Crise de l’énergie : pour les entreprises, la hausse des prix de l’électricité pourrait quadrupler en 2023
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Crise de l’énergie : pour les entreprises, la hausse des prix de l’électricité pourrait quadrupler en 2023

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Les entreprises vont devoir remettre la main profondément à la poche pour payer leur électricité. La hausse des prix, envisagée par les fournisseurs pour 2023, s’annonce quatre fois plus forte que l’an dernier, selon l’Insee.

Selon l’Insee, les entreprises devraient connaître, en 2023, une hausse moyenne du prix de l’électricité de 84 % (hors aides de l’État) — Photo : Matthieu Louis

Non, la flambée des factures d’électricité dans les entreprises n’est pas une légende. L’Insee vient de mettre des chiffres sur leurs maux, et sur ce choc, apparu dès 2021, mais qui s’est développé en 2022 et va s’amplifier en 2023. Car la note s’annonce salée : hors aides de l’État, les prix de vente, payés par les professionnels pour cette énergie, vont exploser, en moyenne, de 84 % cette année, après avoir déjà grimpé de 21 % en 2022, selon les estimations de l’institut.

Pour arriver à ces résultats, l’Insee a, d’une part, étudié les prix à la production de l’an dernier et, d’autre part, interrogé les fournisseurs d’électricité, en décembre, sur leurs prévisions 2023. Les augmentations observées sont donc loin des multiples annoncées çà et là par les entreprises elles-mêmes, mais il ne s’agit bien, ici, que de moyennes, qui plus est atténuées par un lissage dans le temps de certains effets haussiers ou baissiers.

Ainsi, par exemple, le relèvement de l’Arenh (le quota d’énergie nucléaire vendue à prix cassés) a pris la forme de remboursements portés sur les factures des entreprises tout au long de l’année dernière. À l’inverse, à l’automne, les tarifs de gros sur les marchés sont restés élevés, car gonflés a posteriori par les contrats à terme souscrits à l’été, au pic de la flambée.

L’industrie et l’agriculture souffrent le plus de la flambée des prix

L’étude n’en souligne pas moins la grande disparité des situations face à cette crise énergétique. Les plus exposés sont ainsi les plus gourmands. C’est-à-dire les entreprises avec un contrat haute tension, d’une puissance supérieure à 250 kilovoltampères (kVA). Elles représentent, à elles seules, les deux tiers de la consommation d’électricité en 2022. Et elles vont la payer au prix fort en 2023 : leurs factures devraient tout simplement doubler, après avoir déjà augmenté plus vite que la moyenne l’an dernier. Et pour cause : leurs tarifs sont "davantage soumis aux prix de marché au comptant", explique l’Insee.

Ces grands perdants se retrouvent principalement dans les "secteurs marchands de l’agriculture et de l’industrie". Pour eux, la note devrait ainsi bondir de 92 % (après +30 % en 2022). Soit une multiplication par 2,5 du prix du mégawattheure (MWh) en vingt-quatre mois. Cela dit, la palme de la plus forte progression annuelle reviendrait aux services marchands : +168 %, rien qu’en 2023.

Sans surprise, en revanche, les plus à l’abri de ce boom électrique sont les contrats basse tension de moins de 36 kVA - eux sont protégés, au moins en partie, et de manière automatique s’ils sont au tarif réglementé, par le "bouclier tarifaire". D’où des augmentations nettement plus modérées (+7 % en 2022, +38 % en 2023).

L’impact des aides publiques sur les factures reste incertain

Au final, le mégawattheure devrait ainsi coûter 225 euros, en moyenne, cette année, avec une fourchette oscillant entre 199 €, pour l’industrie et l’agriculture, et 256 €, pour les services marchands. Précision importante : ces prix TTC (mais hors TVA) ne prennent en compte ni les éventuels gestes commerciaux accordés par les fournisseurs, ni les mesures de soutien public déjà connues ("amortisseur électricité", guichet énergivore, prix garantis pour les TPE) ou à venir.

L’institut statistique se garde d’ailleurs bien d’évaluer l’effet des différentes aides de l’État sur les dépenses des entreprises. Pour en avoir une idée, il faut s’en remettre aux annonces du ministère de l’Économie. Mi-janvier, Bercy promettait ainsi un rabais de 15 à 25 % des factures des PME avec l’amortisseur, et jusqu’à -40 % s'il est couplé avec le guichet. À condition, évidemment, de se retrouver dans tous les dispositifs annoncés depuis l’automne, de rentrer effectivement dans leurs critères d’éligibilité et de ne pas oublier de remplir les documents associés.

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