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Le groupe Gismic absorbe trois sociétés pour asseoir sa position dans le nucléaire
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Le groupe Gismic absorbe trois sociétés pour asseoir sa position dans le nucléaire

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Opérant dans l’ingénierie industrielle et l’assistance technique pour le secteur de l’énergie, le groupe Gismic, basé à Ars-Laquenexy, à proximité de Metz, vient de boucler trois croissances externes en moins d’un an.

Au siège du groupe Gismic, à proximité de Metz, plusieurs centaines de personnes sont formées au contrôle des métaux chaque année — Photo : Jean-François Michel

Après Metalform en mars 2022, le groupe Gismic vient de prendre le contrôle de deux nouvelles sociétés : CESM Ingénierie et MR Training. Trois croissances externes en moins d’un an pour la PME lorraine basée à Ars-Laquenexy, à proximité de Metz, spécialisée dans l’ingénierie industrielle et l’assistance technique pour le secteur de l’énergie, qui n’ont pas calmé l’appétit de son PDG, Jean-Marc Chery, dont le groupe pèse 35 millions d’euros de chiffre d’affaires et emploie 350 salariés. "Il y a 2 ans, j’ai décidé d’octroyer un budget à la croissance externe, compris entre 3 et 4 millions d’euros", détaille le dirigeant messin. "Tout le budget n’a pas été consommé avec ces trois opérations, et nous avons d’autres cibles."

Du pétrole au nucléaire

Les acquisitions de Metalform (CA : 1M€ ; 5 salariés), à Guénange en Moselle, et de MR Training (CA : 700 000 € ; 5 salariés), à Sandouville en Seine-Maritime, vont permettre au groupe Gismic de consolider son pôle formation, qui assure notamment des formations dans le contrôle des matériaux, activité qui pèse à l’heure actuelle entre 7 et 8 % du chiffre d’affaires. Avec CESM Ingénierie (CA : 4,5 M€ ; 35 salariés), PME installée à Gonfreville-l’Orcher, en Seine-Maritime, Jean-Marc Chery va renforcer son expertise en assistance technique, dans le pétrole, la métallurgie ou encore le nucléaire, tout en élargissant le champ des activités, jusqu’ici totalement concentrées sur les métaux : "CESM fait aussi de la supervision de travaux, tout corps d’État, donc ils sont capables de faire du génie civil".

Porté jusqu’en 2015 par la dynamique de l’exploration pétrolière à l’échelle de la planète, le groupe Gismic réalise aujourd’hui 20 % de son chiffre d’affaires à l’international, grâce à quatre filiales, basées au Royaume-Uni, au Qatar, aux Émirats arabes unis et au Mozambique, et travaille avec les grands comptes du pétrole comme Total, Technip, Saipem ou encore Arkema. "En 2015, l’environnement économique autour du pétrole a totalement changé", rappelle le PDG de Gismic. "À l’époque, il y avait une multitude de projets de plusieurs milliards de dollars à l’international. Aujourd’hui, il y a peut-être un milliard de dollars de projets au total. Les groupes pétroliers ont changé de stratégie."

Le PDG du groupe Gismic, Jean-Marc Chery, veut conforter la position de son entreprise dans le Nord-Ouest, où sont programmés de futurs EPR — Photo : Jean-François Michel

Anticipant cette bascule, Jean-Marc Chery a su convaincre les grands acteurs du nucléaire, que sont EDF, Framatome ou encore Westinghouse aux États-Unis, et réalise aujourd’hui entre "60 et 70 % de l’activité du groupe dans le nucléaire". Amenées à intervenir sur les problèmes de corrosion découverts fin 2021, qui ont contraint EDF à arrêter des réacteurs nucléaires, les équipes du groupe Gismic ont formé au contrôle par ultrason les salariés appelés à traquer ces fissures. "Sur ce chantier, nous avons aussi des équipes d’analystes qui donnent leurs conclusions sur ce qui remonte des chantiers, et supervisent les travaux", détaille Jean-Marc Chery.

Pour le PDG du groupe Gismic, prendre position dans le Nord-Ouest, à proximité du premier EPR programmé, à Penly, en Seine-Maritime, représente une belle opportunité : "Il y a de gros projets d’investissement dans cette région. Nous sommes déjà présents, mais il faut l’être encore davantage. C’est tout l’intérêt de ces croissances externes : nous développons notre pôle formation, et nous amenons de nouvelles activités, qui vont intéresser forcément les gens de la région".

Au-delà de l’EPR de Penly et de celui de Flamanville, où le groupe Gismic compte une équipe d’une cinquantaine de personnes, Jean-Marc Chery songe déjà aux cinq autres EPR programmés. "Et ça ne suffira pas, il faudra certainement en mettre 14 en service", assure le chef d’entreprise, qui compte bien tirer profit de ce gigantesque chantier.

De la croissance et de la trésorerie

Une stratégie de développement ciblé sur le nucléaire qui porte déjà ses fruits : le groupe Gismic va boucler une "excellente" année 2022, avec une croissance proche "des deux chiffres", d’après le dirigeant : "Et il y a de fortes chances que 2023 se passe très bien aussi". Créé en 2008 par Jean-Marc Chery, toujours actionnaire majoritaire du groupe avec 70 % du capital, le reste étant détenu par le management, Gismic s’est développé en "distribuant très peu de dividendes" et en "faisant beaucoup de réserves", détaille Jean-Marc Chery : "Aujourd’hui, nous avons de la trésorerie et les banquiers nous financent pour de la croissance externe".

Pour réussir à suivre cette trajectoire de croissance, il faudra réussir à embarquer les meilleures compétences et les profils nécessaires à l’accompagnement des clients. "Chaque année depuis 4 ans, nous formons une dizaine de jeunes par an, pendant 4 mois, avec Pôle emploi et la région Grand Est", détaille Jean-Marc Chery, qui avoue des difficultés à recruter et compte actuellement plus de 20 postes ouverts. Après la formation, tous les jeunes formés sont embauchés : "On les embauche tous, parce que je sais que l’activité va suivre".

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