« Notre modèle économique s'inscrit dans une logique de développement durable : il s'agit d'associer la transformation de produits alimentaires sur terre et le transport de nos matières premières par la mer, grâce à notre propre armement maritime à la voile », résume Jacques Barreau, directeur général de Grain de Sail. Une entreprise qu'il a créée en 2013 avec deux associés : son frère Olivier Barreau, ancien de l'éolien offshore, et François Liron, quant à lui double champion du Tour de France à la voile.
Depuis, Grain de Sail ne cesse de se développer depuis Morlaix où l'entreprise emploie 15 salariés. Après 70 000 € de chiffre d'affaires pour sa première année, Grain de Sail affichait 1,4 M€ en 2017 et prévoit de dépasser les deux millions cette année. À ce jour, son catalogue de produits bio haut de gamme compte 11 références de café et 13 de chocolats.
Nouveaux sites de production
Pour soutenir cette croissance, Grain de Sail multiplie les chantiers. À commencer par la rénovation de sa torréfaction, située sur les quais de la rivière de Morlaix. Elle sera à nouveau opérationnelle début 2019. Un investissement de 400 000 €, auquel s'ajoutent 2,5 M€ supplémentaires pour la construction d'une nouvelle chocolaterie : un bâtiment de 1 800 m² situé à la Vierge Noire, à deux pas de la torréfaction.
« Notre objectif est d'avoir notre propre armement maritime, afin d'être autonomes et flexibles en termes d'approvisionnement. »
Pas question pour autant d'arrêter la production, confiée en partie à l'Esat de Lanmeur : Grain de Sail a pris ses quartiers provisoires en centre-ville et prévoit même de sortir de nouvelles recettes de chocolat cette année. « Nous travaillons aussi sur une gamme de capsules de café biodégradables », confie le dirigeant.
Flotte de voiliers cargo et réseau transatlantique
Si les sommes investies sont conséquentes à l'échelle du projet, les trois associés voient plus grand encore, avec la construction d'un voilier cargo de 22 mètres de long. Un nouvel investissement de plus d'un million d'euros. « Avec ce voilier, notre objectif est d'avoir notre propre armement maritime, afin d'être autonomes et flexibles en termes d'approvisionnement, mais aussi de transporter du vin vers New York, avant de redescendre dans la zone Caraïbes et Amérique centrale, de manière à faire le plein de cacao et de café », explique Jacques Barreau. Une boucle de trois mois que le voilier parcourra deux fois par an.
Durant l'été, la goélette fera escale sur les manifestations maritimes, pour faire connaître la marque et promouvoir le transport maritime décarboné de marchandises. « Si tout se passe bien, la construction va démarrer dès septembre, pour une mise à l'eau d'ici un an. Mais ce n'est qu'une première brique, car notre objectif est de construire plusieurs bateaux et de développer un réseau de torréfaction et de transformation de cacao en Europe et sur la côte est des États-Unis », confie le directeur général. « Nous restons très prudents : nous faisons les choses dans l'ordre et avons attendu d'avoir suffisamment de chiffre d'affaires pour lancer le projet. Une fois que le navire sera opérationnel, on attendra deux ou trois ans pour valider notre modèle avant de le dupliquer. »
