas changé sur le long terme la réputation du métier : horaires décalés, temps partiels, peu de possibilités d’évolution…

Des binômes pour des temps complets

Pour améliorer l’image et augmenter sa visibilité, la PME s’associe avec l’Association Jeunesse et Entreprises (AJE 29) et intègre ainsi des jeunes. Mais les deux patrons travaillent aussi en interne. La diversification de Corser est l’une des mesures mises en place. « Les travaux spéciaux et les sinistres permettent de proposer une évolution à nos salariés. Ils peuvent ainsi accéder à des formations qualifiantes et diplômantes sur ces métiers », expliquent Maxime Laizé.

Corser s’attaque aussi au temps partiel et au turn-over. « Nous avons mis en place des binômes. Au lieu de proposer quelques heures par-ci, par-là, nous faisons travailler les gens à deux. Ils ont à disposition un véhicule de l’entreprise. Le binôme enchaîne les chantiers pour atteindre 35 heures par semaine », relate Nicolas Le Bars. La formule a plusieurs bénéfices : travail en équipe, temps complet, simplification de l’emploi du temps, stabilité, etc. « Le véhicule permet aux salariés de ne plus supporter le coup de déplacement », ajoute-t-il. Corser a créé cinq binômes à Quimper et deux à Brest ; l’objectif est de les multiplier. Reste à convaincre les clients. « Il faut leur expliquer que ce n’est plus possible de faire travailler nos salariés uniquement avant leur ouverture et après leur fermeture, témoigne le patron. Plus personne ne veut travailler comme cela. D’autant plus qu’avec les équipements modernes, il est tout à fait possible de nettoyer sans gêner les gens dans les bureaux. Et au contraire, cela simplifie les relations et les échanges, car les gens se croisent directement. » Une décision sociale qui permet aussi à Corser de voir plus loin et plus grand.

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