Le distributeur de boissons Cozigou va se lancer à partir du mois de septembre dans la distribution de boissons aux particuliers. L’entreprise, basée à Plouisy, qui réalisait jusqu’alors 100 % de son activité auprès des professionnels, va dans un premier temps proposer son nouveau service sur le territoire breton et pour les produits aux contenants consignés, qui représentent 250 des 5 000 références travaillées par la PME.
Dans un deuxième temps, l’initiative - dont le nom n’est pas encore tranché - sera étendue à un secteur géographique plus important et à la gamme plus large des autres boissons à impact environnemental, soit les produits bios et locaux.
La signature RSE de ce service, qui sera disponible sur application et sur un site dédié, est déterminante. "Nous nous sommes toujours battus pour les consignes, alors que ça représente une vraie contrainte. Il faut multiplier la surface d’entrepôts par deux pour stocker les emballages vides", explique Antoine Cozigou, troisième génération à la tête de l’entreprise créée en 1960. "Il y a une vraie logique de réduction des déchets avec le réemploi des consignes. L’offre de livraison se fera à domicile et sur le lieu de travail. Il n’y aura pas de livraison en une heure mais en 24, 48 ou 72 heures, afin d’avoir de la visibilité pour les optimiser et qu’elles aient le moins d’impact possible." Une vingtaine de chauffeurs livreurs sont en cours de recrutement, plus une quarantaine de saisonniers. L’effectif se monte au total à 600 collaborateurs permanents.
Une charte des achats responsables
Ces dernières années, Cozigou multiplie les efforts dans ce domaine environnemental et sociétal pour "donner encore plus de sens" à son activité principale de distribution de boissons (75 % du chiffre d’affaires), mais aussi à ses relais de croissance tels que la production de boissons (cafés, bières et spiritueux). "Le confinement nous a fait gagner cinq ans dans la recherche de sens", soutient le chef d’entreprise. Dans le domaine de la consigne, Cozigou accompagne les acteurs locaux qui souhaitent développer la pratique. Parallèlement, en 2021, la société a ouvert un centre technique régional de 1 200 m² à Saint-Agathon pour reconditionner les équipements professionnels comme les machines à café ou tireuses à bière. L’investissement d’un million d’euros, qui génère deux millions d’euros de chiffre d’affaires, permet de remettre dans le circuit l’équivalent de 30 % des achats annuels de la société. Une charte des achats responsables pour, là aussi, accompagner les industriels est en cours de rédaction et devrait sortir en septembre. "On se tire une balle dans le pied parfois, mais c’est notre volonté de réfléchir à limiter les emballages et les déchets."
Limiter les distances de livraison
Toujours dans le domaine des investissements, un quatorzième site de distribution en Bretagne verra le jour fin avril à Arzal, dans le Morbihan, pour compléter le maillage régional et, entre autres, limiter les distances de livraison. L’investissement se monte à 1,5 million d’euros et le site emploiera huit personnes dans un premier temps, jusqu’à 20 potentiellement. La PME costarmoricaine a également pour projet de construire une plateforme logistique de 10 000 m², dans un lieu encore à déterminer entre Guingamp et Saint-Brieuc. "Cette implantation va nous permettre de moins faire rouler nos camions et de mieux gérer les flux internes", explique le président. Dans cet entrepôt - dont le coût reste secret - passeront les produits à faible rotation, ainsi que les flux concernant les activités brassicoles et de torréfaction de Cozigou : les emballages secs et les produits finis provenant de ses trois brasseries, les costarmoricaines Brasserie Philomenn, acquise fin 2021 et la brûlerie du Ménez-Bré rachetée en 2022, et les Brasseurs de Vigneux-de-Bretagne (Loire-Atlantique) ; et les cafés verts et torréfiés de ses quatre sites de torréfaction ; Cafés Coïc (Finistère), Cafés Villeret (Loire-Atlantique), Brûlerie fougeraise (Ille-et-Vilaine) et, toujours, la Brûlerie du Ménez-Bré. Quatre acquisitions qui vont permettre à Cozigou de mener à bien son ambition de créer un leader régional du café breton, autour des Cafés Coïc, rachetés en 2017, qui comptent 49 salariés (63 au total pour l’activité torréfaction de Cozigou) et ont réalisé un chiffre d'affaires de huit millions d'euros en 2021.
