Mayenne
La baisse d’activité dans le bâtiment commence à se faire sentir en Mayenne
Mayenne # Bâtiment # Conjoncture

La baisse d’activité dans le bâtiment commence à se faire sentir en Mayenne

S'abonner

Le président de la Fédération Française du Bâtiment en Mayenne, Christophe Marchand, appelle à des solutions pour soulager les entreprises du bâtiment qui vont devoir faire face à une chute d’activité l’année prochaine.

Christophe Marchand, président de la FFB Mayenne depuis 2020, réclame des dispositifs pour soutenir la construction mais aussi la rénovation qui représente 60 % de l’activité du bâtiment en Mayenne — Photo : Frédéric Gérard

Dans le secteur de la construction, une baisse d’activité a commencé à se faire sentir. Pas de quoi alarmer la Fédération Française du Bâtiment (FFB) en Mayenne, qui reste toutefois vigilante sur les mois à venir. "Le nombre d’entreprises à être dans le rouge est faible. Il faut dire que depuis trois ans, il n’y avait quasiment plus de défaillances, commente le président, Christophe Marchand. Mais cela augmente. Il y a un effet lié à la conjoncture. Il y a aussi la fin des aides d’État mises en place au printemps 2020, dont il reste les remboursements en cours (les prêts garantis par l’État, NDLR)". Entre baisse d’activité et investissements en cours, les trésoreries devraient se tendre.

La chute après un plus haut historique

En 2022, le chiffre d’affaires des entreprises du bâtiment en Mayenne s’est élevé à 652 millions d’euros (+2 % sur un an). Il pourrait redescendre dès cette année. Les autorisations de construction de logements dans le département avaient baissé de 19 % fin juillet (de 25 % en Pays de la Loire), en cumul sur les 12 derniers mois ; et les mises en chantier de 9,6 % (de 17,3 % en Pays de la Loire). Christophe Marchand veut relativiser : "Tous les indicateurs sont orientés à la baisse, néanmoins, quand on a eu des plus beaux exercices, c’est normal qu’à un moment, cela redescende. On n’a jamais vu autant de grues en Mayenne que depuis deux ans, surtout dans l’agglomération lavalloise. Mais on ne va pas nier que le relèvement des taux bancaires, le prix des matières premières, l’inflation sont autant de signes que nous entrons dans la chute d’activité qu’on voit venir depuis un an."

L’activité dans les locaux neufs non résidentiels suit une tendance différente. En Mayenne, "on constate un écart entre le nombre d’autorisations délivrées et les dates de mise en chantier". Le nombre d’autorisations délivrées a bondi de 81 % (à fin août), alors que les mises en chantier suivent une relative stabilité, légèrement haussière. Ce qui représente 228 000 m2 (10 % liés aux commandes publiques). Le président de la FFB53 espère "que celles qui ont été données vont commencer". Même si, à ses yeux, "cela illustre une forme d’attentisme, principalement lié aux taux d’intérêt et aux coûts matière."

Un statut de bailleur privé et des rénovations à la carte

Pour soutenir l’activité, la FFB Mayenne aurait voulu le maintien du Prêt à taux zéro, dont le territoire a été exclu, le rétablissement du dispositif Pinel dans sa version 2022 pour "pallier l’urgence du manque d’offre locative", ainsi que la mise en place du statut de bailleur privé. "Les particuliers pourraient en bénéficier pour amortir leurs emprunts, et cela permettrait d’éviter un dispositif fiscal remis en cause à chaque loi de finances…" souligne le secrétaire général de la FFB Mayenne, Jean-Christophe Juhel.

Si le maintien de la Prime Renov' est salué, les nouvelles dispositions en limitent l’intérêt. La hausse du budget annuel de 2 à 4 milliards d’euros est conditionnée à un changement d’installation de chauffage en équipement alternative. Or, "90 % des travaux sont des travaux individuels", c’est-à-dire uniquement liés à l’isolation des parois ou au changement d’huisseries. Donc, "cela va pénaliser une grande partie des ménages, pointe Jean-Christophe Juhel. Et changer une chaudière sans isolation, cela n’a pas grand sens, tandis qu’isoler avec une chaudière déjà performante, oui."

Face aux prix de l’énergie, l’amélioration du bâti peut en effet aider à valoriser un bien alors que les bâtiments aux nouvelles normes vont manquer. Christophe Marchand prédit d’ailleurs "la baisse de constructions neuves va remettre sur le marché des logements qualifiés de "passoires thermiques" auxquels les gens n’avaient normalement plus accès.

En Mayenne, la rénovation représente 60 % de l’activité des entreprises du bâtiment, contre 50 % au niveau national.

Mayenne # Bâtiment # Conjoncture # Organisations professionnelles