La pompe est officiellement amorcée. R-GDS (la SEM est le premier distributeur de gaz naturel et de biométhane dans le Bas-Rhin) a inauguré le 12 mars sa station d’avitaillement en hydrogène de la Plaine des Bouchers à Strasbourg. En libre-service, la station installée par McPhy est actuellement rodée par la flotte du Parlement européen – une vingtaine de véhicules légers qui effectuent les rotations entre Strasbourg et Bruxelles.
700 kg d’hydrogène par jour
Elle est capable de délivrer 700 kg d’hydrogène par jour, "l’équivalent de la recharge quotidienne de 30 bus, 70 véhicules utilitaires ou 150 véhicules légers", explique R-GDS. Une borne haut débit a vocation à accueillir bus et poids lourds.
Un hydrogène vert issu de la biomasse ou de l’électrolyse toujours à l’étude
Initié en 2019 en collaboration avec le groupe de Vitry-le-François Haffner Energy, le projet R-Hynoca avait à l’origine pour ambition de délivrer à la pompe de l’hydrogène vert issu de la biomasse. Le partenariat s’était soldé en fin d’année dernière par une séparation et une révision des ambitions en raison d’une technologie et d’un marché immatures. R-GDS a néanmoins conservé son cap. L’hydrogène est aujourd’hui livré par trailers (camions) par le prestataire allemand Westfalen, en attendant, à un horizon plus lointain un service d’hydrogène décarboné.
"Nous avons franchi une première étape sur le procédé Hynoca avec le partenaire Haffner Energy qui a permis d’aller jusqu’au bout d’une première phase de développement. Nous restons attentifs à l’aboutissement de cette technologie intéressante, car on est sur l’usage de déchets de bois, mais nous étudions aussi la production d’hydrogène vert à partir de l’électrolyse. À condition d’alimenter l’électrolyseur avec de l’électricité renouvelable", précise Benoît Rinn, chargé du projet chez R-GDS. Tout dépendra du prix de production.
15 euros le kilo
Quant au prix à la pompe, celui-ci se situe dans l’immédiat à Strasbourg "dans la fourchette des prix du marché, autour de 15 euros le kilo pour 100 km, précise Benoît Rinn. Il n’y a pas aujourd’hui de tarification pleinement aboutie parce que c’est un marché émergent. Quand on regarde autour de nous, côté allemand on est à un peu plus de 15 euros. À Paris, on a vu une station à 18 euros, en Suisse on est à 19 ou 20 euros". L’autonomie affichée des véhicules légers pour les différents fabricants automobiles présentés allait de 500 à 800 km selon les modèles, pour un temps de charge annoncé à moins de 5 minutes.
4 millions d’euros investis
Alors que le maillage se déploie à une allure moins rapide (les stations les plus proches sont situées à Sarrebruck et Rastatt en Allemagne, bientôt Belfort et Luxembourg), cette 47e station inaugurée en Europe dans le cadre du Clean Hydrogen Partnership, qui a bénéficié d’un soutien financier européen à hauteur de 500 000 euros pour un investissement de 4 millions d’euros, doit maintenant amorcer le mouvement à l’échelle du territoire, espère la présidente de l’Eurométropole Pia Imbs. "Nous voulons montrer à toutes les entreprises de notre territoire qu’avec cette station d’avitaillement on peut se lancer dans l’hydrogène, particulièrement pour les poids lourds, les flottes de logistiques et à ce titre-là c’est une première qui doit donner envie d’innover", a souligné l’élue.
Un compresseur alsacien
La station a ainsi été inaugurée en présence d’acteurs locaux gestionnaires de parcs de véhicules. Quant aux bus strasbourgeois, R-GDS s’est dit prêt à les accueillir à bras ouverts.
La société alsacienne Efythec (une quinzaine de collaborateurs), start-up technologique incubée chez Semia, est impliquée dans l’étape suivante du projet. Elle livrera un compresseur d’hydrogène à effet thermochimique produit dans le nord du Bas-Rhin, à Haguenau, dès le mois d’avril. Pour son président, David Colomar, la filière se constitue : "Il y a plein de choses qui se passent dans l’hydrogène, c’est moins visible qu’avec la batterie mais en dix ans la flotte de véhicules concernés a été multipliée par 100, c’est colossal. L’avantage de l’hydrogène, c’est qu’elle est complémentaire à la batterie dans le sens où elle couvre tous les usages de la mobilité et notamment tout ce qui est mobilités lourdes".
