
Avec l’entrée du groupe coopératif agricole Arterris (CA 2021 : 1 milliard d’euros, 2 200 salariés) à hauteur de 8,5 % de son capital, la Compagnie des amandes a franchi, fin 2022 une étape décisive. "C’est un peu comme si je faisais des chaussures de sport et que j’avais décroché le soutien d’Adidas, confie François Moulias le directeur général. Leur confiance valide notre business model et notre ambition de structurer une filière de production d’amandes compétitive." L’effet de levier est en effet considérable puisque Arterris, en plus d’avoir une force de vente importante, lui ouvre les portes de 25 000 agriculteurs auxquels proposer une diversification vers la plantation d’amandiers.
Une agrégation de producteurs
Confortée, la Compagnie des amandes, qui compte déjà 215 hectares en production, devrait rapidement dépasser les 500 hectares signés, de quoi "nous installer dans le paysage" et faire un pas de plus vers "notre objectif d’exploiter un total de 2 000 hectares."
L’agrégation de producteurs est au cœur de la stratégie de l’entreprise qui a vu le jour en 2018 : elle est même indispensable à la viabilité du projet pour produire des volumes suffisants et ainsi pouvoir fournir de grands clients, que sont la grande distribution ou les principaux transformateurs, dont certains ont déjà investi au capital de la société, comme Daco France, premier acheteur d’amandes en France, pour ne citer que celui-ci.
Une usine unique
En parallèle, le président de la compagnie, l’ancien ministre Arnaud Montebourg, a signé avec le groupe Salini immobilier le contrat de construction d’une casserie, qui verra le jour à Signes, dans le Var, moyennant un investissement de 12 millions d’euros. "Nous avons bon espoir de pouvoir commencer les travaux au début du deuxième trimestre et d’être prêts en fin d’année, pour les premières récoltes de nos premiers amandiers plantés", confie François Moulias. Avec une capacité de 3 000 tonnes annuelles, la casserie permettra de produire 2 000 à 2 500 tonnes d’amandes issues des vergers de la Compagnie et d’accueillir aussi des agriculteurs indépendants. Unique en France et nécessaire à la filière, l’outil sera aux meilleurs standards de traçabilité et de certification. "Nous n’avons pas vocation à nous substituer intégralement aux importations, qui atteignent 43 000 tonnes d’amandes en 2021, alors que seulement 800 tonnes étaient produites sur le territoire cette même année. Notre production, qui générera à terme 30 millions d’euros de chiffre d’affaires, couvrira environ 5 % des besoins du marché français, c’est mieux que zéro", remarque François Moulias.
Une nouvelle levée de fonds
Jusque-là, la Compagnie des amandes, "une petite start-up qui emploie 10 salariés, principalement des agronomes", a déjà levé plus de 10 millions d’euros et des discussions sont déjà engagées avec des fonds à impact pour clôturer un nouveau tour de table de 3 millions d’euros avant l’été 2023. L’entreprise a par ailleurs candidaté à l’appel à projets "Résilience et capacités agroalimentaires 2030". Ces fonds permettront de financer l’usine, mais aussi et surtout les investissements dans les vergers, qui s’élèvent à un total de 50 millions d’euros pour 2 000 hectares.