"Aujourd’hui, on a une situation de chaud-froid", décrit Christophe Marchand, président de la Fédération française du bâtiment de la Mayenne (350 entreprises). "Nous avons une double information. L’une est positive, si on regarde le niveau d’activité, le carnet de commandes. Nous avons des apprentis dans les CFA, c’est une chance. Nous avons besoin de ces nouvelles positives". Mais plusieurs nuages viennent noircir le tableau. Les entreprises doivent faire face à la hausse des coûts des matériaux, "catastrophique pour les marges", et à la hausse du coût de l’énergie. Et "depuis trois semaines, la crise du Covid ajoute un absentéisme impromptu du personnel". Un ouvrier se trouve malade du jour au lendemain, ou parfois, il faut aller chercher un enfant à l’école dans la journée. "Cela ajoute des difficultés à un planning qu’on a déjà du mal à tenir. Cela crée des tensions, et entraîne un sentiment d’usure des entrepreneurs", poursuit Christophe Marchand.
Un courrier aux maîtres d’ouvrage
Ce sentiment n’est pas facile à partager puisque, vu de l’extérieur, "on ne devrait pas se plaindre", comparé à des secteurs sinistrés comme l’événementiel ou le tourisme, ou surmenés comme la santé. Donc, "cela fait deux ans qu’on bosse et qu’on se tait." Mais, ces temps-ci, l’accumulation des aléas devient lourde à gérer. Les retards de chantiers peuvent entraîner des pénalités, selon les contrats qui les encadrent. C’est pourquoi la FFB Mayenne a pris sa plume pour adresser un courrier aux principaux maîtres d’ouvrage (souvent publics) afin qu’ils n’appliquent pas de pénalités. Les entreprises concernées apporteraient des justificatifs (mails de fournisseurs, arrêts de travail, etc.). La commande publique représentait 41 % du chiffre d’affaires au 2e semestre 2021. Mais l’appel à la tolérance s’adresse aussi à tous les maîtres d’ouvrage privés, à ceux qui conduisent des chantiers de rénovation (45 % de l’activité), etc.
Une conjoncture au second semestre 2021 ressentie comme favorable
En chiffres, 2021 a connu un rebond de l’activité en Mayenne : dans le neuf, +33 % des logements autorisés (+57 % de surfaces), +46 % des logements commencés (+139 % de surfaces). La progression est forte, même par rapport à 2019, mais c’est une donnée à relativiser, selon Christophe Marchand. "On sort de dix ans d’activité faible en Mayenne". L’enquête de conjoncture auprès des adhérents fait ressortir que 72 % des entreprises ont rencontré des difficultés d’approvisionnement en matériaux. La moitié n’a jamais répercuté la hausse des prix. Près de 15 % des entreprises interrogées connaissent des difficultés de trésorerie au cours du 2e semestre 2021. Ce niveau est en hausse de cinq points par rapport au 1er semestre 2021. Toutefois, la conjoncture au 2e semestre 2021 est ressentie favorablement voire très favorablement par 84 % des sondés, en hausse de 1,5 point par rapport au 1er semestre 2021. Le secteur emploie 7 000 salariés et 645 intérimaires en Mayenne.
