Moselle
BCL Invent : "Le soutien d’Orano permet de lancer notre poche de gel pour le perçage en milieu nucléaire"
Interview Moselle # Industrie # Innovation

Frédéric Bosler gérant de BCL Invent "Le soutien d’Orano permet de lancer notre poche de gel pour le perçage en milieu nucléaire"

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La société mosellane BCL Invent, basée à Saint-Jean-de-Kourtzerode (Moselle), va mettre sur le marché des poches de gel pour les opérations de perçage dans le milieu nucléaire. Un dispositif permettant de protéger les salariés de ce secteur lors de travaux.

Frédéric Bosler, 51 ans, a débuté sa carrière comme chirurgien orthopédique puis médecin vasculaire à Sarrebourg avant de créer son entreprise BCL Invent — Photo : Chrystelle Thévenot

BCL Invent (CA : 730 000 € ; 11 salariés) a été primé par le groupe nucléaire Orano (CA : 4 Md€) dans la catégorie RSE pour le projet de gel pour le perçage en milieu nucléaire. Est-ce un nouveau marché qui s’ouvre à vous ?

Reconnus dans le BTP, nous avons voulu pousser notre expérience industrielle dans le domaine nucléaire. Le groupe nucléaire Orano a récemment validé notre produit en le testant et a été primé en interne dans la catégorie RSE. C’est clairement une première porte d’entrée et un soutien pour nous accompagner dans la commercialisation de ce produit d’ici la fin d’année. Nous venons de concevoir un site de vente en ligne.

Quel est le produit que vous allez mettre sur ce marché ?

Nous élaborons des gels de captage à la source des particules fines et ultrafines. Ils répondent aux problèmes de dangerosité de l’absorption par le nez et les voies respiratoires d’une substance comme l’amiante, le plomb, la silice lors du perçage, burinage, vissage et dévissage, carottage, etc. Cette poche de gel répond à la problématique amiante en milieu nucléaire lors d'opération de perçage. Chaque mise sur le marché est longue puisqu'il faut un certain nombre de validation. Nous investissons essentiellement dans la recherche et le développement. Nous avons déjà déposé cinq brevets pour un montant de 120 000 euros.

Quel est le procédé de fabrication de ce gel ?

Cette recette est un secret de fabrication, même si nous n’avons pas de concurrent en France. Dans les grandes lignes, nous mélangeons de l’eau avec des polymères grade pharmaceutique. Par de subtils calculs chimiques, nous élaborons un gel. Nous le conditionnons sous forme de poche sur laquelle se trouve un bouchon permettant l’entrée d’un foret. La poussière émise lors du percement est récupérée dans la poche. Pour l’environnement nucléaire, lors du perçage, la poche se durcit au contact de la poussière pour former un bloc homogène puis sera traitée comme un déchet nucléaire.

Avez-vous prévu d’aménager votre usine de production ?

Nous avons investi un million d’euros entre 2018 et 2019 pour regrouper la fabrication, le stockage et notre service recherche et développement sur un même site (980m²). La ligne de production est semi industrielle et la superficie de notre atelier de fabrication permet de répondre à la demande future de nos clients. À ce jour, nous avons un stock de sécurité qui nous permet de limiter l’incidence des pénuries de matières premières. Nous continuerons d’investir pour conquérir de nouveaux marchés tels que le secteur du nucléaire.

La poche de gel pour le BTP est-elle votre produit phare ?

Le cancer lié à l’amiante est la première cause de cancer professionnel en France avec près de 700 décès par an. En tant que médecin, je me devais de faire quelque chose. Pour permettre aux professionnels du bâtiment de travailler en se protégeant des fibres d’amiante, j’ai imaginé une poche de percement qui empêche la dissémination lors des travaux d’entretien. 10 000 produits destinés à des entreprises du BTP sortent de notre usine tous les mois, et 1 000 pour le perçage des canalisations pour des sociétés spécialisées. Nous continuons à investir pour optimiser la chaîne de production pour répondre à la demande suite au durcissement de la réglementation sur la silice cristalline (1er janvier 2021).

Vous êtes médecin, pourquoi s’être lancé dans l’entrepreneuriat ?

En 2002, en tant que médecin vasculaire, j’ai observé une gêne liée au flacon de gel échographique, tant pour les praticiens que pour les patients (manipulation du flacon, perte de temps à l’application, perte d’images, quantité excessive ou insuffisante de gel, hygiène). Je souhaitais trouver une solution à ce problème qui générait également des troubles musculo- squelettiques. En 2006, deux ingénieurs biomédicaux m’ont rejoint, pour concevoir un dispositif médical breveté. C’est ainsi que "l'Echo Révolution One" est né : un distributeur de gel échographique. Du fait, de notre expertise en tant que fabricant de gel, en 2014 nous avons été contacté par le bailleur social ADOMA pour développer une solution sécurisée et réglementaire pour ses opérateurs de maintenance. Cette nouvelle solution appelée communément la poche de percement est le premier produit de la gamme de solutions anti-poussières EasyGel Protect.

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