Innoplate inaugure son usine qui fabrique un des éléments clés des piles à hydrogène
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Innoplate inaugure son usine qui fabrique un des éléments clés des piles à hydrogène

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Joint-venture entre Symbio (Rhône) et l’équipementier allemand Schaeffler, Innoplate vient d’inaugurer son site de production de plaques bipolaires, un élément clé de la fabrication des piles à hydrogène. Implantée dans le nord de l’Alsace à Haguenau, elle espère en produire 50 millions d’exemplaires par an. L’investissement évalué à une centaine de millions d’euros devrait créer 120 emplois.

En 2030, Innoplate devrait employer 120 collaborateurs à Haguenau. Ils sont une cinquantaine aujourd’hui — Photo : Cyrille Fleckinger

Une anode et une cathode en inox. Elles ont la taille d’une feuille de format A5 et une épaisseur qui ne dépasse pas les 7 millimètres une fois assemblées. Les plaques bipolaires constituent l’élément clé de la fabrication des piles à hydrogène. Depuis le mois d’avril, quelques milliers ont été produits sur le tout nouveau site de production d’Innoplate, en Alsace. Il a été inauguré ce jeudi à Haguenau, dans le Bas-Rhin.

Implantée dans les locaux de Schaeffler (16,3 Md€ de CA en 2023 ; 83 000 salariés dans le monde dont 1 400 sur le site alsacien), la joint-venture franco-allemande créée en juin 2022 à parts égales par l’équipementier de Herzogenaurach (Bavière, Allemagne) et le fabricant de piles à combustible Symbio (Rhône) doit produire à horizon 2030 l’équivalent de 50 millions de plaques bipolaires.

"Une alternative à l’achat en Chine d’un équipement stratégique de la pile à combustible"

Pour Philippe Rosier, PDG de Symbio, il s’agit de sécuriser les approvisionnements de la nouvelle gigafactory de piles à combustible de Saint-Fons dans le Rhône : "Innoplate est le fruit d’une vision partagée entre les deux groupes pour une nouvelle solution de mobilité à côté de la solution électrique. Pour Symbio, c’était une alternative à l’achat en Chine d’un équipement stratégique de la pile à combustible et qui est désormais produit sur le sol européen. C’est un levier stratégique pour l’Europe et sa souveraineté".

Le PDG de Schaeffler AG Klaus Rosenfeld s’est félicité pour sa part de cette coopération franco-allemande et a réaffirmé l’engagement du groupe dans la mobilité décarbonée : "Nous sommes convaincus que l’hydrogène jouera un rôle fondamental dans la mobilité durable de demain en particulier dans le domaine des véhicules lourds. Les coûts de production restent malheureusement encore élevés mais ils baisseront quand nous passerons à une industrialisation à grande échelle".

Des piles à combustibles fabriquées dans le Rhône

Entrée en production au mois d’avril, Innoplate a recruté une quarantaine de collaborateurs et les premières plaques bipolaires alimentent depuis la première gigafactory française de piles à combustibles de Saint-Fons, dans la métropole de Lyon, tout juste inaugurée au mois de décembre et dans laquelle Symbio entend s’engager à hauteur d’un milliard d’euros. Symbio est elle-même une coentreprise, dont Michelin, Faurecia et Stellantis se partagent le capital à parts égales.

Une presse de 1 500 tonnes forme des plaques d’à peine 60 grammes — Photo : Cyrille Fleckinger

Avec le site alsacien d’Innoplate, c’est la chaîne de valeur de la mobilité hydrogène qui se met en place en un temps record : dès cette année, Symbio devrait ainsi sécuriser ses approvisionnements à hauteur d’un million de plaques bipolaires avant une progressive montée en puissance.

Des piles qui équiperont les utilitaires légers de Stellantis

Les piles à combustibles produites à Lyon équiperont dans un premier temps les véhicules utilitaires légers des différentes marques de son actionnaire : le Jumpy de Citroën, l’Expert de Peugeot, les VUL d’Opel et Fiat puis les trucks Dodge Ram de Stellantis sur le marché nord américain à horizon 2025. "Nous fournissons également les bus Safra et GCK pour le retrofit de bus urbain ainsi que Kawasaki pour son matériel de chantier", signale Maria Alcon Hidalgo, directrice de la communication de Symbio.

Schaeffler, qui a développé la technologie et le process au siège bavarois du groupe et dans son usine de Hombourg en Sarre, possède déjà de son côté une expertise sur la production d’hydrogène par électrolyse et absorbera à terme une partie de la production sans qu’une répartition n’ait été évoquée.

Un investissement de l’ordre de 100 millions d’euros

Schaeffler et Symbio, les coactionnaires d’Innoplate, devraient injecter "un montant de l’ordre de 100 millions d’euros" dans le site jusqu’à ce qu’il atteigne sa pleine capacité en 2030. L’État soutient le projet au travers du dispositif France 2030, à hauteur de 20 millions d’euros selon certaines sources, et la Région Grand Est jusqu’à un plafond de 4,5 millions d’euros sous forme de subventions et selon un calendrier progressif. "Notre région s’est engagée avec force dans la bataille de l’emploi, de la réindustrialisation et souhaite devenir une vitrine de la décarbonation", s’est félicité le vice-président de la Région Grand Est et maire de Haguenau Claude Sturni.

En 2030, Innoplate devrait employer 120 collaborateurs à Haguenau. Ils sont une cinquantaine aujourd’hui — Photo : Cyrille Fleckinger

L’avenir d’Innoplate est sous contrainte. "Deux éléments sont cruciaux : la vitesse de la mise en place du réseau de distribution d’hydrogène. Nous sommes actuellement dans la situation des voitures électriques il y a quinze ans", estime Alain Haag, codirecteur d’Innoplate, "le deuxième c’est À horizon 2030, Innoplate devrait employer 120 collaborateurs sur son site alsacien.

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