L’un des berceaux du paternalisme industriel annonce une innovation majeure en matière de politique RH. Le fabricant de pneus de Clermont-Ferrand annonce le déploiement du "salaire décent" à l’ensemble des 132 000 salariés qu’il emploie dans le monde. Le salaire décent ? Une notion définie dans le Pacte des Nation Unies : il s’agit d’une rémunération permettant à chaque salarié de subvenir aux besoins essentiels de sa famille (logement, transport, alimentation, frais de santé…), tout en lui permettant de se constituer une épargne de précaution et d’acheter des biens de consommation.
Le Smic n’est pas suffisant
Ce salaire est différent d’un pays à l’autre, et il existe même des divergences à l’intérieur d’un pays. Mais il peut être supérieur au niveau de rémunération minimum défini pas la loi. Ce qui amène le patron du groupe à jeter un pavé dans la mare : "Le salaire minimum en France n’est pas suffisant aux yeux de Michelin pour répondre à ce que nous estimons être un salaire décent", explique au Figaro Florent Menegaux, le président du groupe Michelin.
Selon le quotidien, le salaire décent d’un employé de Michelin s’établit à 39 638 euros bruts par an à Paris et à 25 356 euros à Clermont-Ferrand. Bien supérieur au Smic, aujourd’hui fixé à 21 203 euros bruts.
"Nous considérons, par exemple, que le salaire décent est de deux fois le Smic à Paris, et de +20 % du Smic à Clermont-Ferrand, au siège de Michelin", poursuit Florent Menegaux à nos confrères du Parisien.
En Chine, le groupe industriel propose à ses employés 69 312 yuans (8 989 euros). Aux États-Unis, en Caroline du Sud, le salaire s’élève à 42 235 dollars (39 644 euros).
Le fait que l’ensemble des salariés de Michelin reçoive un niveau de rémunération au moins supérieur du "salaire décent" est attesté par une certification octroyée en début d’année par l’ONG Fair Wage Network.
Programme de protection sociale
La mise en œuvre du salaire décent s’accompagne du déploiement, en cours au sein du groupe, de mesures de protection sociale. Parmi celles-ci : la mise en place d’un congé maternité d’au moins 14 semaines, d’un congé paternité de 4 semaines, d’une couverture santé ou encore d’un versement d’au moins un an de salaire à la famille d’un salarié décédé.
Le groupe auvergnat mise aussi sur la formation de ses salariés pour laquelle il annonce consacrer 240 millions d’euros par an. Il compte proposer les 55 000 modules de formations de son université d’entreprise à l’ensemble des salariés du groupe.
