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Coronavirus : les chocolatiers finistériens sur la brèche pour limiter la casse
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Coronavirus : les chocolatiers finistériens sur la brèche pour limiter la casse

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Fortement impactés par la crise liée à l'épidémie de Covid-19, les chocolatiers finistériens serrent les dents alors que, pour beaucoup d'entre eux, la période de Pâques représente une grande partie de leur chiffre d'affaires.

— Photo : Claudiu Hegedu / Unsplash

« Ça ne pouvait pas tomber plus mal pour la profession », se désole Jean-Guillaume Kermarrec, le patron d’Histoire de Chocolat (17 salariés, 2 M€ de CA), qui compte trois magasins à Brest. « Pâques, est la deuxième fête après Noël pour les chocolatiers. À notre niveau, ça représente environ 30 % du chiffre d’affaires entre les particuliers, mais aussi les écoles ou les entreprises ». Un patron qui, comme d’autres confrères, a rouvert ses magasins à contrecœur. Les chocolatiers ayant été classés parmi les commerces essentiels, ceux qui ne rouvraient pas courraient en effet le risque de ne pas percevoir d’indemnités liées à la perte d’exploitation et de ne pas être éligibles au chômage partiel. « À cette époque, nos magasins font habituellement chaque jour plus de 7 000 € de ventes cumulées. On en est actuellement à peine à 2 000 € », soupire-t-il.

« Il va y avoir de la casse, c’est évident »

Un maigre résultat porté essentiellement par la vente en ligne et un système de drive, improvisé et chronophage. « Je ne sais vraiment pas comment on va faire. Pour l’instant, on écope. J’ai pu mettre six de mes salariés au chômage partiel, mais j’attends toujours la réponse pour la dizaine d’autres. On nous avait aussi dit que les loyers seraient gelés, ce qui ne semble pas être le cas à l’heure actuelle. Nous avons de la chance d’être en activité depuis longtemps, mais il va y avoir de la casse, c’est évident. Et notamment parmi les plus jeunes entreprises qui n’ont pas eu le temps de renforcer leur trésorerie ».

Maigre consolation : l’explosion des ventes en lignes

Depuis Melgven, Maison Larnicol (200 salariés, CA non communiqué) a de son côté choisi de fermer une vingtaine de ses 26 boutiques en France, les autres restant ouvertes pour assurer un service de clic’n’collect spécialement mis en place pour faire face à la crise. Et les ventes en ligne explosent. « Avant la crise, nous tournions à une dizaine de commandes par jour, on en est à plus de 400. Il est évident qu’on va développer ce système de drive dans le futur car c’est un créneau que l’on n’exploitait pas jusqu’à présent, par manque de temps, mais qui se révèle au final très intéressant », confie Georges Larnicol, le président fondateur de la chocolaterie finistérienne, dont la manufacture de Melgven tourne actuellement avec une dizaine de salariés, contre 110 habituellement. Pas de quoi, cependant, absorber une perte qu’il estime à 95 % du chiffre d’affaires sur un mois d’avril qui représente habituellement 20 % de son activité. « Heureusement qu’on a la biscuiterie qui devrait nous permettre de compenser un peu », se rassure l’artisan-chocolatier.

Système D et entraide

À Landerneau, les équipes du laboratoire de La Chocolaterie (12 salariés, env. 2 M€ de CA) sont elles aussi à pied d’œuvre depuis le début de la crise. « La crise est rude et elle intervient à un moment qui représente entre 15 et 20 % de notre activité à l’année. Nous nous attendons à une baisse de 50 à 60 % de chiffre d’affaires ce mois-ci », estime Olivier Bordais, son fondateur. « Nos boutiques de Landerneau et Saint-Thonan resteront ouvertes pour les fêtes mais il y a de grandes chances pour qu’on les referme après Pâques. Les ventes en lignes, qui marchaient plutôt bien avant la crise, ont quant à elles doublé, mais ce ne sont pas de gros chiffres. Et le marché des écoles et des entreprises s’est complètement refermé du jour au lendemain… On essaie de faire en sorte de limiter la casse. Nous avons, par exemple, mis en place un système D de livraisons à domicile de chocolats, mais aussi de fraises de Plougastel produites par une amie. Les retours sont très positifs car cela donne du plaisir aux gens. On s’entraide du mieux qu’on peut », témoigne le dirigeant, qui se trouve également confronté à un autre problème venu du bout du monde : la récolte du cacao dans sa ferme brésilienne, stoppée net par les mesures de confinement. Mais là encore, Olivier Bordais reste confiant : « On devrait pouvoir se débrouiller pour trouver des solutions ». En parallèle, son projet de nouvelle manufacture est toujours sur les rails : « Le chantier se poursuit. On continue à avancer car j’ai foi en l’avenir », indique-t-il.

Grain de Sail garde le cap

À Morlaix, Jacques Barreau, le cofondateur de Grain de Sail (15 salariés, 4,5 M€ de CA), s’en sort quant à lui sans trop de casse. Spécialisée dans la production de chocolats et de cafés qu’elle transforme après les avoir fait venir ses matières premières en voilier, l’entreprise qu’il a créée en 2013 avec deux associés tient bon le cap. « Nous avons mis nos commerciaux en chômage technique, mais la production continue car les ventes se maintiennent, même si l’on sent un léger ralentissement. Nos gammes de Pâques étaient déjà livrées avant le confinement. On s’attend bien sûr à une baisse des ventes, mais en parallèle nos tablettes et nos cafés se vendent tout au long de l’année », analyse-t-il. Des gammes de Pâques qui ne représentent en effet que 2 % du chiffre d’affaires global annuel. « En ce moment nous sommes davantage limités par le manque d’espace que par la crise », confie le cofondateur, qui attend la livraison de sa nouvelle manufacture et de son voilier-cargo dans les temps, malgré les circonstances.

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