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Weecycling renforce ses capacités de recyclage des métaux critiques
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Weecycling renforce ses capacités de recyclage des métaux critiques

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Afin de multiplier jusqu’à 10 fois ses capacités de traitement des métaux critiques, Weecycling, spécialiste normand du recyclage, de l’économie circulaire et du traitement des métaux critiques, investit 20 millions d’euros dans la construction d’un nouveau bâtiment sur son site de Tourville-les-Ifs près de Fécamp.

Serge Kimbel, PDG de Weecycling, investit 20 millions d’euros sur son site fécampois pour augmenter sa capacité de transformation des métaux destinés à l’industrie — Photo : Sébastien Colle

C’est un investissement de 20 millions d’euros que Weecycling, spécialiste du traitement des déchets électroniques et électriques, s’apprête à réaliser sur son site de Tourville-les-Ifs à côté de Fécamp. Une démarche qui s’inscrit dans le cadre de l’appel à projets "Métaux critiques", un dispositif d’aide créé dans le cadre du plan d’investissement France 2030. "Nous allons bénéficier d’aides de l’État sous forme d’avances remboursables, et le reste de l’investissement sera réalisé en fonds propres", explique Serge Kimble, PDG fondateur de Weecycling (100 salariés / 35 M€ de CA). Objectif pour l’industriel, augmenter sa capacité de transformation des métaux destinés à l’industrie principalement pour les platinoïdes (famille de métaux comprenant notamment le paladium, le platine, ou encore le rhodium), l’argent, le cuivre et l’or, à partir de rebuts ou déchets contenant ces types de métaux. "Nous allons accroître notre capacité en matière de process de fusion, mais aussi pour la partie chimique du traitement en ce qui concerne la séparation des métaux", précise le PDG. Un projet d’importance également en terme d’emplois, puisqu’à terme, ce sont 80 nouveaux postes qui seront créés d’ici la fin des travaux en 2025.

Une demande en forte hausse

ST Microelectronics dans le domaine des semi-conducteurs, les laboratoires Servier pour l'industrie pharmaceutique, Saint Gobain dans le secteur du verre, ou encore l'aéronautique et l'industrie électrique… Les clients de Weecycling ont de plus en plus de besoins en métaux rares. L'investissement de Weecycling vise à répondre à cette demande croissante, en se dotant notamment des capacités à multiplier par dix la production de certains types de métaux comme les platinoïdes. "Car la demande explose. La ressource se raréfie et les sources d'approvisionnement se réduisent, notamment à cause de la guerre en Ukraine", souligne Serge Kimbel. En effet, 60 à 80 % des platinoïdes sont produits en Russie. "Les platinoïdes représentent de petits volumes mais sont très demandés par l'électronique, le luxe, ou encore l'industrie pharmaceutique", souligne le PDG de WeeeCycling. L'entreprise cherche aussi à élargir le spectre de ses clients en travaillant sur de nouveaux métaux comme le Tantale, un métal dur très résistant à la corrosion des acides, bon conducteur de la chaleur et de l'électricité, et utilisé dans la fabrication des smartphones, ordinateurs portables, caméras, et plus généralement dans les appareils électroniques de dernière génération. Il appartient à la liste des matières premières critiques, établie par l'Union Européenne et les États-Unis (également appelé minerai de conflit). "Notre investissement est en partie dû à la demande de nos clients mais aussi à la volonté de l'État d'avoir une capacité de résilience par rapport à ces métaux rares et précieux. De plus, dans la logique de faire venir des investissements industriels en France, le pays doit pouvoir garantir l'approvisionnement en matière première", souligne Serge Kimbel.

Un nouveau bâtiment de 10 000 m2

Afin de se donner les moyens d’augmenter ses capacités de production, le dirigeant de Weecycling va entamer la construction d’un nouveau bâtiment de 10 000 m2 sur son site de Tourville-les-Ifs. Une extension qui sera accolée à l’ancien site de production de la Bénédictine (groupe Bacardi), construit dans les années 70 (15 000 m² couverts sur un terrain de plusieurs hectares) et repris par Serge Kimbel en 2018 pour y installer le siège de sa première société, Morphosis (40 salariés / 12 M€ de CA), spécialiste du recyclage et de la valorisation des déchets d’équipements électriques et électroniques. Un site sur lequel s’est naturellement implantée Weecycling a sa fondation en 2019, par le dirigeant de Morphosis, qui dispose ainsi d’une chaîne complète pour le recyclage et le traitement des équipements et composants des secteurs de l’électricité et de l’électronique. Un site à fort potentiel d’agrandissement puisqu’il dispose au total d’une dizaine d’hectares et que l’entreprise n’en occupe, pour l’instant, qu’un hectare et demi. "Nous allons déposer les dossiers de demande d’autorisation pour le nouveau bâtiment et espérons lancer les travaux en 2023, pour pouvoir être opérationnels dès 2024", souhaite le dirigeant. Un investissement qui en appelle d’autres, assure le PDG de Weecycling : "Plusieurs projets vont sortir de terre dans les trois prochaines années", mais qui ne souhaite pour l’instant pas en dire plus…

Neutralité thermique

Dans la continuité de la logique d’économie circulaire mise en place entre ses sociétés de traitements et valorisation des métaux, le PDG de Weecycling souhaite un nouveau bâtiment vertueux, entre la circularité des métaux et celle des process, grâce à la récupération de chaleur fatale (ou chaleur de récupération). "L’idée est de capter puis transporter cette chaleur, qui serait perdue, pour favoriser son exploitation sous forme thermique, dans un objectif de rationalisation de l’utilisation de l’énergie. Avec à l’arrivée, l’objectif de ne pas consommer d’électricité. D’après nos projections, nous devrions être en mesure d’arriver à une neutralité thermique d’ici 2025, période qui correspondra à la fin de nos investissements".

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