Une trentaine de marques
Cozigou possède en portefeuille une trentaine de marques qui viennent en complément d’offres et représentent de 8 à 10 % du chiffre d’affaires de l’entreprise. Parmi elles, Epic Spirit, qui commercialise des spiritueux, ou La Consignature, qui propose des vins bios embouteillés dans les Côtes-d’Armor. Cette dernière, lancée fin 2019, synthétise la démarche environnementale de l’entreprise pour Antoine Cozigou, dont le frère, Édouard, s’occupe plus particulièrement de l’activité torréfaction. "Les vins arrivent en conditionnement grand format, sont embouteillés dans des bouteilles consignées, l’étiquette est biodégradable et le bouchon est fait de liège de récupération", souligne-t-il. La PME basée à Plouisy est également en "relations commerciales très fortes" depuis mars avec Ty Jus (basée en Ille-et-Vilaine), qui commercialise sous la marque Recolt des jus de pomme bios et sourcés en Bretagne.
Intégration digitale
"Pendant les confinements, on n’a pas travaillé mais on a travaillé", sourit Antoine Cozigou. Outre l’intégration de nouveaux produits, notamment dans les bières et les spiritueux, le recrutement de nouveaux clients et les opérations de croissance externe dans les domaines des brûleries et brasseries, Cozigou a développé son partenariat avec le groupe Hadès-Soredis (basé à Reims dans la Marne, 230 salariés). La co-entreprise à 50/50 possède des sites de distribution dans la région parisienne (Au Bourget, ouvert en mars 2020), en Savoie (quatre sites) et dans la Région Paca (Marseille et Aix-en-Provence, ouvert en mars 2022). Le tout a généré un chiffre d’affaires de 45 millions d’euros. Cette participation, ainsi que les activités distribution, production et torréfaction de Cozigou, sont regroupées au sein de la holding CSP, basée également à Plouisy.
Avec sa structure d’investissement Pulp Connection, Cozigou développe également son business en prenant des participations et en accompagnant des start-up qui apportent des évolutions dans le marché "traditionnel" des Cafés Hôtels Restaurants, notamment dans le domaine de l’intégration digitale. "Nous avons mené quatre opérations depuis un an et demi, pour plusieurs centaines de milliers d’euros d’investissement", précise Antoine Cozigou. "Avec ces nouveaux services, nous modernisons notre offre."
Optimisme
L'heure est donc à l'optimisme pour Cozigou. "Ce mois de mars marque le premier mois sans contrainte sanitaire depuis deux ans. Rien que le port du masque ou le pass sanitaire, c'est une baisse de 15 à 20 % de notre activité", confie Antoine Cozigou, président depuis 2021 de la société créée par son grand-père, Raymond, en 1960. La Covid a pesé sur le chiffre d'affaires, passé de 160 millions d'euros en 2019 à autour de 150 millions en 2021 pour l'ensemble des activités et participations de Cozigou, réunies au sein de la holding CSP. Mais les signes sont au beau fixe et l'activité devrait générer en 2022 un chiffre d'affaires de 210 millions d'euros.
Les "ventes privées" (opération à destination des professionnels initiée en 2017 qui peut représenter 5 % du chiffre d'affaires de l'année), qui ont eu lieu fin mars, ont été particulièrement réussies, avec plus de 800 clients, 2 300 personnes au total et 120 fournisseurs exposants présents au stade du Roudourou, à Guingamp Un chapiteau de cirque avait été monté pour doubler la surface d'accueil et participer à l'animation de l'événement, baptisé Cozigou Circus.
"Le lien social manquait terriblement, les clients avaient besoin de revenir pour matérialiser la fin des contraintes sanitaires et acheter dans de bonnes conditions pour la mise en place estivale." L'occasion également de découvrir les nouveautés élaborées ou sorties au plus fort de la crise sanitaire. "Rien qu'entre juin 2019 et juin 2020, nous avons entré plus de 600 nouvelles références", souligne le Costarmoricain. Des références qui se montent au total à 5 000. Autre souffle positif, le retour des festivals, qui pèsent 10 % du chiffre d'affaires en été.
Reste une ombre principale au tableau : l'augmentation des matières premières et de l'énergie pèse sur les marges. "Les négociations ont été difficiles avec les fournisseurs. Nous n'avions pas augmenté nos prix en 2021, on ne répercutera qu'une partie de la hausse en 2022."
