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BioBreizh fait évoluer son cahier des charges pour être encore plus vertueux
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BioBreizh fait évoluer son cahier des charges pour être encore plus vertueux

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La coopérative bretonne BioBreizh, dont les bureaux sont basés à Landivisiau, vient de modifier son cahier des charges. Le fruit d’une réflexion de deux ans qui, outre l’aspect purement agricole, fait place à un volet sociétal plus marqué.

— Photo : © Jonathan Konitz

Catherine Pierzo, directrice de BioBreizh (7 salariés, 21 M€ de CA), pose le décor : « avec notre nouveau cahier des charges, nous avons associé le sociétal et l’agroécologie à la production. » Avec ses 62 fermes adhérentes (15 000 tonnes de légumes en 2020), BioBreizh génère près de 300 emplois. D’où le souhait de veiller au « respect des salariés sur les exploitations. »

Concrètement, le nouveau cahier des charges s’articule autour de cinq axes : la non-mixité bio/conventionnel des cultures, la préservation du sol, la conservation et le renouvellement des ressources naturelles, la préservation de la biodiversité, et enfin le fait d’être acteur des évolutions sociétales. En favorisant, par exemple, le « non-recours aux contrats de travailleurs détachés. »

Catherine Pierzo s’explique sur ce point : « Notre idée, c’est qu’un travailleur détaché doit pouvoir bénéficier d’une rémunération juste, et des mêmes droits qu’un travailleur français. Mais c’est un point que nous devons retravailler avec les producteurs, car il n’est pas toujours bien compris. » Yoann Morin, responsable communication de BioBreizh constate : « Le maintien du tissu de l’emploi local est l’un de nos objectifs, mais nous sommes en Europe, la main-d’œuvre circule… »

Planification de la production en amont

Interrogée au sujet du business model de BioBreizh, Catherine Pierzo détaille : « faire coller l’offre et la demande, en évitant le gâchis, grâce à une planification en amont. Nos producteurs ne produisent pas ce qu’ils veulent, mais ce qui colle à la réalité de ce qui peut se vendre demain. Ce n’est pas un système parfait, mais pas question de produire pour essayer de vendre après. »

Les effets de l’épidémie du Covid-19 ? Une demande boostée dans un premier temps, avec des consommateurs qui se sont rués sur les fruits et légumes, considérés comme produits de première nécessité, puis un coup de frein brutal. Mais il est encore trop tôt pour évoquer des chiffres. « Nous avons maintenu des prix stables pour ne pas assassiner le client. Notre chiffre d’affaires est en croissance depuis des années, ça ne changera pas en 2020 », confie la directrice.

Marché perturbé

Autre élément perturbateur du marché, l’arrivée de nouveaux entrants. « Ils étaient nombreux cette année, et pas seulement en Bretagne, avec par exemple des producteurs qui avaient des serres chauffées. Nous avons eu des difficultés pour vendre les tomates et les concombres, mais nous avons trouvé des débouchés. »

Rentable, le bio ? « En comparant le coût de revient d’une pomme de terre bio, et non bio, vous allez trouver une différence, assure-t-on chez BioBreizh. Mais avec notre cahier des charges, nous arrivons à trouver un prix équitable pour nos producteurs. » Si, longtemps, les produits bio ont été l’apanage des enseignes spécialisées (Biocoop, La Vie Claire, etc.), Catherine Pierzo rappelle que le premier moteur de croissance en bio se situe aujourd’hui en grandes et moyennes surfaces (GMS).

Côté projets, l’agenda de BioBreizh est chargé : déménagement, promotion de la marque en France puis en Europe, mais surtout le programme de recherche Hadenn Breizh. Initié depuis deux ans, il doit permettre l’émergence de graines de choux-fleurs non CMS, c’est-à-dire sans modifications biotechnologiques.

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