Pays de la Loire
Hélène Bourcier (FFB Pays de la Loire) : "Je constate l’absence de politique du logement du gouvernement"
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Hélène Bourcier présidente de la Fédération française du bâtiment des Pays de la Loire "Je constate l’absence de politique du logement du gouvernement"

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Hélène Bourcier, 50 ans, prend les rênes de la Fédération française du bâtiment des Pays de la Loire. Alors que l’on observe une baisse des permis de construire (-26 % sur un an) et un effondrement des ventes de logements neufs (-40 % sur un an), la nouvelle présidente de la FFB Pays de la Loire réclame au gouvernement un "plan logement sur 5 ans" pour répondre au besoin des habitants.

Hélène Bourcier, présidente de la FFB Pays de la Loire — Photo : David Pouilloux

Vous venez d’être élue présidente de la Fédération française du bâtiment des Pays de la Loire. Pouvez-vous vous présenter ?

J’ai 50 ans et je codirige avec mon mari une PME de maçonnerie, toiture, assainissement, à Champ-Saint-Père, en Vendée. Je suis encore pour quelques mois la présidente de la Fédération française du bâtiment pour le département de la Vendée, et désormais celle des Pays de la Loire. Nous sommes deux femmes à occuper cette fonction, en région, et 12 au niveau d’un département. La Fédération française du bâtiment des Pays de la Loire compte 2 500 membres, représente 44 000 salariés, soit environ la moitié des effectifs du bâtiment dans notre région. 80 % de nos adhérents sont des TPE. Ce secteur d’activité a généré 9,3 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2022.

Dans quel contexte économique se trouve aujourd’hui le bâtiment ?

Le contexte est très tendu. Nos entreprises tournent à plein, pour nombre d’entre elles, en raison des nombreux permis de construire délivrés en 2021. Mais les entreprises du bâtiment sont inquiètes pour l’avenir, pour 2024 et 2025. Depuis le début de l’année, la construction de logements neufs est entrée dans un cycle de forte baisse. Entre mai 2022 et avril 2023, 26 600 logements ont été autorisés à la construction dans les Pays de la Loire. Ce volume est en baisse de 26 % par rapport aux douze mois précédents. La baisse des délivrances de permis de construire est la plus élevée depuis près de neuf ans. Elle est soudaine : il y a douze mois, les permis de construire étaient en croissance de 28 %. Par ailleurs, on observe une baisse de 40 % de la vente de logements neufs. Certains de nos concitoyens n’ont plus les moyens de s’acheter un logement, notamment les primo-accédants. En quatre ans, le prix d’un logement neuf a augmenté d’environ 20 %. La caisse des dépôts a dû acheter 47 000 logements neufs qui ne trouvaient pas preneurs et qui iront aux bailleurs sociaux.

Comment expliquez-vous cette situation ?

Plusieurs facteurs contribuent à cette augmentation du prix des logements : la hausse du prix des matériaux, l’inflation, la hausse des salaires, la pénurie de main-d’œuvre, la remontée des taux d’emprunt bancaire, les nouvelles normes énergétiques (RE 2022) qui obligent à améliorer les performances énergétiques mais qui augmentent le coût du mètre carré de 10 %, l’objectif "zéro artificialisation nette" qui crée une tension sur les prix du foncier qui va se raréfier… Aujourd’hui, nos donneurs d’ordre en matière de logement sont en difficulté, promoteurs ou constructeurs de maisons individuelles, et les entreprises qui travaillent pour eux vont être impactées à un moment ou à un autre.

Quelle est votre crainte ?

Dans ce contexte, c’est également l’ensemble du parcours résidentiel des Ligériens qui est mis à mal. Aujourd’hui, on trouve difficilement à se loger dans notre région, il faut le dire. C’est un frein au développement économique de notre région. Des salariés ne trouvent pas de logement là où il y a pourtant de l’emploi. Le besoin en logement est énorme, et depuis longtemps. Mais depuis quelques mois, les demandes de logement social explosent. Il faut apporter une réponse.

Vous êtes ainsi critique à l’égard du gouvernement…

Des dispositifs de soutien au bâtiment qui facilitaient l’achat ou l’accession à la propriété sont mis à mal… On constate un rabotage du prêt à taux zéro, la fin du Pinel annoncé sans nouveau dispositif à investissement locatif, Ma PrimRénov sans budget supplémentaire suffisant… Des gens qui avaient les moyens d’acheter ne les ont plus et restent dans leur logement, en location. Le secteur de la rénovation ou de l’entretien ne compensera pas la perte d’activité sur le logement neuf. Par ailleurs, des entreprises qui travaillaient sur la construction du neuf vont se redéployer sur la rénovation et perturber ce marché. On voit déjà que le nombre d’entreprises qui passent au tribunal de commerce augmente. Nous réclamons un plan logement sur 5 ans, régionalisé, qui nous donne de la visibilité et redonne confiance à la filière. Pour l’heure, je constate l’absence de politique du logement du gouvernement

Votre mandant de présidente s’étend sur 3 ans. Quelle est votre ambition ?

Je tiens à porter une vision, pour "les bâtisseurs de demain". Nous sommes aux côtés de nos dirigeants pour les faire progresser en compétences, sur le plan du management, de la gestion, de l’innovation, du recrutement, de la capacité à s’adapter aux tendances du secteur. Même si le contexte est difficile, nos besoins de recrutement sont là, avec 12 000 offres d’emploi. Il faut donner envie aux jeunes de venir dans le bâtiment.

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