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Fédération Française du Bâtiment Mayenne : « Nous avons besoin de retrouver confiance et visibilité »
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Christophe Marchand président de la FFB 53 Fédération Française du Bâtiment Mayenne : « Nous avons besoin de retrouver confiance et visibilité »

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Élu en octobre 2020 à la présidence de la Fédération française du bâtiment en Mayenne (FFB 53), Christophe Marchand entame son mandat par une nouvelle période de confinement. Si les entreprises locales sont en mesure d’absorber le premier choc, elles attendent néanmoins un retour des commandes publiques et privées.

Dirigeant de Marchand Décoration (3,5 M€ de CA, 45 salariés) à Mayenne, Christophe Marchand prend la présidence de la FBB 53. La fédération réunit 400 adhérents mayennais, dont 70 % d'entreprises de moins de 10 salariés — Photo : Cédric Menuet - Le Journal des entreprises

Quel est l’état d’esprit des entreprises du bâtiment en Mayenne en cette fin d’année, après l’annonce de la nouvelle période de confinement ?

Elles ont un moral combatif et le sentiment d’avoir été agiles lors de la gestion du premier confinement. Malgré les cafouillages que nous avons pu rencontrer au printemps dernier, nous entrons à présent mieux armés dans cette crise avec les bons process, le matériel et des équipes formées. Les entreprises se posent donc aujourd’hui moins de questions existentielles. Côté activité, les chantiers ont bien repris depuis l’été et les carnets de commandes sont à un niveau moyen, ce qui procure de la visibilité aux entreprises jusqu’à mi 2021. Tout cela nous donne une certaine force d’inertie pour affronter cette nouvelle vague. La dynamique devrait donc se poursuivre cet hiver. Toutefois, quelques voyants oranges s’allument. Les prix sur les appels d’offres repartent déjà à la baisse alors qu’ils n’avaient pas eu le temps de remonter. Nous constatons également un recul des demandes de permis de construire, une diminution des dossiers à l’étude dans le gros œuvre, ainsi que quelques reports de chantiers industriels. Rien d’alarmant toutefois, car nous n’avons pas l’urgence de la survie comme dans certains métiers.

Les différentes mesures prises par l’État aident-elles à amortir le choc ?

Tout à fait, bien que l’on puisse s’interroger sur l’effet bombe à retardement des Prêts garantis par l’État. Beaucoup d’entreprises y ont eu recours. À la Fédération, nous les avons aussi incités à solliciter ces PGE mais en recommandant de ne pas les utiliser. Certaines entreprises pilotent encore sur le fil car elles restent appauvries par la crise de la dernière décennie. Leurs trésoreries restent faibles tandis que notre secteur connaît des tensions sur les prix. Il faut donc rester vigilants. Quant au plan de relance, nous sommes en plein dedans ! Il est très tourné vers la rénovation énergétique, des choses que nous maîtrisons. Néanmoins il y a un oubli, la construction neuve. Le maintien des aides à l’investissement dans l’immobilier locatif comme le prêt à taux zéro et le dispositif Pinel nous aiderait.

Y a-t-il des chantiers en cours en Mayenne qui apportent un peu d’oxygène aux entreprises ?

Des projets d’importance comme l’Espace Mayenne arrivent maintenant à leur terme. Il y a encore des bâtiments tertiaires à venir dans le quartier de la gare à Laval, mais globalement les entreprises profitent davantage des grands chantiers des départements voisins, comme à Rennes, ou Paris, avec le projet du Grand Paris. Nous comptons donc sur les nouvelles équipes municipales pour qu’elles relancent rapidement les chantiers de court terme de type mises aux normes ou encore rénovations. Nos entreprises en ont besoin.

Quel message voulez-vous faire passer aux collectivités locales ?

Nous vivons sur le moral et l’envie d’investir des professionnels et des particuliers. Nous attendons des collectivités qu’elles maintiennent ce moral en activant les commandes publiques. Nous comptons également sur elles pour jouer un rôle de facilitateur auprès des services de l’État pour faire avancer certains dossiers. Nous avons besoin de retrouver confiance et visibilité.

Côté emploi, comment se porte la filière mayennaise ?

Nous sommes satisfaits des mesures d’aides à l’apprentissage, qui répondent à nos besoins. La rentrée 2020 au CFA du bâtiment à Laval a été bonne avec des effectifs en hausse. Globalement, nos métiers ont une meilleure image grâce à l’amélioration des conditions de travail. Le déconfinement nous y a même aidés, avec des normes sanitaires qui ont permis des chantiers mieux organisés et plus propres. Malgré tout, nous avons toujours des difficultés de recrutement.

Avez-vous des pistes d’amélioration ?

L’apprentissage est la solution, nous sommes tous d’accord là-dessus. Mais cela ne suffit pas face à la demande en personnel de nos adhérents. En plus de la formation initiale, nous travaillons donc sur la reconversion professionnelle, ce qui nous pousse à développer la formation pour les adultes. Nous avons aussi un volet insertion où nous travaillons avec des migrants, malgré les difficultés administratives liées à la régulation de leurs papiers.

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