Hydrogène vert : Haffner Energy et R-GDS se séparent
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Hydrogène vert : Haffner Energy et R-GDS se séparent

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Un partenariat entre R-GDS et Haffner Energy initié en 2019 s’est soldé en décembre 2023 par la séparation des deux entités. Le projet qu’elles menaient ensemble, R-Hynoca, devait à terme délivrer dans sa station strasbourgeoise de l’hydrogène décarboné.

La joint-venture R-Hynoca devait à terme délivrer de l’hydrogène vert à Strasbourg. Suite à sa séparation d’avec Haffner, R-GDS va devoir se tourner vers une nouvelle technologie pour faire fonctionner sa station — Photo : Pascale Schaeffer

Précurseur, le projet R-Hynoca l’était assurément. Alimenter une station de ravitaillement en hydrogène vert issu de la biomasse, le tout autour de 4 €/kg : en 2019, l’intention avait de quoi enthousiasmer. Portée sur les fonts baptismaux par R-GDS et Haffner Energy, l’ambition cochait effectivement toutes les cases de la décarbonation balbutiante, sur le papier du moins.

Le projet n’aura finalement pas franchi la phase de la démonstration. "Le contexte était très différent de ce que nous connaissons aujourd’hui", constate avec le recul Philippe Haffner, PDG de Haffner Energy basé à Vitry-le-François, dans la Marne (résultat net : -3,5 millions d'euros au 30 septembre 2023). "Il n’y avait pas encore de plan hydrogène 2030, c’était avant le conflit ukrainien, avant l’inflation notamment sur les métaux, c’était un autre contexte, une autre histoire". Philippe Haffner pointe le "changement de l’écosystème", un déploiement de l’hydrogène mobilité en dessous des attentes au profit de l’électrique notamment. Et une dette de plus de 4 millions d’euros sur la seconde phase du projet.

Repli sur le gaz renouvelable

Cinq ans plus tard, le démonstrateur s’apprête donc à quitter l’Eurométropole (il sera démonté en juillet 2024), Haffner Energy ayant choisi de développer sa technologie, en autofinancement, à proximité de son siège de Vitry-le-François.

"Aujourd’hui, l’hydrogène vert n’est envisageable, pour l’essentiel de la production, que pour l’industrie", estime Philippe Haffner. "D’une part, les contraintes de la décarbonation s’accélèrent et d’autre part, la maîtrise de la volatilité des coûts de l’énergie s’imposent aux industriels". Philippe Haffner a d’ailleurs fait ses comptes : "En termes de gaz renouvelable en remplacement du gaz naturel, nous sommes autour de 50 à 60 euros le mégawatt heure, c’est l’équivalent de moins de 2 € le kg d’hydrogène", pour un objectif autour de 4 € le kg en 2019 à Strasbourg.

Afin de sortir du projet R-Hynoca (dont il était actionnaire à hauteur de 15 %), Haffner versera un montant forfaitaire de 3 millions d’euros au titre de la compensation des commissions sur chiffre d’affaires.

Introduite en Bourse en février 2022, Haffner Energy a revu ses priorités de court et moyen terme. L’entreprise vitryate amorce ainsi désormais un virage décisif vers la livraison de solutions pour la production de gaz renouvelable à usage industriel, un pipeline en très forte croissance en 2023 (488 millions d’euros au 29 novembre 2023), et s’oriente aussi radicalement vers une offre en combustible durable à destination de l’aviation commerciale. Haffner Energy cible à horizon 2025 des unités de production de SAF (sustainable air travel) d’une capacité unitaire supérieure à 35 000 tonnes par an, en ligne avec les plans de décarbonation du secteur aérien.

Une giga factory de gaz et d’hydrogène renouvelables à Saint-Dizier

Haffner Energy a d’ailleurs annoncé avoir bouclé un premier tour du financement de sa future giga FactorHy à Saint-Dizier. Retenue dans le cadre de l’appel à projets "Première Usine" de Fance 2030 opéré par Bpifrance, elle bénéficiera d’un soutien de l’État et notamment de la Région Grand Est à hauteur de 5,9 millions d’euros sous forme de subventions et d’avances remboursables. Haffner entend boucler son tour de table au premier semestre 2024.

Tout juste mise en service, la station à hydrogène strasbourgeoise a fait une croix temporaire sur la livraison d’hydrogène décarboné. Alimentée à l’hydrogène en bouteille, la flotte du Parlement rode le dispositif. De son côté R-GDS déplore l’absence de maturité du marché mais l’affirme, elle fera le job : "Il faut bien que quelqu’un amorce la pompe", déclare ainsi Patricia Ott, directrice de la communication chez R-GDS. "Des pistes sont actuellement explorées pour trouver une alternative à cette technologie et une autre forme de production d’hydrogène décarboné", dit-elle.

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