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Un investissement de 37 millions d'euros pour une chaudière biomasse chez Solvay
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Un investissement de 37 millions d'euros pour une chaudière biomasse chez Solvay

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À Saint-Fons, l’usine Solvay va installer une chaudière biomasse opérée par Dalkia, qui substituera, à hauteur de 50 %, des déchets de bois à du gaz naturel. L’investissement se monte à 37 millions d’euros, dont 12,9 millions apportés par l’Ademe.

La chaudière biomasse mise en œuvre par Dalkia pour le compte de Solvay permettrait un gain d’émissions directes de 41 000 tonnes de CO² par an par rapport à l’utilisation de gaz naturel — Photo : Solvay

Le projet, à l’étude et mis en œuvre à petite échelle n’attend plus que les autorisations administratives pour voir le jour. D’ici 2023-2024, l’usine Solvay, implantée à Saint-Fons depuis 150 ans (300 salariés) et servant principalement les industriels de l’agroalimentaire, la parfumerie et autres industries pharmaceutiques, va substituer 57 % de gaz naturel par du bois déchets, également appelé bois B. Pour ce faire, Solvay, dont le siège se trouve en Belgique (23 000 salariés dans le monde, 8,9 milliards d’euros de chiffre d’affaires), fait appel à Dalkia (groupe EDF) et mettra à sa disposition une partie de ses terrains pour installer une chaudière biomasse. Celle-ci produira, pour le compte de Solvay, la vapeur nécessaire aux process de production de l’usine, connue pour fabriquer l’arôme "Rhovanil vanilline" employé par exemple dans le chocolat. Ensemble, les groupes investissent 37 millions d’euros dans la construction de cet outil.

Solvay et Dalkia ont répondu à un appel à projets dans le cadre de France Relance visant à soutenir l’investissement des industries dans des installations biomasse afin de remplacer l’usage des énergies fossiles par des énergies renouvelables. Dans ce cadre, cette future chaudière a obtenu une subvention de l’Agence de la transition écologique (Ademe) de "12,9 millions d’euros au printemps dernier", indique Jérôme d’Assigny, directeur régional de l’Agence de la transition énergétique.

Comparativement à l’actuel mode de chauffage de l’eau générant de la vapeur, cette chaudière biomasse d’une puissance de 33 MW permettrait un gain d’émissions directes de 41 000 tonnes de CO² par an par rapport à l’utilisation de gaz naturel, soit l’équivalent de l’émission en CO² d'une commune de 5 000 habitants.

Nouvelle filière de valorisation

Ce projet devrait aussi favoriser l’émergence d’un nouveau secteur d’activité. Solvay souligne ainsi dans un document de travail le manque de maturité de la filière de commercialisation du bois B qui, en France reste très en retrait par rapport à nos voisins anglais ou allemands. Environ 20 % du bois B n’est pas valorisé "dans des conditions techniques et économiques acceptables et traités en enfouissement" dixit Solvay, qui met en avant la nécessité de créer une "nouvelle filière locale d’approvisionnement pour alimenter la future chaufferie".

Et pour cause : selon les projections des industriels, la chaudière devra être alimentée par 60 000 tonnes de bois B par an, soit la rotation d’une dizaine de camions par jour. La sécurisation de la filière d’approvisionnement est une condition indispensable à la réussite du projet.

Concernant la rentabilité économique de cet investissement XXL, celle-ci ne sera obtenue qu’après plus de 10 ans d’utilisation selon un document interne. Mais Solvay y voit des intérêts plus directs. D’abord le site bascule vers une énergie "durablement compétitive". Surtout, le site préserve ses parts de marché, en répondant aux exigences de ses principaux clients engagés dans des démarches de réduction de leurs émissions. "Le bilan carbone est extrêmement amélioré par des chaudières biomasse, confirme Jérôme d’Assigny, et cette amélioration répond aux politiques d’achat des clients, qui demandent de plus en plus à consulter les bilans environnementaux des industriels".

Si la chaudière voit le jour, ce modèle pourrait être déployé sur d’autres sites du géant belge en France. Une étude est d’ailleurs en cours pour le site de Clamecy dans la Nièvre (Bourgogne Franche-Comté) avec une réduction des émissions de CO² de 10 000 tonnes par an.

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