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Les dirigeants azuréens appelés à réfléchir à l'impact de "l'intelligence artificielle sur le vivant"
Alpes-Maritimes # Transition écologique

Les dirigeants azuréens appelés à réfléchir à l'impact de "l'intelligence artificielle sur le vivant"

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Quels sont les effets de l'intelligence artificielle sur la planète ? Et surtout, comment la mettre "au service du vivant" ? C'était le thème de la soirée organisée au stade Allianz Riviera de Nice par le Centre des Jeunes Dirigeants Nice Côte d'Azur et le Crédit Agricole Provence Côte d'Azur. Un millier de personnes, essentiellement des chefs d'entreprise, étaient présents et se sont entendu dire et répéter qu'il allait falloir mettre la pédale douce sur cette fameuse IA.

Le CJD Nice Côte d'Azur et le Crédit Agricole Provence Côte d'Azur ont réuni un millier de personnes au stade Allainz Riviera autour de la question de l'IA et du vivant — Photo : Olivia Oreggia

Peur qu’elle remplace les humains et prenne leur travail, qu’elle nous manipule ou décide à notre place… : les craintes sont grandes lorsqu’il s’agit d’intelligence artificielle. "Il y a beaucoup d’inquiétudes sur ce que l’IA pourrait générer mais il y a extrêmement peu de questions sur la faisabilité écologique de tout cela, à commencer par la disponibilité des métaux ou de l’énergie", pose Cyril Dion, réalisateur, écrivain, activiste et l’un des intervenants à la soirée organisée, le 18 avril dernier, au Stade Allianz Riviera de Nice par le Centre des Jeunes Dirigeants (CJD), et le Crédit Agricole Provence Côte d’Azur.

Thème choisi : comment mettrons-nous les intelligences artificielles au service du vivant ? Un sujet complexe qui a pourtant attiré un millier de personnes, essentiellement des entrepreneurs du territoire.

Les intervenants de la soirée : (de gauche à droite) Arthur Auboeuf, fondateur de Team for the Planet, Cyril Dion, réalisateur et écrivain, Théo Alves da Costa, président de data for Good et Diana Sebbar, directrice exécutive du 3IA — Photo : Olivia Oreggia

L'IA n'est pas qu'immatérielle, son impact sur la planète est bien réel. "Dans les vingt prochaines années, l’industrie minière a l’intention d’extraire autant de métaux que depuis le début de l’humanité, expose Cyril Dion. Et plus on va vers la transition écologique, c’est-à-dire vers un modèle tout électrique et de plus en plus numérisé, plus on a besoin d’aller chercher des métaux. On va creuser de plus en plus de mines, polluant l’eau de façon irrémédiable, tuant des écosystèmes entiers, pour pouvoir réduire les émissions de CO2 ! Pour résoudre le problème climatique, nous sommes donc en train de créer un problème encore plus grand et de creuser notre tombe pour de bon." Et le réalisateur engagé de fustiger la course au "toujours plus", de cartes graphiques, de data centers, "de 4G, 5G".

Créer nouveaux modèles d’affaires

Le constat a de quoi bousculer les esprits et, en première ligne, ceux de tous ces entrepreneurs qui reçoivent ces dernières années l’injonction d’engager leur transition numérique, qu’ils soient ou non dans la technologie, incluant bien sûr de l’intelligence artificielle.

"On ne changera pas le monde sans changer les entreprises."

"En fait, cela pose l’opposition entre la robustesse et la performance, précise quant à lui Arthur Auboeuf, fondateur de Team for the Planet, mouvement citoyen dédié à la lutte contre le dérèglement climatique qui mobilise déjà 120 000 entrepreneurs-actionnaires. Son objectif est de détecter des innovations à fort impact et, in fine, d’en accélérer le déploiement.

"Toutes les initiatives existent déjà et relèvent souvent de la low tech, assure-t-il. Les entrepreneurs ont besoin qu’on les aide à penser autrement leur modèle d’affaires. Ce que certains font très bien en s’intéressant à l’entreprise régénérative pour imaginer des modèles robustes, long-termistes, pour que l’entreprise puisse être à la fois utile et résiliente alors qu’elle n’aura pas les ressources, les matériaux ou l‘énergie disponible. On ne changera pas le monde sans changer les entreprises."

L’IA, pour quoi faire ?

Et l’IA alors dans tout ça ? À quoi sert-elle ? C’est finalement, selon les experts du soir, la vraie question à se poser.

"Il ne faut pas mettre de l'IA partout."

Y compris pour Théo Alves da Costa, ingénieur en IA et fondateur de l’ONG Data for Good. "Il ne faut pas mettre de l’IA partout, assure-t-il. Ce qui compte, c’est la finalité de l’usage. Qu’est-ce que cela implique de mettre notre économie sous stéroïdes avec l’IA ? À quoi sert de faire des brosses à dents électriques, des jumelles à 5 000 dollars pour identifier des espèces d’oiseaux ou encore un siège de toilettes à commande vocale, le tout boosté à l’IA ? On a vu tout cela au CES Las Vegas."


Et de préciser que, derrière les exemples d’objets technologiques qui prêtent à sourire, se cachent autant d’exemples révélateurs d’une réalité accablante comme le fait que d’entraîner ChatGPT 5 coûte 1 milliard de dollars de consommation électrique. Avant même donc, sa mise en service. "Modéliser la météo, identifier des fuites de méthanes sur la planète, détecter des feux de forêt… : il y a des exemples extrêmement positifs d’usage de l’IA, mais c’est extrêmement marginal."

"A nous de donner une direction, une intention, reprend Cyril Dion. Sinon ce sera donné par la Silicon Valley et les géants de la tech."

Les partenaires ayant participé à l'organisation de cette soirée: (de gauche à droite) Sophie Radisse, CJD Nice Côte d'Azur et directrice d'ImmaTerra, Théo Alves da Costa, président de Data for Good, Diana Sebbar, directrice du 3IA, Arthur Auboeuf, fondateur de Team for the Planet; Thierry Hardy, directeur général adjoint du Crédit Agricole Provence Côte d'Azur; Céline Dheedene, directrice exécutive de la Fondation Université Côte d'Azur; Maxime Massiera, président du CJD Nice Côte d'Azur et dirigeant d'Aucop;, et Jean-François Puissegur, vice-président de l'UPE06 — Photo : Olivia Oreggia

L’intelligence collective en marche

Dans ce tableau finalement très sombre, les experts ont ainsi fait appel à l’intelligence humaine et à son corollaire, l’intelligence collective pour faire face "au péril écologique que nous vivons". Et Diana Sebbar, directrice exécutive du 3IA, l’institut Interdisciplinaire d’intelligence artificielle, de conclure que "l’intelligence collective était déjà en marche sur la Côte d’Azur avec la technopole de Sophia Antipolis, Université Côte d’Azur, les entreprises et les organismes de recherche "qui œuvrent déjà ensemble autour de l’IA. "La balle est dans notre camp."

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