Après avoir préservé sa croissance cette année, le bâtiment redoute la panne en 2023
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Après avoir préservé sa croissance cette année, le bâtiment redoute la panne en 2023

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Le bâtiment craint les premières fissures dans sa croissance en 2023. Après avoir fait preuve de solidité cette année, l’activité devrait caler dans les prochains mois. Au point que l’une des fédérations professionnelles du secteur prédit déjà une "amorce de crise" dans le logement neuf.

La Fédération française du bâtiment anticipe un net ralentissement de la croissance du secteur en 2023… et même une contraction de l’activité dans le logement neuf — Photo : Picturereflex

Le bâtiment hésite entre soulagement et tremblement. D’un côté, l’année qui s’achève s’est avérée plutôt satisfaisante, compte tenu des circonstances (crise des matériaux, puis de l’énergie, inflation, etc.). De l’autre, celle qui vient s’annonce assez périlleuse, au vu de l’état du marché immobilier et du ralentissement généralisé de l’économie. Résultat, de ses deux prévisions mitigées, la Fédération française du bâtiment (FFB) retient surtout la plus pessimiste. Et s’inquiète ouvertement d’un "coup de froid" sur le logement neuf en 2023.

Vers un début de crise dans le logement neuf en 2023

Pour le bâtiment, le segment résidentiel apparaît ainsi comme son principal maillon faible : en 2023, l’activité devrait y chuter de 2,6 % sur un an (contre +5,1 % attendus en 2022), prévient l’organisation professionnelle. À l’origine de ce repli : "une forte baisse de près de 10 % des mises en chantier (-8,6 % exactement, NDLR), suite à la chute des permis (-21,3 % prévus) et à l’effondrement des ventes de 2022".

Cette "amorce de crise" dans le logement neuf n’empêchera pas une progression du chiffre d’affaires global du bâtiment (+0,7 %, hors effet prix), estimé à 155,4 milliards d’euros. Mais la FFB attribue cette croissance à des effets de calendrier, dus aux "délais de production et [au] niveau actuel des carnets de commandes, soit un peu plus de 7 mois en moyenne". Or, insiste la fédération, en parallèle, le reste du secteur, sans tomber en récession, ne parviendra pas à faire des miracles. Ainsi, le non-résidentiel neuf devrait ralentir à +1,7 % (après +6,6 % en 2022), tandis que les travaux d’amélioration-entretien, toujours tirés par la rénovation énergétique, resteraient stables, à +2 %.

Dans ces conditions, le retour de l’activité à son niveau d’avant-coronavirus s’annonce d’ores et déjà compromis : le chiffre d’affaires du bâtiment dans son ensemble devrait en effet rester inférieur de 0,8 % à celui de 2019.

Une année 2022 positive, mais des trésoreries sous tension

Les espoirs de normalisation s’éloignent donc un peu plus, malgré une année 2022 positive (+3,7 %). Si cette croissance s’est montrée moins solide qu’espéré (-0,6 point par rapport à la prévision présentée il y a un an), les motifs de satisfaction restent néanmoins nombreux. Quasiment tous les voyants devraient ainsi rester au vert, certaines activités retrouvant même leur volume pré-pandémique. C’est le cas, en particulier, dans la construction de bâtiments industriels et logistiques (+16,2 % sur un an) et l’amélioration-entretien (+2,1 %). L’emploi est également bien orienté (+15 000 créations nettes de postes attendues, intérimaires en équivalent temps plein inclus).

Mais, là encore, la FFB voit plutôt le verre à moitié vide. Car ces effectifs en hausse cachent aussi "une baisse de productivité en tendance, due pour une large part à la désorganisation des chantiers née de la pandémie, puis des difficultés d’approvisionnement".

Des tensions persistantes qui pèsent, encore et toujours, sur les trésoreries, explique l’organisation. C’est que, là aussi, les bonnes nouvelles sont contrebalancées par de mauvaises : "Le tassement des prix des matériaux, observé depuis l’été 2022, se trouverait balayé par les effets de la crise de l’énergie début 2023, anticipe ainsi la fédération. En outre, les salaires accéléreraient dans un environnement toujours clairement inflationniste." D’où cette "grande question" pour les entreprises du bâtiment l’an prochain : "Jusqu’où [pourront-elles] répercuter ces hausses de coûts dans leurs prix, alors que les donneurs d’ordres subiront une diminution de leur revenu réel" ? Une question laissée, pour l’instant, sans réponse.

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