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En Mayenne, la crise du bâtiment se fait moins sentir qu'au niveau national
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En Mayenne, la crise du bâtiment se fait moins sentir qu'au niveau national

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Le secteur du bâtiment entre dans une crise qui pourrait durer encore dix-huit mois, selon la FFB. Ce sont d’ici là 150 000 emplois qui pourraient être perdus en France. La Mayenne vit une autre conjoncture, avec un rebond des mises en chantiers de bâtiments non résidentiels et une relance des plans de logements collectifs.

Christophe Marchand, président de la fédération mayennaise, a reçu Olivier Salleron, président de la fédération française du bâtiment, à l'occasion des voeux le jeudi 11 janvier 2024 — Photo : Frédéric Gérard

La crise dans laquelle est entré le secteur du bâtiment pourrait durer. "On a déjà perdu 6 000 emplois en France depuis la fin 2023, on pourrait en perdre jusqu’à 150 000 d'ici à la fin du premier semestre 2025", craint Olivier Salleron, président de la Fédération française du bâtiment (FFB). Présent aux vœux de la fédération mayennaise, ce jeudi 11 janvier, le Périgourdin déplore "une approche stigmatisante du logement par les différents gouvernements ces dernières années" qui ne permet pas de contrecarrer la perte de dynamique due à l'augmentation du prix des matériaux, à l’inflation, à la hausse des taux d’emprunt et aux mesures de garantie qui "pénalisent les primo-accédants".

En Mayenne, un bond des chantiers dans le non résidentiel

En Mayenne, la situation est sensiblement différente. Si les constructions neuves individuelles diminuent légèrement, elles ont encore tendance à se stabiliser (-2,2 %). Et d’autres types de chantiers connaissent un rebond, ces trois derniers mois.
À date de septembre 2023, les autorisations pour la construction de collectifs ont bondi de 57,3 % en cumul annuel. "Il faut dire qu’on partait de très bas", remarque Christophe Marchand, le président de la FFB Mayenne. "L’activité a aussi été portée par des groupes extérieurs comme Bouygues, Nexity… qui n’opéraient pas dans le département jusqu’ici." Les mises en chantier ont sur la même période progressé de 25,4 %. "Il y avait un retard de quinze-vingt ans en Mayenne, commente-t-il. S’il est vrai qu’on n’a jamais vu autant de grues à Laval, c’est le cas aussi à Mayenne, où de gros chantiers sont en cours, mis en œuvre par des bailleurs, mais pas que."

Hors bâtiments résidentiels, une évolution significative des autorisations (+48 % en surfaces privées) mais surtout des mises en chantier (+46,5 %) a fait basculer la donne par rapport au mois précédent. "Il y a sans doute eu un attentisme et on voit là une relance, essaie d'analyser Christophe Marchand. Dans les bâtiments publics (NDLR : qui enregistre +12,5 %), il n’y a pas d’inquiétude pour les entreprises qui répondent aux appels d’offres. On est à mi-mandat municipal, c’est le bon moment pour lancer les grands chantiers."

La crainte d’effets en cascade liés au contexte du neuf

Malgré ces réalités plus encourageantes qu’ailleurs en France, le président de la FFB 53 n'élude pas la problématique de la baisse d'activité dans l'immobilier neuf. Il prédit même des effets "en cascade". "Dans nos villages ruraux, la démolition ou la rénovation très lourde ne sont pas forcément efficientes comme dans d’autres départements où le foncier est élevé. On ne va donc pas raser pour faire du neuf", analyse Christophe Marchand. Par répercussion, selon lui, avec un marché neuf en baisse, il y aura moins de ventes, donc moins de petites rénovations pour faciliter la cession d'un bien ou pour rafraichir les lieux à l'arrivée de nouveaux propriétaires, et peu de rénovations dans les logements sociaux. "Donc, il y aura moins d’activité pour les artisans."

Dans la région, le secteur de la rénovation-entretien a connu une hausse de plus de 4% en moyenne annuelle au troisième trimestre 2023. Mais les artisans prévoient déjà un tassement à partir de la fin du premier trimestre 2024.

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