L’hydrogène a le vent en poupe, et Fétis Group, une ETI nantaise, compte bien se tailler la part du lion dans ce marché émergent à très fort potentiel. En février, via sa filiale Secodi, l’industriel nantais spécialiste de la motorisation lourde, a présenté son démonstrateur Evol-E. Cet engin à quatre roues a nécessité "plusieurs centaines de milliers d’euros d’investissement", souligne Damien Fétis, président du groupe familial qui compte 28 filiales.
"C’est une plateforme technologique pour l’innovation et le développement collaboratif, un support pour notre R & D, nos clients et les filières de décarbonation", explique d’emblée David Péchereau, ingénieur et responsable du business décarbonation au sein de Secodi. L’engin ressemble à s’y méprendre à une machine qui pourrait être envoyée sur la Lune, mais servira plutôt de base pour construire des robots autonomes, des machines agricoles ou des engins de chantiers.
"L’objectif de ce prototype est de démontrer la pertinence de la solution hydrogène sur les motorisations lourdes, sur le marché de l’off-road, où les machines travaillent dans des conditions difficiles, explique David Péchereau, alors que c’est déjà admis sur le marché du bus ou des voitures. Evol-E lèvera les doutes."
Améliorer les performances des engins électriques
Fétis Group est en effet un équipementier longtemps connu pour intégrer des moteurs diesels sur des machines soumises à rudes épreuves (poussières, dévers, froid, chaleur, humidité, vibrations…), car vouées à sillonner les chantiers autoroutiers, les carrières, les champs, les fleuves ou la mer. Mais voilà un an, l’entreprise (570 salariés et 160 millions d’euros de chiffre d’affaires) a pris le virage de l’électrique et de l’hydrogène et souhaite proposer dans les mois qui viennent des solutions de motorisations décarbonées à ses clients, comme le groupe Manitou.
Les constructeurs de machines agricoles, de travaux publics ou de bateaux pourront bientôt profiter de cette innovation qui permet d’améliorer les performances des engins électriques. "Le concept d’Evol-E et qui sera appliqué aux futures machines consiste à ajouter à la batterie qui alimente le moteur une pile à hydrogène, précise Bruno Lescher, directeur de l’innovation et du développement de Fétis Group. La pile à hydrogène permet de multiplier par trois l’autonomie de la batterie." Le groupe Fétis s’occupe également de la partie logicielle embarquée. "C’est une brique technologique que l’on maîtrise et que l’on propose à nos clients", explique Evrard Fétis, vice-président du groupe.
Autre élément clé, le réservoir à hydrogène, en fibre de carbone, a été conçu par le Cetim, le centre technique des industries mécaniques, basé à Nantes. "Cet institut a un programme de développement de composants pour la filière hydrogène, pompes, valves ou réservoirs, note Bruno Lescher. Il souhaite rassembler ses activités hydrogène au sein du projet H-Meet, à Nantes, du côté de Cheviré." Par ailleurs, "la pile à combustible est fabriquée par notre partenaire de Lyon, Symbio, qui fournit les piles à combustibles au groupe Stellantis", précise Evrard Fétis.
Du côté du groupe, présent à l’export dans 7 pays, Damien Fétis reconnaît "être porté par la transition énergétique. Nous avons réalisé un très bel exercice de croissance en 2022, notamment du côté de la mobilité lourde et de l’énergie". Sur le terrain de l’emploi, le groupe a recruté "60 nouveaux salariés en 2022, rassemble aujourd’hui 570 collaborateurs et lance une cinquantaine de recrutements pour 2023, dont 10 à l’international."
