Avec sa nouvelle usine, Marie Morin vise le grand export et la restauration hors domicile
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Avec sa nouvelle usine, Marie Morin vise le grand export et la restauration hors domicile

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L’acteur de l’agroalimentaire costarmoricain Marie Morin entend profiter de la montée en puissance de sa nouvelle usine, située à Trégueux. Un investissement de 14,5 millions d’euros, qui va permettre à la PME de partir à la conquête de deux marchés : le grand export et la restauration hors domicile. À terme, le nouvel outil pourrait lui permettre de doubler sa production.

Bruno (à gauche) et Eric Morin, qui dirigent l’entreprise agroalimentaire Marie Morin, ont investi 14,5 millions d’euros dans une nouvelle usine, à Trégueux dans les Côtes-d'Armor — Photo : Matthieu Leman

C’est un épisode à rebondissements qui s’est (bien) terminé pour l’acteur costarmoricain de l’agroalimentaire Marie Morin (79 salariés, 35 M€ de CA). La nouvelle usine de la PME, située à Trégueux, est l’aboutissement d’une réflexion débutée en 2018. D’abord privilégié, le choix d’un nouvel (cinquième !) agrandissement de l’usine historique de Quessoy a laissé place en 2019 au projet de nouveau bâtiment. Après des retards, l’inflation des coûts et l’impossibilité momentanée de trouver un opérateur d’électricité en pleine flambée énergétique, le nouvel outil ouvre en avril 2023.

Un investissement total de 14,5 millions d’euros

"La mise en route a été réalisée en six mois. On nous a dit que c’était un miracle pour ce type d’usine", sourit Bruno Morin, co-dirigeant de l’entreprise avec son frère Eric. Cet outil, c’est une usine de 3 800 m², très automatisée, à laquelle l’entreprise a confié son produit phare : la mousse. Au chocolat mais aussi à quatre autres parfums. On y réalise la production, la mise en pot, l’emballage et l’expédition. Coût total de l’investissement : 14,5 millions d’euros.

Mais l’effort revêtait un caractère impérieux. "Nous ne pouvions plus aller sur de nouveaux marchés, ni moderniser nos outils, se souvient Eric Morin. Il n’y a rien de plus frustrant que de refuser des commandes." Aujourd’hui, même si quelques réglages demeurent à réaliser, l’usine est capable de sortir 11 500 pots par heure et 150 000 pots par jour en 2x8, contre 80 000 pots à l’usine historique de Quessoy, en 3x8.

La surgélation pour exporter

"Nous avons désormais la capacité de doubler notre production si les marchés sont là", se réjouit Bruno Morin. Et si les ventes ont reculé de 4 % en 2023, sous l’effet de l’inflation, la reprise se fait sentir en janvier et février avec une hausse de 10 %. Surtout, la nouvelle usine de Trégueux va permettre d’aller à la rencontre de deux marchés que l’entreprise avait dû freiner.

Le premier est l’export. Les ventes en Europe (Royaume-Uni, Allemagne, Italie, Espagne, Suède, Norvège) représentent aujourd’hui 5 à 6 % du chiffre d’affaires. L’objectif est d’attaquer le grand export pour le faire atteindre 12 à 13 %. "Nous avons des échanges, des touches, qui devraient se concrétiser d’ici septembre", annonce Eric Morin. L’effort, concentré sur cinq ou six desserts de la gamme, comme des moelleux et des cheese cakes, passera par la surgélation. Cette étape sera réalisée par un prestataire extérieur : Stef, à Yffiniac (Côtes-d’Armor).

Pour la partie commerciale, Marie Morin s’appuiera ensuite sur des distributeurs locaux, qui "maîtrisent les règles et les démarches réglementaires et sanitaires". Destination de ces produits made in Côtes-d’Armor : l’Australie, la Nouvelle-Zélande, le Japon, les Émirats arabes unis, et l’Asie du Sud Est.

Des tests pour la restauration hors domicile

Le second marché que la PME compte développer est celui de la restauration hors domicile. "Ça fait longtemps que nous voulions le faire mais nos produits ne correspondaient pas", reprend Eric Morin. Le rachat en 2022 d’une petite unité de production à Trégomeur (Côtes-d’Armor) avait permis tester et de commencer à produire de nouvelles références : poches de crèmes et de mousse prêtes à servir, briquettes de fondant chocolat et de far aux pruneaux. Des tests ont également eu lieu dans le restaurant d’Eric Morin, "Le Bruit qui court", qui se situe en face de l’usine de Quessoy.

Là aussi, les premiers résultats récoltés par Eric Morin, en charge de ce secteur, sont probants. Quelques clients, comme les enseignes Pomona et Promocash, sont signés, tandis que des produits Marie Morin se retrouvent dans les salons première classe d’Air France. Ce marché, qui ne représente aujourd’hui que 0,5 % de l’activité de la PME, pourrait monter jusqu’à "au moins 5 %".

Des panneaux photovoltaïques sur les toits

Parallèlement, un nouveau produit est sorti en février : une crème dessert onctueuse. Elle est produite dans l’usine de Quessoy, où 40 % de la production, celle des mousses, a été transférée à Trégueux. Les lignes ont été réattribuées aux autres produits de la PME (moelleux, crèmes brûlées…) qui en compte une quarantaine. "Il faudra faire le ménage en fonction de la rentabilité des produits", affirme Bruno Morin.

À Quessoy toujours, l’équipe de nuit a été supprimée, pour passer en 2x8. Certains salariés se partagent entre l’usine historique et Trégueux, où le niveau d’automatisme pousse les collaborateurs à une montée en compétences. Dans cette dernière usine, conçue par le bureau ploufraganais Builtis, des panneaux photovoltaïques vont être installés. Ils produiront l’équivalent du quart de la consommation de l’usine.

Les travaux ne sont pas terminés puisqu’une station de traitement des eaux rejetées lors du process va suivre. "Nous attendons les devis, pour un investissement qui devrait se situer entre 500 000 euros et 1 million d’euros", annonce Bruno Morin. À Quessoy, des actions visant à limiter ces rejets vont également être menées pour un investissement de 200 000 euros.

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