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Cap d’Ona va tripler sa production de bière artisanale avec sa nouvelle brasserie
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Cap d’Ona va tripler sa production de bière artisanale avec sa nouvelle brasserie

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En janvier 2024, la brasserie-distillerie catalane Cap d’Ona mettra en service un nouveau site de production, fruit d’un investissement de près de 9 millions d’euros. Elle mise sur cet outil pour étendre sa diffusion en France et au-delà, sans sacrifier une éthique durable et artisanale.

Gregor Engler, maître brasseur et créateur de Cap d’Ona, dans l’ex-site de la PME catalane — Photo : Cap d'Ona

Poussée par l’explosion du nombre de brasseries et micro-brasseries artisanales depuis quelques années, la consommation de bière a dépassé, en 2022, celle du vin en France. Cette évolution du marché profite aux nouveaux entrants comme aux acteurs historiques tels que Cap d’Ona (25 salariés, CA 2022 : 3 M€), brasserie-distillerie fondée en 1998 à Argelès-sur-Mer (Pyrénées-Orientales). Face à l’envol de la demande, la PME finalise la rénovation d’une friche industrielle située à Céret (Pyrénées-Orientales), pour déménager et développer sa production. "L’une de nos spécialités est de fabriquer des bières avec des fruits de saison, à raison d’un kilo de fruits pour un litre de bière. Tout part en deux ou trois semaines, si bien que nous devons nous équiper de cuves plus grandes pour faire plus de volumes. De même, nous produisons des bières de tradition, mais les chais de garde que nous utilisons sont devenus trop petits", raconte la directrice générale Élodie Engler Pujol, qui dirige Cap d’Ona avec son époux, Gregor Engler.

Vers la neutralité carbone

Partie sur un budget de 4 millions d’euros, la brasserie a dû revoir son investissement à la hausse, à près de 9 millions d’euros, en raison du surcoût des matières premières induit par la crise sanitaire. La friche, d’une surface totale de 5 000 m2, n’a été rénovée que sur 3 000 m2 dans un premier temps. Le chantier a permis de rehausser le bâtiment, d’installer les cuveries et les flash-pasteurisateurs, et d’aménager la nouvelle salle à brasser. Le site permettra à Cap d’Ona, à compter de janvier 2024, de tripler son volume de production, en passant de 5 000 à 15 000 hectolitres par an. De même, après être passée de 15 à 25 salariés en un an, elle prévoit d’en employer 50 "très rapidement". Mais la facture s’avère lourde car Cap d’Ona vise aussi la neutralité carbone. Par exemple, la laveuse de bouteilles fonctionnera avec l’électricité produite par des panneaux photovoltaïques, ainsi que l’eau traitée issue des process de fabrication.

De même, Cap d’Ona a mis en place en 2023, en amont de ce chantier, un système de consigne dans lequel la PME a investi un quart de son chiffre d’affaires : elle est passée à l’utilisation de caisses, elle a abandonné ses bouteilles signatures au profit du format "Vichy" (le plus recyclé au monde), elle a opté pour des étiquettes lavables et des colles bio, etc. "En limitant jusqu’ici notre distribution sur les territoires occitans et sud-catalans, nous avons toute latitude pour livrer avec nos propres camions en évitant qu’ils rentrent à vide. Si la plupart de nos clients dans le CHR (café, hôtellerie, restauration) vont nous suivre, il faut encore faire de la pédagogie en boutique pour que les clients ramènent les bouteilles. Nous savons que ce système de consigne sera chronophage, mais une entreprise ne peut pas évoluer en polluant", estime Élodie Engler Pujol.

Un nouveau cap de croissance

Si Cap d’Ona a une activité distillerie (whisky, gin, vodka), la PME catalane est bien plus célèbre pour sa gamme de 30 bières, dont certaines ont été élues meilleures bières du monde par les World Beer Awards lors des 4 dernières éditions. Munie d’un nouvel outil de production, elle se prépare à franchir un cap en sortant de sa zone de diffusion historique, l’Occitanie et la Catalogne, qui reçoivent 90 % de sa production. "Nous voulons nous développer en France en signant des partenariats avec des distributeurs partageant nos valeurs, telles que le recyclage et la recherche de produits rares. Cette croissance ne concernera pas nos bières de tradition, mais nos bières uniques, vieillies en barriques, et nos bières de fruits", indique Élodie Engler Pujol, qui prévoit de maintenir une croissance annuelle de 15 à 20 %. De même, si la PME a refusé l’export jusqu’ici, elle est prête à s’ouvrir aux marchés limitrophes, tels que l’Italie, la Suisse, le Bénélux et l’Allemagne. Sans négliger la convivialité entourant sa marque : après la brasserie, un circuit agrotouristique formé d’une boutique et d’un bar à dégustation ouvrira sur le nouveau site, dès le mois de mars 2024.

Pyrénées-Orientales # Agroalimentaire # Artisanat # Investissement industriel # Capital # Made in France