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Les expérimentations pour décarboner l’industrie grâce à l’hydrogène se poursuivent chez Smurfit Kappa
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Les expérimentations pour décarboner l’industrie grâce à l’hydrogène se poursuivent chez Smurfit Kappa

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Le site poitevin du papetier Smurfit Kappa abrite une turbine à gaz test, fonctionnant à l’hydrogène et intégrée à une unité de cogénération (produisant énergie et chaleur). Un projet porté par un consortium incluant Siemens et Engie. Déjà couronné de succès, le programme qui vise à décarboner les industries se poursuit avec un nouveau démonstrateur pour 10 millions d’euros d’investissement.

Le démonstrateur d’HyFlexPower a fait ses preuves sur le site de Smurfit Kappa à Saillat-sur-Vienne, situé dans le département de la Haute Vienne — Photo : Engie Solutions

La petite commune de Saillat-sur-Vienne attire bien plus de regards qu’il n’y paraît. C’est là, dans le département de la Haute-Vienne, sur un des sites du géant irlandais de la papeterie Smurfit Kappa (892 M€ de CA en France), qu’une première mondiale a été réalisée ces deux derniers étés. Avec le projet "HyFlexPower".

Porté par un consortium de trois industriels - Siemens Technology, le coordinateur du projet, Centrax et Engie Solutions - et par un panel d’universitaires et de centres de recherches, il consistait à expérimenter un démonstrateur de turbine à gaz alimentée à 100 % par de l’hydrogène, intégré à une unité de cogénération (qui produit énergie et chaleur). "Nous avons réussi à atteindre les objectifs qui nous étaient fixés. Nous avons fait fonctionner l’ensemble du démonstrateur en toute sécurité : une trentaine d’heures d’essai en mélange gaz et hydrogène et une dizaine d’heures à 100 % hydrogène durant les étés 2022 et 2023", confirme Gaël Carayon, chef de ce projet mené sur place depuis trois ans.

"Une première"

"C’est la première fois que l’intégralité des processus a été testée avec 100 % d’hydrogène à l’échelle industrielle à partir d’une turbine commerciale standard, sans dispositif additionnel de réduction d’émissions polluantes", détaille Gaël Carayon, également directeur de deux filiales d’Engie.

Sans attendre la remise des conclusions du programme à l’Union Européenne, prévue le 19 mars (un fonds européen a financé 70 % des 15,2 millions d’euros de budget), la poursuite des expérimentations a été annoncée avec la construction d’un autre démonstrateur : le projet HycoFlex.

10 millions d’euros supplémentaires

"Nous partons sur trois ans supplémentaires avec des tests qui auront lieu pendant les étés 2025 et 2026", indique Gaël Carayon. Coût global de cette deuxième phase : plus de 10 millions d’euros.

Il s’agira d’expérimenter le démarrage des turbines à l’hydrogène, résoudre des défis techniques liés aux risques d’extinction et de retour de flamme, et surtout de tester non seulement la production d’électricité à base d’hydrogène mais aussi la production de chaleur.

HycoFlex est piloté par quasiment le même consortium qu’HyFlexPower auquel d’autres industriels sont venus s’ajouter dont le groupe Smurfit Kappa qui, au vu du succès du premier programme, souhaite s’impliquer davantage dans l’expérimentation.

Engie Solutions est toujours de la partie. "Notre mission consiste à proposer des solutions pour convertir les parcs de turbine ou de cogénération existants à l’introduction progressive d’hydrogène dans les réseaux gaz", affirme Gaël Carayon. Siemens Technology pour sa part ambitionne de commercialiser des machines 100 % hydrogène à l’horizon 2030.

Pourquoi sur le site de Smurfit Kappa ?

Le site de Saillat a été retenu comme site pilote pour plusieurs raisons. D’une part parce qu’il était doté d’une unité de cogénération dernier cri, totalement rénovée par Engie en 2018. Ensuite parce que Smurfit Kappa a mis à la disposition du consortium un foncier qui a permis de construire le démonstrateur. Par ailleurs, la cogénération de l’unité viennoise ne fonctionnant que l’hiver, les tests ont pu être réalisés pendant l’été sans perturber le fonctionnement de la papeterie.

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