La société Air Flow, basée à Rousset (Bouches-du-Rhône) et spécialiste depuis plus de vingt ans du transport et du stockage de gaz, ne pouvait pas rater le développement de l’hydrogène. Elle est ainsi partie prenante du projet Zero Emission Valley, mis en place fin 2021 par la Région Auvergne-Rhône-Alpes. Au travers de la société Hympulsion (créée par Michelin, Engie, Crédit Agricole, la Banque des Territoires et la Région Auvergne-Rhône-Alpes), 20 stations d’hydrogène pour véhicules et trois unités de production d’hydrogène vont ainsi être mises en place. "Une nouvelle énergie arrive sur le marché et, en Auvergne-Rhône-Alpes, la collectivité a souhaité lancer l’impulsion afin de créer des stations le long des routes", précise Pierre Fiat, PDG de la société Air Flow, qui compte 60 salariés pour un chiffre d’affaires de 25 millions d’euros.
Démarche européenne
Afin d’accompagner le projet, l’entreprise va investir près de 9 millions d’euros dans l’acquisition d’une quarantaine de véhicules de stockage et de transport. Un investissement financé en propre par l’entreprise. "Ce projet s’inscrit dans une démarche initiée par l’Europe pour inciter les différents États à créer des réseaux dédiés à l’hydrogène. Une cinquantaine de projets régionaux vont ainsi émerger", poursuit le dirigeant, qui imagine l’Europe dotée de 1 500 stations, dont près de 300 en France, d’ici à dix ans.
"En Paca, nous sommes également bien placés sur ces dossiers. De nombreux projets sont portés autour de l’hydrogène par les sociétés Enogia, Alstom ou encore Hysilabs. Au sein d’Air Flow, nous allons créer une unité de maintenance de nos stockages d’hydrogène à Fos-sur-Mer, à proximité du Grand port maritime de Marseille, d’ici à 2024. Un investissement de près de 3 millions d’euros. Nous rapatrierons ainsi en France cette maintenance qui, à l’heure actuelle, est externalisée en Allemagne", décrit Pierre Fiat.
Une production d'énergie locale
Pour le dirigeant, le recours à l’hydrogène va peu à peu modifier le marché de l’énergie. "L’hydrogène est une activité locale. Elle se produit localement, pour une distribution sur un rayon assez court. C’est un renversement complet de la filière énergie jusque-là concentrée entre les mains de quelques entreprises et tributaires des sites d’extraction".
Ainsi, Air Flow, qui réalise plus de 99 % de son chiffre d’affaires à l’international, pourrait voir son chiffre d’affaires se rééquilibrer sur la France, ou du moins en Europe. Actuellement, l’entreprise transporte différents gaz (oxygène, argon, hélium, CO2…) de l’Europe du Nord vers l’Afrique, l’Amérique latine ou encore le Pacifique. "Nos clients sont des industriels distributeurs de gaz, comme Air Liquide ou Engie, et les applications des gaz très variées. Le CO2 est destiné à l’industrie agroalimentaire, l’oxygène au secteur de la santé, l’argon est utilisé dans les soudures…"
Air Flow est doté de filiales à Anvers (Belgique), Algésiras (Espagne), Singapour, Houston (États-Unis)… "Ce sont des sites où il existe d’importantes industries pétrochimiques et où nous pouvons sourcer les différents gaz. Nous disposons ainsi de bases avec des plateformes logistiques et techniques."
